Reality : Derrière le masque, la réalité

Le 3 juin 2017, Reality Winner, vingt-cinq ans, est interrogée par deux agents du FBI à son domicile. Cette conversation d’apparence banale parfois surréaliste, dont chaque dialogue est tiré de l’authentique transcription de l’interrogatoire, brosse le portrait complexe d’une milléniale américaine, vétérane de l’US Air Force, professeure de yoga, qui aime les animaux, les voyages et partager des photos sur les réseaux sociaux. Pourquoi le FBI s’intéresse-t-il à elle ? Qui est vraiment Reality ? 

Avis aux adeptes de faits divers et aux enquêtes fédérales, Reality de Tina SATTER est fait pour vous. Si vous ne connaissez pas Reality WINNER, vous vous surprendrez à apprendre davantage sur l’une des controverses américaines modernes les plus impactantes de la décennie.

La réalité, rien que la vérité

Le film interpelle dans son fond, traitant d’un sujet récent alimentant les théories complotistes, mais surtout dans sa forme. En effet, le film s’inscrit dans la même veine des drames basés sur des faites réels tels que The Torture Report, film Amazon Original racontant l’histoire du rapport rapporté par Daniel J. JONES relatant des documents détruits par la CIA qui témoignait de l’utilisation de “techniques d’interrogatoire renforcées” après le 11 septembre 2001.

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En réutilisant des images d’archives ou en montrant les documents papiers, le film cherche continuellement à démontrer sa véracité. Cela va jusque dans son écriture, reprenant à la lettre les retranscriptions des dépositions pour la rédaction des dialogues. Ça donne un côté mécanique et formelle, mais que le film va exploiter pour acquérir un aspect documentaire. Nous sommes invités à rentrer dans la vie de Reality WINNER, et de connaître la vérité, rien que la vérité.

Il faut cependant savoir que le film repose beaucoup sur la surprise générée par la découverte des faits. Il est préférable de se tenir aux bandes-annonces françaises, et ne pas chercher à trop s’informer. Certains points du film peuvent perdre en impact si l’on prend connaissance de comment a fini l’affaire.

Mettre en scène les faits et leurs enjeux

La grande majorité du film se déroule en huis clos. S’il nous est montré des flashbacks ou même des images d’archives montrant des journaux télévisés, l’essentiel de l’action tourne autour de Reality et de sa maison. Le film ressent le besoin de recentrer l’action sur les preuves matérielles trouvables chez son personnage principal. Il n’est pas question d’explorer d’autres pistes ou de prendre en compte des théories.

Tina SATTER part du principe que son film, quoi qu’il raconte, ne pourra pas influer sur la réalité des faits. C’est pourquoi le film présente les faits de telle sorte que le spectateur n’ait d’autre choix que de les accepter. Tout comme Reality, le spectateur n’a pas d’autres choix que de connaître la réalité et de rester focalisé sur l’action. D’entrée de film, l’un des enquêteurs insiste auprès de Reality pour la mettre dans un lieu qui lui soit non familier et intimidant. Les enquêteurs poussent Reality, ainsi que le spectateur, à sortir de sa zone de confort.

Reality est un très beau biopic d’enquête à la limite qui ne ressemble à aucun autre. Puisant dans les codes du documentaire, le film arrive à pleinement mettre en valeur l’impact de cette affaire hors normes, tout en nous captivant jusqu’à la dernière seconde. Un film à ne manquer sous aucun prétexte !