Rencontre avec Mohamed Kordofani pour son dernier film, Goodbye Julia

À l’occasion de la sortie du film Goodbye Julia, nous avons eu la chance d’échanger avec le réalisateur, Mohamed Kordofani. Pour son premier long-métrage, le réalisateur nous offre un film profond et puissant sur la séparation du Soudan à travers le destin de deux femmes. Cet entretien dévoile des éléments de l’intrigue du film.


À travers Goodbye Julia, vous traitez de la séparation du nord et du sud du Soudan. Quelle était la genèse de ce choix ?

M. Kordofani : En effet, Goodbye Julia raconte la séparation du nord et du sud du Soudan d’un point de vue de deux femmes qui sont chacune issues d’un côté. Que ce soit au nord comme au sud, il y a toujours des mauvaises traditions. Mais comme chaque culture, il y en a également des bonnes. Mais c’était avec la révolution en 2019 où c’était important d’en parler. Malheureusement, ce sont ces mauvaises traditions qui ont pris le devant et qui ont amené à cette sédition du Soudan. Il faut savoir que ces traditions formaient ensemble l’opportunité de nous développer, pour le meilleur notamment.

Les héroïnes du film, Julia (une soudanaise catholique) et Mona (une riche soudanaise musulmane), développent, au fil des années, une forte amitié, malgré le contexte “dramatique” de leur rencontre. Souhaitiez-vous démontrer, à travers elles, qu’une réconciliation est possible si on prend le temps de connaître l’autre ?

M. Kordofani : Je pense que la réconciliation est possible, oui. Toutefois, pour faire ça, il faudrait la volonté de mettre en place un système plus juste. Et surtout qu’il faut commencer à connaître et à comprendre l’autre, c’est-à-dire, savoir d’où nous venons par exemple. Ce serait un très beau point de départ.

Goobye Julia, un film de Mohamed Kordofani
Goobye Julia, un film de Mohamed Kordofani.
En dehors du contexte politique et social du film, vous traitez également du sentiment de culpabilité. Ici représenté par le personnage de Mona. Un élément omniprésent dans le film, vis-à-vis de la disparition de Santino (le mari de Julia). Pourquoi avoir voulu traiter ce sujet ?

M. Kordofani : Le film est le résultat de ma propre transformation. J’ai ressenti cette culpabilité quand il y a eu le référendum de 2011. Cette culpabilité ne vient pas de nulle part. Car lors de ce vote, je me suis rendu compte que je ne connaissais aucun soudanais du Sud, et surtout que je n’en avais jamais fréquenté. Dans le film, je raconte des choses et des événements qui se passaient comme dans ma propre maison.

Goodbye Julia traitant avant tout d’un sujet sensible, avez-vous eu des complications pendant le développement et le tournage du film ?

M. Kordofani : Quoi qu’il arrive, s’il doit se passer quelque chose, ce sera après avoir montré le film. Sinon, hormis ça, il n’y a eu aucun souci durant le tournage. Bien sûr, j’ai toujours en moi cette inquiétude d’avoir un quelconque problème à cause du film. Mais je suis plus inquiet avec la guerre qui règne actuellement. Pour l’instant, je considère mes angoisses comme totalement insignifiantes vis-à-vis du climat actuel.


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Quel message souhaitez-vous faire passer à travers Goodbye Julia ?

M. Kordofani : Je ne cherche pas spécialement à faire passer de message. J’essaie surtout d’interroger les personnes sur leurs idées, leur croyance et qu’ils changent pour le meilleur tout simplement !

Avez-vous un message à transmettre aux futurs spectateurs ?

M. Kordofani : J’espère qu’en ayant regardé le film, les spectateurs sauront qu’il existe un pays qui se nomme le Soudan. Et notamment qu’ils entendent parler d’une actualité à laquelle ils ne sont pas au courant, ou que très peu. Le plus important, c’est que grâce à ce film, on voit qui sont ces gens qui font l’actualité du Soudan. Le but est que qui que ce soit qui se trouve à l’extérieur du pays, connaisse les Soudanais et qu’il les comprenne par-dessus tout.

Goodbye Julia de Mohamed Kordofani, avec Siran Riak, Eiman Yousif, Nazar Gomaa, et Ger Duany, dans les salles françaises depuis 8 novembre 2023 avec ARP Sélection.


Propos recueillis le 5 octobre 2023 par Jonathan “Jojo Tout Cour” Guetta pour Konata Nekoyama / Studio JM Production. Transcription écrite par Arthur Winley. Remerciements à Florence Alexandre et Johanna Apostolidis de l’agence Anyways, ainsi qu’à l’équipe de ARP Sélection.

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