Le Royaume des Abysses : Un bijou haut en couleur

Shenxiu, une fillette de 10 ans, est aspirée dans les profondeurs marines durant une croisière familiale. Elle découvre l’univers fantastique des abysses, un monde inconnu peuplé d’incroyables créatures. Dans ce lieu mystérieux émerge le Restaurant des Abysses, dirigé par l’emblématique Capitaine Nanhe. Poursuivis par le Fantôme Rouge, leur route sera semée d’épreuves et de nombreux secrets. Leur odyssée sous-marine ne fait que commencer.

Et si pour ce début d’année, vous plongiez tête la première dans une aventure fantastique et haut en couleur (littéralement) ? Alors, retenez votre souffle et plongez avec la jeune Shenxiu dans Le Royaume des Abysses ! Réalisé par Tian Xiaopeng, ce fabuleux long-métrage chinois a demandé plus de sept ans de travail et le talent de plus de mille artistes pour un résultat bluffant mélangeant animation 3D et peinture chinoise traditionnelle. Plus qu’un film d’animation, Le Royaume des Abysses est une véritable œuvre d’art à découvrir, de préférence au cinéma !

Un conte entre l’Odyssée de Pi et Alice au pays des merveilles

Bien que le film se démarque par son audace visuelle, rassurez-vous, le scénario n’en reste cependant pas en reste. En effet, c’est souvent le premier risque avec ce genre de film qui prend le parti prit d’une direction artistique alléchée au détriment de la narration, parfois mise au second plan. Le Royaume des Abysses maîtrise son intrigue, et arrive à nous y plonger dès les premiers instants.

Le film de Tian Xiaopeng porte sur les thématiques du deuil et de la famille. En effet, notre jeune héroïne de dix ans, Shenxiu, se retrouve perdue mentalement et socialement, suite à la disparition de sa mère et la création de sa nouvelle famille où elle s’en retrouve délaissée, jusqu’à plonger (littéralement) dans un univers fantastique en quête de sa mère.

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Ainsi, Shenxiu se retrouve au cœur du grand Restaurant des Abysses. Un immense navire sous-marin aux allures de poisson, tenu par l’excentrique Capitaine Nanhe, un puissant magicien et clown aux aires de Lupin III. D’abord perçu comme une gêneuse maudite par le Capitaine Nanhe, son équipage et les clients, une amitié va cependant naître entre les deux humains poursuivis par le Fantôme Rouge. Un concentré de tristesse représentant avec ingéniosité les « peurs » de la jeune fille, qu’elle va devoir affronter afin d’aller au bout de sa quête.

Un conte qui rappellera sans nul doute Le Voyage de Chihiro, Vingt Mille Lieues sous les mers, L’Odyssée de Pi ou encore Alice au Pays des Merveilles. Autant d’inspirations et de références qui s’entremêleraient presque pour former cette œuvre unique à l’ambiance si singulière !

Un film solide aux thématiques fortes

Comme évoqué plus haut, Le Royaume des Abysses appuie son récit sur des sujets forts tels que le deuil et comment vaincre ses peurs et ses angoisses. Des sujets certes peu lumineux, créant avec subtilité un contraste avec le choix visuel du film. Un long-métrage d’ailleurs très imagé et usant de l’anthropomorphisme pour représenter les angoisses que Shenxiu et le Capitaine Nanhe vont devoir combattre littéralement. Pour ce faire, nos deux héros sont accompagnés d’un drôle d’équipage composé de créatures diverses, parfois mignonnes, parfois repoussantes, mais toujours attachantes.

Nous nous attachons rapidement à ce duo que tout semblait pourtant opposer. D’un côté, nous avons un Capitaine Nanhe uniquement attiré par l’argent, et de l’autre Shenxiu, prête à risquer sa vie pour retrouver sa mère. Toutefois, ces deux âmes opposables, deviennent, au fil du film, inséparables, jusqu’à ce que le destin et le retour à la réalité les séparent à travers une séquence finale où onirisme et émotion entrent en collision pour nous offrir un moment de cinéma inoubliable.

Plus qu’un film, une œuvre d’art

La force du Royaume des Abysses est définitivement sa réalisation et sa direction artistique ! En plus de nous transporter narrativement, le film de Tian Xiaopeng arrive à nous aspirer dans son univers fantastique avec brio ! La réalisation fluide, vivante et audacieuse est bourrée de plans d’une beauté magistrale où le moindre détail semble avoir été traité avec une attention olympienne. Bien que certains pourraient avoir un peu de mal avec cette explosion de couleur et cette animation si détaillée, on n’en reste pas moins éblouis par ce somptueux mélange entre animation 3D et peinture chinoise traditionnelle. Un choix artistique risqué, mais terriblement audacieux, offrant au film un style unique, coloré et lumineux où chaque image est digne d’un tableau. Une prouesse technique encore rarement observée !

Bien sûr, au-delà du tourbillon de couleur, le film reste fluide, dynamique, rythmé et parfaitement dosé. Que ce soit au niveau des douces scènes de repris aux séquences dramatiques en passant par les scènes d’action phénoménales, Le Royaume des Abysses ne laisse pas le temps au spectateur de s’ennuyer. Du côté sonore, le long-métrage ne nous laisse pas en reste. En effet, on apprécie la sublime bande originale de Peng Dou qui accompagne l’aventure de la jeune Shenxiu, à travers des morceaux grandioses, dégageant parfois une certaine mélancolie.

Avec Le Royaume des Abysses, Tian Xiaopeng nous offre plus qu’un film, mais bel et bien une œuvre d’art puissante et poignante sur fond d’acceptation du deuil. Cependant, le film reste une ode à la beauté de la vie tout en nous transcendant grâce à son esthétique lumineuse entre animation 3D et peinture chinoise traditionnelle. Au-delà de la direction artistique, que l’on peut qualifier de prouesse technique (portée par plus de mille artistes sur sept ans de travail), l’histoire n’en reste pas moins impressionnante. De la première à la dernière minute, les petits et grands ne verront nullement les deux heures passer, tant le film nous transporte d’émotions en émotions, à plus de mille lieues sous les mers, dans cette grande aventure qui ne laissera personne indifférent.