Vera : La réelle fausse vie d’artiste

Vera, actrice blonde platine au chapeau de cowboy vissé sur la tête, mène difficilement sa carrière dans l’ombre de son père, Giuliano Gemma, icône du cinéma italien des années 60. Elle vit au jour le jour dans le petit monde du showbiz, lassée de ses relations superficielles. À la suite d’un accident de la route dans un quartier populaire de Rome, Vera rencontre un jeune garçon de huit ans et son père. Elle tisse une relation intense avec eux, découvre alors la vraie vie, et peut-être même une nouvelle famille. 

La Mostra de Venise est l’occasion de découvrir le futur du cinéma mondial. Elle est, avec le festival de Cannes, l’un des plus grands festivals de cinéma au monde. Tout comme son voisin français avec la sélection officielle et la compétition Un Certain Regard, la Mostra de Venise a deux compétitions : Officielle (réunissant les meilleurs films du festival) et Orizzonti (réunissant les pépites des jeunes réalisateurs). C’est dans cette dernière compétition, plus avant-gardiste, que l’on a pu découvrir Vera de Tizza COVI et Rainer FRIMMEL.

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Le film a fait sensation en remportant les prix de la meilleure réalisation et de l’interprétation féminine pour Vera GEMMA. Le film est une expérience artistique et sociale aussi surprenante que déroutante.

UNE VIE ENTRE FICTION ET RÉALITÉ

Vera GEMMA joue son propre rôle. Elle évoque sa propre vie, ses craintes en tant qu’enfant star perdue dans un système qui la dépasse, ainsi que son mal-être face au temps qui coule inlassablement sans lui laisser la possibilité de trouver une stabilité. Ne vous méprenez pas, ce film n’est pas un documentaire. Vera GEMMA a beau jouer son propre rôle, tout ce qui est filmé n’est que fiction… Ou presque. En effet, on sent beaucoup d’improvisation et de lâcher-prise, ce qui permet à l’actrice de s’exprimer librement malgré le scénario de fiction.

L’actrice accepte volontiers de déconstruire son image pour tenir un propos sur le système cinématographique italien qui ne laisse aucune chance aux laissés pour compte. Tout comme Vera devra abandonner ses privilèges d’enfant star, le spectateur est amené à quitter le cadre rassurant des plateaux de tournage pour un décor au plus proche du réel. À travers Vera, c’est tout un pan de l’industrie cinématographique qui est mis en avant.

RECOLLER LES MORCEAUX D’UNE ITALIE FRACTURÉE

Il n’est pas tant question de mettre en avant une actrice dans la galère, que de parler d’une Italie malade et divisée. Si Vera se centre autour de son actrice principale, le film ne participe pas à une glorification, ni même à une critique de cette dernière. Il est l’heure du bilan et de se poser pour pleinement découvrir la réalité du monde dans lequel elle vit. Sa rencontre avec un mécanicien des plateaux de tournage italiens lui permet de prendre conscience de la valeur des choses. Il est accro aux jeux d’argent, a une dent contre les riches, et devra lui aussi apprendre à écouter. L’évolution vers une meilleure situation se fera dans les deux sens, car les deux personnages partagent le même mal-être qui les déconnecte de la réalité. Il faut apprendre à s’ouvrir au monde pour mieux en apprécier toute la richesse.

Vera est une expérience enrichissante et surprenante, mêlant habilement le vrai et le faux, qui questionne notre rapport au divertissement et à la réalité. Vera Gemma y trouve un rôle taillé sur mesure, qu’elle endosse avec beaucoup de poésie et de sincérité, sublimant un film fort et envoûtant.