Rencontre avec Gastronogeek

Cuisinier, écrivain et créateur de contenu, notamment connu pour ses livres de recettes issues des cultures de l’imaginaires geek et otaku, nous avons eu l’occasion d’échanger avec Thibaud VILLANOVA, alias Gastronogeek, lors de Japan Expo.

Retrouvez cette interview en version vidéo sur notre chaîne Studio JM Production.

Comment as-tu développé tes passions pour la cuisine et la pop culture ?

Thibaud Villanova : Même si c’est deux axes différents, pour moi ce sont des passions parallèles. J’ai grandi dans la pop culture dès ma jeunesse. Ayant eu une éducation assez classique, je pouvais lire des BD, des mangas et jouer aux jeux vidéo tant que j’avais de bonnes notes à l’école. C’était ça le deal avec mes parents. Je suis un enfant de la Génération Club Dorothée, j’ai vu les premiers animes à la télévision, j’ai assisté au lancement de Pokémon… Très petit j’ai eu une NES puis une Nintendo 64. La fantasy, la science-fiction et l’imaginaire en règle générale sont des choses qui accompagnent mon quotidien depuis mon enfance.

Chez moi, les métiers de bouche sont très importants. Mon père est artisan boulanger, sa mère et ma grand-mère sont cuisinières, certains de mes cousins sont chefs cuisiniers, également. Il y a vraiment une espèce de transmission des choses utiles à la maison. Typiquement savoir faire à manger, le choix du frigo, savoir faire son marché et son pain, ce sont des choses que j’ai appris à faire très tôt. S’étant développés parallèlement ensemble et par situation professionnelle, j’ai pu réunir tout ça pour en faire mon métier, aujourd’hui.

Qu’est ce qui t’as motivé à réunir tes deux passions pour réaliser des recettes qui lient la cuisine et la pop culture, et ainsi devenir Gastronogeek ?

Thibaud Villanova : Mon métier est assez étrange. Mon activité principale c’est d’écrire des livres de cuisine et je fais aussi de la création de contenu sur YouTube et Twitch. Le point de départ est venu de l’essor des émissions de cuisine à la télévision (Masterchef, Top Chef, etc.). Je peux clairement passer mes journées à regarder ces émissions. Et derrière, t’a le cliché du geek qui mange forcément mal, qui ne voit jamais la lumière du soleil, etc. Bien sûr que j’ai fait des soirées JDR (ndlr. Jeu de rôles), avec chips, pizzas et coca. Mais il n’y a pas que ça !

Un soir en travaillant, je me suis rendu compte qu’il y avait énormément d’univers imaginaires que j’évoquais chaque jour, et où il y avait un véritable intérêt culinaire et non anecdotique. Pour citer Naruto qui adore les ramens ou encore la Cherry Pie dans Twin Peaks. Et ça rejoignait justement avec mon envie qu’on arrête de dire que les geeks bouffe de la merde. Car tout ce que kiffe les geeks sont des références à des personnages qui ne mangent pas de la merde, justement. C’était pour moi l’occasion de créer le pont, c’est-à-dire qu’on apprenne à faire ces recettes et à les transmettre. Car c’est en transmettant de la bonne cuisine qu’on transmet de bonnes références à travers le bouche-à-oreille.


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Quels sont tes critères qui influencent la pertinence et le choix d’une recette fictive dans tes ouvrages ?

Thibaud Villanova : Dans un premier temps, il faut que je connaisse et maîtrise la référence. Je ne peux pas faire une recette juste parce que j’ai vu cinq minutes d’un personnage qui mange dans un extrait ou autre. On va choisir une référence qui soit faisable à la maison. Par exemple Toriko, je ne ferais jamais le steak de Galala Gator, tout simplement car ça n’existe pas. C’est aussi bête que ça. Mais pour citer, j’ai fait le steak de dinosaure de Dragon Ball, parce qu’ici c’est de la viande saignante et on voit dressage… On va pourvoir faire un trompe-l’œil avec de la vraie viande de notre monde. C’est marrant une fois, mais tu ne peux pas faire un livre entier avec ça.

Ensuite, la recette ne doit pas être anecdotique, il faut vraiment qu’elle soit à un instant clé. Dans mon prochain bouquin, je fais une recette issue de Tokyo Revengers, il y a une espèce de running gag avec Manjiro Sano qui passe son temps à manger des dorayaki, mais on ne le voit jamais en manger ! Chaque fois qu’il apparait il sort des répliques en mode “putain, j’ai fini tous les dorayaki…”. Et justement, il en parle suffisamment souvent pour que l’auteur confirme qu’il s’agit du plat préféré du personnage, donc je vais pouvoir l’utiliser dans mon livre. J’ai vraiment besoin que l’univers soit cohérent, comme dans Naruto ou tu as une quantité de scènes où il choisit des ramens différents. Et par exemple, quand je fais le Ichiraku ramen de Naruto, je prends vraiment le ramen iconique, celui qu’on voit le plus souvent.

« La recette ne doit pas être anecdotique ! » (Gastronogeek)

Il faut que j’arrive à vulgariser la technique au maximum pour qu’on puisse la refaire chez soi, et il faut aussi que les fans comme moi, puissent avoir la référence ! Là où mon travail est un peu tendu, c’est que j’ai fait 17 livres pour près de 800 recettes au total. Et chaque recette, c’est un alignement de planètes. Chaque élément : la cohérence avec le thème, avec la nourriture, avec les ingrédients, le décor, l’immersion, la maquette et la référence doivent s’aligner et doivent fonctionner. Si ça ne marche pas, j’estime que je ne suis pas honnête avec les gens. Les gens s’en rendent compte et le livre ne marche pas. Dans ma tête c’est aussi simple que ça.

Je suis un geek et un otaku, quand je vais acheter un bouquin ou une œuvre, j’ai besoin de savoir qu’on ne se fout pas de ma gueule ! Quand j’achète un goodies, je sais ce que j’achète, je suis au courant. Mais quand j’achète un livre un peu sérieux, je veux que ça fonctionne. Quand je tombe sur des livres où on se moque de moi, ça me frustre. Et je refuse que les gens aient ce sentiment en achetant l’un de mes bouquins ! Quand je choisis une recette, ça doit être un agilement de planète, sinon on ne la met pas dans le bouquin.

Quelques livres signés Gastronogeek.
Quelques livres signés Gastronogeek.
Le livre “Food Wars : Les Recettes Non Officielles” vient d’être financée avec succès sur Ulule ! Quelles recettes va-t-on retrouver ?

Thibaud Villanova : C’est compliqué de teaser, car on vient de terminer la structure du livre avec les recettes. On a choisi 60 recettes parmi les 300 présentes dans l’œuvre. On va y retrouver les plus iconiques, comme le Wrap de Karaage de la rue Sumire, le Rôti de Sôma ou encore le Riz Furikake que vous avez pu voir dans d’autres de mes livres. Il y aura aussi une grosse phase sur les curry japonais, on va essayer de reproduire le Ramen Végétarien de Jōichirō. On va monter graduellement allant du plus simple au plus complexe. Autant dans les livres, j’essaie de faire des recettes accessibles, alors qu’avec Food Wars, je pense qu’on peut agencer le livre façon “esprit shōnen“. Puis, dans le cadre du financement participatif, on aura également la participation de grands chefs étoilés qui vont proposer une recette chacun.

Food Wars : Les Recettes Non Officielles, le prochain livre de Gastronogeek
Food Wars : Les Recettes Non Officielles, le prochain livre de Gastronogeek
Il reste tant d’univers culinaires à explorer dans la pop culture ! Quels sont tes projets pour la suite ?

Thibaud Villanova : Qu’elle soit anglo-saxonne, européenne ou japonaise, la pop culture est un fleuve impérissable. Et moi, avec ma pirogue je prends mon temps. Je crois que le chemin qui me guide vers la fin du livre de cuisine est proche, car je commence à raconter ce que j’ai déjà raconté. À un moment, il va falloir que je change de disque, et que je fasse autre chose. Car dans ma tête, ça commence à tourner en rond. Par contre, il y a tellement plus de choses à faire, que ce soit sur Twitch ou YouTube sur les réseaux Gastronogeek… que je ne suis pas prêt de m’arrêter. Je peux encore parler de gastronomie et de pop culture encore très longtemps !


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Propos recueillis le 14 juillet 2022 par Jonathan “Jojo Tout Cour” Guetta, Kenedy Guetta et Christine “Numiiix” Huang pour Konata Nekoyama / Studio JM Production. Remerciements à Aurélie LebrunEmmanuelle Verniquet et Thomas Quinn de l’agence Games of Com.

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