Bloody Mallory : Les démons n’ont qu’à bien se tenir

La nuit de ses noces, Mallory découvre non sans horreur qu'elle a épousé un démon. Elle le tue aussitôt d'un coup de hache et décide de consacrer sa vie à la lutte contre les monstres. Quelques années plus tard, la voici à la tête d'un gang anti-paranormal composé de Vena Cava, une drag-queen experte en explosifs, de Talking Tina, une petite fille télépathe, ainsi que Durant, un agent. Mallory doit enquêter sur l'enlèvement du Pape par une étrange créature, dirigeant une secte de démons. Le Vatican n'approuve guère ses méthodes, mais Mallory est la seule à pouvoir retrouver le Saint-Père dans les prochaines vingt-quatre heures, avant que les médias ne s'emparent de l'affaire. 

En 2002 après Jésus-Christ, toutes les productions françaises se sont inclinées face aux canons de la comédie française pas toujours drôle. Toutes ? Non ! Quelque part chez Fidélité film, Marc MISSONNIER et Olivier DELBOSC vont se sentir inspiré par le succès de Scream de Wes CRAVEN, et lancent une vague de film de genre à la française. C’est dans ce contexte que sera créé le label Bee Movie, ainsi que cinq films à la qualité… aléatoire. Malgré tout, c’est grâce à ce label que l’on peut aujourd’hui profiter de Bloody Mallory de Julien MAGNAT, un chef-d’œuvre généreux et joyeusement stupide.


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Bloody Mallory, un film de Julien Magnat

Un récit bouleversant, riche en émotion

Dès la lecture du synopsis non exhaustif, on peut tout de suite prendre l’ampleur des ambitions scénaristiques. C’est un univers fantastique riche et unique en son genre qui s’ouvre à nous. A bord d’un corbillard décapotable, l’agent Mallory voyage dans un monde mené à sa perte. Plus qu’une lutte contre la fin de l’humanité, provoqué par une secte démoniaque dirigée par l’ange exterminateur, c’est un voyage introspectif qui attend Mallory.

Traumatisée après avoir tué son mari qui se révélera être un démon, elle devra retrouver la foi en l’humanité et en l’église. Elle devra passer outre ses préjugés sur les ecclésiastes, à l’image des nonnes qu’elle considère “assez conne pour se laisser piéger par des goules”, et accepter la venue d’un homme d’Église dans son équipe. C’est en affrontant une femme vampire décapitée sous la Révolution française, ainsi qu’un succube, qu’elle pourra espérer sauver le pape, et se sauver elle-même. Tout un programme !

Bloody Mallory
Adria Collado (Père Carras), Olivia Bonamy (Bloody Mallory), Bloody Mallory

Moitié sacré, moitié démon

On peut voir en Bloody Mallory une critique du catholicisme, ainsi qu’une ode à la marginalité. Le film déconstruit l’image du pape, envoyé de dieux, qui se révèle très fermé d’esprit à l’idée d’être sauvé par une “créature transsexuelle”. L’institution se confronte alors à ses contradictions lorsque Vena Cava lui fera remarquer “C’est vous qui vous promenez en robe blanche, mother superior !”. On comprend alors que Bloody Mallory met tout le monde sur un même pied d’égalité.

Du cinéphile aguerri au néophyte hésitant, aucun n’est privilégié par rapport à un autre. Il est question de reconnecter le spectateur à la réalité, et c’est un thème universel. À travers des détails subtils comme un article de presse décrivant comme “Insolite” la disparition d’un village ainsi que ses 5000 habitants, le film portrait un monde incapable de survivre sans l’aide de héros. Se tournant d’abord vers le christianisme, le monde doit apprendre à faire confiance à des personnes marginales pour enfin prendre son indépendance. Dans ces circonstances, ni l’armée, ni les services secrets ne pourront mieux secourir l’humanité que Mallory et ses acolytes.

Bloody Mallory
Bloody Mallory, un film de Julien Magnat

Les conventions ? Fuck it !

Écriture hors norme, réalisation hors norme. Finis les plans terne et triste des films d’actions modernes à la The Dark Knight ou du récent The Batman. Bloody Mallory fait place à la couleur avec un étalonnage qui mettra à rude épreuve les capacités de votre téléviseur. Aucune couleur ou presque ne manque à l’appel, et rien n’empêchera la réalisation d’en saturer aucune d’entre elles. Malgré l’univers démoniaque et cauchemardesque, c’est bel et bien la vie qui est mise à l’honneur.

Toujours à la pointe de la modernité, la direction artistique s’inspire grandement des shōnens, du jeu vidéo ou du film de science-fiction. Un vent nouveau souffle sur le cinéma d’action. Le film acquiert des visuels uniques et intemporels. Nous trouvons des références à Dragon Ball Z ainsi qu’à Silent Hill, Mortal Kombat, Alien, Indiana Jones, ou encore Buffy contre les vampires. Cependant, malgré ses diverses références, le film n’oublie pas ses origines franco-françaises, et propose de nombreux hommages à la France. Qu’elles soient discrètes, comme le style de combat des membres de la secte tout droit inspiré du ballet de Paris, ou encore plus évidente avec la scène finale sur la place du Trocadéro, les références à notre patrimoine répondent bien présentes, et sont traités avec le plus grand des respects.

Bloody Mallory fait partie de ces films qu’il faut voir au moins une fois pour y croire. L’alignement des astres n’aura jamais été aussi parfait. Plus qu’un exploit individuel, c’est une performance collective qui se doit d’être savourée collectivement. Un chef-d’œuvre déjanté 5 étoiles à savourer entre ami et sans retenue. Avec Bloody Mallory, nous réapprenons à découvrir le Cinéma.

TITRE ORIGINAL : Bloody Mallory
GENRE : Fantastique, Action
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h34
PAYS : France
DATE DE SORTIE FR : 17 juillet 2002
RÉALISATION : Julien Magnat
AVEC : Olivia Bonamy, Adrià Collado, Jeffrey Ribier
PRODUCTION : Fidélité Production, Canal+
DISTRIBUTEUR FR : Aventi Distribution

Konata Nekoyama aime

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