Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de 1ʳᵉ aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière noire de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter le trio improbable.
Pour son nouveau long-métrage, Alexander Payne nous plonge à Noël 1970, au cœur d’une prestigieuse université de la Nouvelle-Angleterre. Au programme, passez les fêtes avec un élève turbulent, professeur pédant et bourru et une cuisinière endeuillée. Ne pensez pas passer deux heures devant une comédie simpliste, Winter Break est définitivement un long-métrage au style visuel travaillé et où on passe du rire aux larmes. Ici, Alexander Payne nous invite à vivre les fêtes de fin d’année avec un trio insolite, parfois drôle, mais surtout attachant.
Dans le charme des années 70
Le premier point qui frappe fort dans Winter Break, c’est avant tout son esthétique générale. Du design des logos de Universal Pictures, Focus Features et Miramax d’antan, jusqu’au format du film en passant par le soin du détail pour rendre crédible son univers. Ici, Alexander Payne nous plonge dès les premières secondes dans une véritable capsule temporelle.
À l’image de films tels que Merlusse de Marcel Pagnol ou encore Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir, Winter Break nous plonge au sein de cette prestigieuse université Barton. Et à Barton, le respect d’un enseignement strict et la discipline sont de rigueur, notamment pour le détestable M. Hunham. D’un charme assez rare aujourd’hui, Winter Break nous rappelle avec une certaine nostalgie ces films des années 70/80 par le côté comique et attendrissant de la narration et de la réalisation, avant tout portés par des personnages forts.
Au-delà du comique, des âmes en peine
Alexander Payne et le scénariste David Hemingson, ne nous livrent pas ici que du comique. Le film réunit, non sans une certaine amertume, trois âmes en peine que pourtant tout oppose, forcées, d’une manière ou d’une autre, à passer les fêtes au sein de l’établissement. Le professeur d’histoire ancienne, malheureusement détesté et solitaire, M. Hunham, interprété par l’excellent Paul Giamatti. On retrouvera la cheffe cuisinière endeuillée après la perte de son fils, Mary Lamb, interprétée par Da’vine Joy Randolph. Et enfin, le jeune oublié des fêtes, le turbulent Angus Tully, interprété par Dominic Sessa, qui se dévoile pour la première fois à l’écran.
Le film réussi d’une manière assez habille à faire naître une certaine amitié et complicité dans ce trio qui, toutefois, commençait plutôt mal. Là où les embrouilles entre Angus et M. Hunham étaient maîtres, l’humanité et la compréhension de chaque personnage arrivent néanmoins à faire surface, d’une façon humaine et intelligente, grâce aux mésaventures et sentiments qu’ils traversent, telle une famille qu’ils n’ont jamais eue, ou bien perdue. Et si c’était ça la magie de Noël finalement ?
Du rire aux larmes
Et c’est là toute la force de Winter Break : nous faire passer du rire aux larmes de manière crescendo. Au fil du film, nous découvrons la backstory d’Angus et ses soucis familiaux, le deuil de Mary ou encore l’explication de la solitude de M. Hunham, le tout, à travers des séquences fortes en émotions. Dès lors, nous développons une profonde empathie pour ces antihéros, qui, finalement, ne sont pas si différents et qui vont, par la force des choses, se soutenir mutuellement.
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Une réalisation Old school
Comme mentionné plus haut, la force et l’originalité de Winter Break, se trouvent dans sa réalisation radicalement old school. Par ses décors, ses costumes, son ambiance sonore, sa photographie, et sa postproduction, le long-métrage d’Alexander Payne ne laisse rien au hasard et contrôle de A à Z chaque détail pour rendre crédible et authentique l’ambiance old school de l’univers scolaire des années 70.
Du côté des décors, on apprécie le choix porté par le chef décorateur, Ryan Warren Smith, d’exploiter l’entièreté des décors naturels offerts par l’université Barton et de la Nouvelle-Angleterre. On pensera également à l’ambiance sonore entre les grésillements et l’utilisation de thèmes musicaux choisis avec soin. Et, bien sûr, la photographie et le montage qui contribuent d’autant plus à cet aspect. De l’atmosphère, au grain, en passant par la lumière naturelle et aux longs fondus… Chaque élément permet à l’image de respirer et de nous offrir des plans dans le respect de l’époque.
Winter Break est de loin une belle pépite scénaristique, mais surtout artistique. Véritable ode à l’importance de la famille, cette capsule temporelle nous plonge pendant deux heures dans un feel good drôle et émouvant où chaque âme en peine qui compose ses personnages que tout oppose, créée mutuellement, en l’espace d’un court instant, des liens presque familiaux. Alexander Payne ne nous conte pas qu’une simple histoire de Noël qui se déroule en 1970. Il nous offre un long-métrage qui aurait pu sortir en 1970, et qui, à notre humble avis, serait devenu un classique intemporel des fêtes.
TITRE ORIGINAL : The Holdovers
GENRE : Comédie dramatique
TECHNIQUE : Prises de vues réelles
DURÉE : 2h13
PAYS : États-Unis
DATE DE SORTIE FR : 13 décembre 2023
RÉALISATION : Alexander Payne
AVEC : Paul Giamatti, Dominic Sessa et Da’Vine Joy Randolph
PRODUCTION : Focus Features, Miramax
DISTRIBUTEUR FR : Universal Pictures
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