Le monde est à eux : La mission réconciliation

C’est l’histoire d’une classe d'un lycée de banlieue qui propose une méthode pédagogique collective. Basée sur une alliance entre les élèves, leurs parents et les professeurs, elle affiche 100% de réussite au baccalauréat depuis cinq ans. Tourné par les élèves et leurs deux professeurs principaux, Jérémie Fontanieu et David Benoît durant une année scolaire, le film suit ce parcours d’équipe inspirant qui leur permet de découvrir leur potentiel et de s'ouvrir de nouveaux horizons. 

Jérémie Fontanieu est un enseignant en SES dans un lycée expérimentant la mission réconciliation. Dans son livre « L’école de la réconciliation », Jérémie Fontanieu décrit la méthode qu’il a développée dans ses classes de Drancy pour tirer ses élèves vers le haut. Avec Le monde est à eux, il réalise son premier documentaire, en collaboration avec ses élèves de terminale de la promotion 2019-2020, afin de mieux expliquer sa méthode.

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Réconcilier les élèves avec l’école

Plus qu’une méthode à l’objectif 100% au bac, c’est une expérience sociale qui nous est offerte. Pendant une année, les élèves en décrochage scolaire sont amenés à voir leurs habitudes changer pour leur permettre de réussir. Sauf exception, on ne voit aucunement l’enseignant se battre contre ses élèves. Comme expliqué dans le documentaire, tout est une question de confiance et d’écoute, que ce soit du côté des élèves, des parents ou même de l’enseignant. Celui-ci n’est plus à charge de la réussite de toute une classe, mais c’est un travail d’ensemble qui naît du collectif.

On peut reprocher, surtout dans sa première partie, une survalorisation de la méthode. Le documentaire prenant très souvent le point de vue de l’enseignant, celui-ci a tendance à manquer de transparence. L’enseignant parait presque comme le seul et unique sauveur alors que, dans cette méthode, c’est un travail collectif. On est amené à suivre une classe dans leur temps libre, en cours, ou durant les échanges parents/enseignant. Cependant, on ne suivra que les cours de SES et de mathématiques, empêchant le spectateur d’avoir une vue d’ensemble sur la méthode. Si ça se passe bien dans ces deux cours, est-ce que ça se déroule aussi bien ailleurs ? On nous parle de la difficulté à assimiler les nouvelles méthodes de travail, dans une classe en échec scolaire, comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’incident ? Cependant, on comprend vite que le cœur de la méthode réside dans la libre expression. Entre parents et enseignant, mais aussi entre les élèves et les adultes, l’objectif est de délier les langues.

Réconcilier avec le format documentaire

Malgré le manque d’expérience en réalisation qui se fait sentir, le film offre beaucoup de belles idées. Il est ici question de redonner la parole aux parents, mais aussi aux élèves. Via de nombreuses scènes, laissant les élèves face caméra, le réalisateur capture le naturel des adolescents. À travers ces scènes, nous pouvons plonger dans leur intimité, et voir leurs évolutions personnelle et scolaire. À l’image de leurs craintes vis-à-vis de la caméra, leur timidité est amenée à s’estomper. On passe alors d’étudiants fuyant la caméra du regard à des scènes où ces mêmes étudiants deviennent caméraman de leurs propres scolarités. On comprend alors qu’en leur offrant les pleins pouvoirs, l’enseignant/réalisateur offre à ses élèves les pleins pouvoirs de leurs avenirs.

Si le programme pousse les élèves à la réussite, il n’est pas dénué d’humanité. L’humain est au centre du programme, et l’humain a parfois besoin de relâcher la pression. On aura donc l’occasion de voir des scènes dans lesquelles la classe sort de leur école, montrant le lien qui unit les élèves à leurs professeurs. L’un des symboles fort de cette union est la peluche Crock-Mou, gagné à la fête foraine. À l’image de Crock-Mou dans Dragon, les élèves sont handicapés par une mauvaise communication avec autrui. Ils se retrouvent en difficulté à avancer, mais c’est en acceptant de s’ouvrir qu’ils pourront prendre leurs envols.

Jérémie Fontanieu réalise ici un très beau film sur l’écoute et le partage entre générations. Le monde est à eux se révèle être un film généreux, aussi respectueux des élèves qu’il filme que du spectateur. Une parenthèse idyllique qui fait chaud au cœur et donne espoir aux générations futurs.