À l’occasion de Japan Expo, nous avons eu la chance de rencontrer le vidéaste Tokyo no Jo. Youtuber japonais habitant en France depuis neuf ans, Tokyo no Jo nous partage à travers ses vidéos, son quotidien de japonais en France ainsi que les différences culturelles entre nos deux pays avec beaucoup d’humour ! De sa venue en France, jusqu’à son matériel vidéo, en passant par les clichés qu’il voudrait faire disparaître… Tokyo no Jo répond à nos questions à l’écrit et en vidéo !
Une interview disponible en version vidéo sur notre chaîne Studio JM Production.
Comment s’est passée ton arrivée en France il y a neuf ans ?
Il faut savoir que j’avais déjà appris le français à l’université quand j’avais 20 ans. Ce n’était pas spécialement sérieux, il y avait qu’une professeure de japonais et j’avais vraiment un niveau de français basique. J’ai surtout appris que la langue française, ce n’est pas comme le vélo, si tu ne pratiques pas, tu oublies rapidement.
Comment est venue ta passion pour la France et ton envie de parler des différences culturelles entre la France et le Japon ?
J’avais personnellement envie de venir une fois en France, déjà pour la culture, mais un peu aussi pour le cliché. J’ai adoré, et puis j’ai voulu un peu en connaître plus sur le pays. Par exemple en visitant Marseille et sa mer ou encore visiter Lille, etc. Je me suis complètement attaché au pays !
Comment percevais-tu la France durant ton enfance ? Croyais-tu aux clichés façon Amélie Poulain ?
Réellement, j’étais bête. Jusqu’à mes 18/19 ans, j’étais déjà parti 2-3 fois aux États-Unis, au Canada, mais je ne connaissais pas du tout l’Europe. Souvent les japonais pensent que c’est la France la destination de base. Quand on pense Europe, même encore maintenant, pour les Japonais, c’est la France. Elle est un peu au centre de tout, et aussi très accessible. J’avais cette image gastronomique, très luxueuse, des français ; je ne connaissais pas à cette époque la tartiflette par exemple. J’avais vraiment ce cliché de la grande assiette avec quasiment rien dedans.
Quels conseils donnes-tu aux japonais qui souhaitent visiter la France pour la première fois, pour éviter de tomber dans le Syndrome de Paris ?
C’est difficile ! Parce que beaucoup de Japonais qui sont déjà rentrés au Japon, même un pote franco-japonais qui a toujours vécu au Japon, il n’a pas pu rester plus de six mois en France, il est reparti au Japon. Donc c’est un peu dur, même à présent et pour moi, de conseiller sur ce qu’il faut faire par exemple. Ce fameux Syndrome de Paris, je pense que c’est plutôt un mal du Pays, parce que c’est souvent des personnes qui n’ont connu que le Japon et ont découvert les bons côtés de la France.
Et à l’inverse, quels conseils voudrais-tu donner aux personnes qui souhaitent habiter et/ou visiter au Japon ?
Je pense qu’avant de vouloir habiter au Japon, il faut déjà avoir fait beaucoup de voyages. C’est peut-être un peu brut, mais je pense que le fait de voyager est important, comme 15 jours par exemple. Après, il faut aussi choisir sa ville, sa préfecture, etc. Quelque chose d’important aussi, je pense, c’est d’avoir des amis, ou au moins des correspondants, afin d’avoir quand même quelques contacts sur place. Il faut toujours avoir des personnes de confiance pour ça.
Comment perçois-tu les tendances purement japonaises qui s’importent jusqu’en Europe ?
Déjà, c’est super différent avec ce que peuvent aimer les Français et les Japonais, par exemple. Il y a certains mangas que je ne connaissais pas du tout, mais que grâce aux Français, j’ai découvert et que j’adore. L’inverse est également vrai, les Français ne connaissent pas certains mangas qui pourtant sont ultra-populaires au Japon. Je trouvais ça marrant de voir ce qui intéresse les Français et les genres qui plaisent. Je trouve que les différences qu’il y a entre les pays sont super intéressantes.
Selon toi, quelle est la qualité indispensable pour une bonne vidéo ? Le montage, la musique, le sujet, la miniature… Sur quels points te concentres-tu le plus ?
Le son est probablement ce qu’il y a de plus important selon moi. Je pense même que c’est plus important que l’image. Par exemple en ce moment, c’est la mode de TikTok. La moyenne de visionnage, c’est 3 ou 4 secondes, donc souvent la concentration est sur une chose, et je pense que c’est l’audio. Du coup, l’important, c’est d’attirer l’attention des gens dans ce laps de temps. Pour mes vidéos, l’important, c’est que les miniatures, mais également le contenu, touche un maximum de gens. Surtout que ces dernières années le Japon et la culture Japonaise, prennent beaucoup de place dans les esprits.
Quelles sont tes marques de prédilections pour ton matériel audiovisuel (vidéo, audio…) ?
Personnellement, j’utilise un CANON EOS R, j’utilise aussi un Sony a7 III avec un objectif de 75 mm. Après, j’avoue que la marque, je n’y prête pas beaucoup attention, je marche plutôt sur la qualité d’image, et sur ceux-là, j’aime beaucoup les images produites. Là où je fais énormément attention, c’est la lumière.
Quels sont les clichés français et/ou japonais que tu aimerais faire disparaître le plus ?
Il y a des Français, en tout cas certains, qui s’imaginent qu’on parle fort. Un peu avec un accent, comme un samouraï. Ça je veux bien que ça disparaisse même dans les séries et les films. Il y a aussi les tatouages, notamment ceux visibles, parce que pour la plupart ça veut dire que tu es un Yakuza, alors que pourtant, on peut en avoir sans pour autant en être un !
Quels sont les messages que tu souhaites faire passer aux spectateurs à travers tes vidéos (changement de mentalités, casser les préjugés…) ?
Avec mes vidéos, il y a plein d’ironie, de sens caché, des blagues aussi un peu limite. Après, je vise des personnes qui ont la même tranche d’âge que moi (22-40 ans). Je sais que dans mes vidéos, je dis beaucoup de gros mots, de jurons, mais ça ne veut pas dire que tous les japonais sont comme ça. Quand j’ai commencé YouTube, c’était il y a 5 / 6 ans, je voulais juste faire un truc, car on était dans une période avec pas mal de remarques racistes. J’étais un peu dans l’optique de faire des vidéos pour me déstresser. Maintenant, il y a moins de racisme, mais il y a toujours des personnes qui mettent dans le même panier chinois, japonais, coréens… C’est pour ça qu’au travers de mes vidéos, j’essaye de montrer les différences aussi de chaque culture !
Suivez Tokyo no Jo sur l’ensemble de ses réseaux
Twitter – Instagram – YouTube
Propos recueillis le 14 juillet 2022 par Jonathan “Jojo Tout Cour” Guetta, Kenedy Guetta et Christine Huang pour Konata Nekoyama / Studio JM Production. Transcription écrite par Arthur Winley. Corrections par Strangie et Haricolin. Remerciements à Aurélie Lebrun, Emmanuelle Verniquet et Thomas Quinn de l’agence Games of Com.