À l’intérieur : Un huis clos grandiose, déroutant et captivant

Nemo, un voleur d’œuvres d’art de renom, se retrouve piégé dans un luxueux penthouse new yorkais après un cambriolage qui a mal tourné. Enfermé à l’intérieur avec des œuvres hors de prix pour seule compagnie, il va devoir faire preuve d’habilité et d’inventivité pour survivre.

Pour son premier long-métrage de fiction, Vasilis Katsoupis frappe fort. Très fort. Le cinéaste enferme le célèbre Willem Dafoe dans une prison d’or et d’argent dans À l’intérieur. Un thriller psychologique grandiose qui nous hante encore bien après son visionnage.

Tout le temps qui viendra après ce moment

Probablement la phrase qui résume parfaitement le film dans son ensemble. Après ce moment de tension palpable où notre antihéros (pourtant expérimenté), se retrouve complètement pris au dépourvu suite à un dysfonctionnement du système de sécurité de son lieu d’attaque. Ainsi, ce luxueux penthouse devient pour notre protagoniste, une cellule d’or et d’argent. Et tout naturellement, tout viendra après ce moment.

Au fil du film, nous découvrons un Willem Dafoe absolument remarquable ! Le comédien interprète avec brio ce cambrioleur sans grande morale qui doit, tel un animal en cage, s’adapter à son nouvel environnement. Un lieu qui se présente comme un foyer pour son propriétaire, mais une prison pour Nemo. Sans eau, avec une climatisation endommagée (passant d’un 40°C à du -8°C), notre antihéros va devoir faire ici preuve d’une ingéniosité à toute épreuve pour tenir, survivre et surtout… S’en sortir.

Le film est percutant, dérangeant, mais surtout radicalement profond. Vasilis Katsoupis nous offre avec À l’intérieur, une profonde réflexion sur la condition humaine et sur notre rapport l’art et les objets matériels. Et si nos acquis n’étaient pas réellement acquis et pouvaient disparaître du jour au lendemain ?

À l'intérieur
Willem Dafoe stars as Nemo in director Vasilis Katsoupis’ INSIDE, a Focus Features release. Credit: Wolfgang Ennenbach / Focus Features

L’art, l’unique refuge face à la solitude

Enfermé dans ce qui deviendra sa prison paradisiaque, Nemo va découvrir un penthouse aussi magnifique qu’étrange. Entre pièces secrètes, frigo qui chante la Macarena ou encore le système de surveillance de l’hôtel qui lui permet d’observer chaque recoin et employés du bâtiment. Sa seule échappatoire : le toit du penthouse. Mais pour y accéder, Nemo doit, lui aussi, devenir un artiste (en quelque sorte).

Et pour ce faire, Nemo use de l’art de la destruction. Détruire ce foyer de part en part pour créer une œuvre d’art libératrice, faite de tout un florilège d’émotions : de la colère à la déception en passant par l’inévitable folie. Une folie presque artistique, qui, petit à petit, ronge notre antihéros. Mais pour lutter, le message est simple : Créer, imaginer et se cultiver dans cet immense musée privé.


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Un long-métrage artistique

La première chose qui marque dans le film, c’est son casting particulièrement restreint. Ici, seuls quatre personnages ont une importance drastique dans la narration : Nemo, le propriétaire du penthouse, Jasmine (la femme de ménage), et Numéro 3 (le complice de Nemo, qu’on ne verra jamais de face, cependant). À l’intérieur réussi avec brio à nous offrir deux heures de grand spectacle avec peu de personnages, un scénario simple, mais ingénieux, le tout en nous tenant en haleine sans arrêt.

Composé de vraies œuvres d’art, ce penthouse n’est pas qu’un simple décor, mais un personnage à part entière. Un antagoniste à la fois doux-amer qui piège, mais protège le protagoniste, parfois sous la forme du propriétaire en personne.

Du côté de la réalisation, Vasilis Katsoupis nous offre un film brillant. Comme notre antihéros, nous ne sortons jamais du penthouse. Le film reste majoritairement neutre en termes de plans, mais tout en nous offrant des compositions de cadre sublimes, où chaque recoin du bâtiment est sublimé, telle une peinture d’art moderne où Willem Dafoe y est (malgré lui) la pièce maîtresse, et surtout, un personnage pour qui nous développons une certaine empathie, malgré son statut initial.

De rythme du film est maîtrisé et soutenu sur toute la longueur. Malgré l’absence de musique, les faibles dialogues et le peu de personnage, il est en général difficile de concevoir un long-métrage qui ne fatigue pas le spectateur. Et pourtant, À l’intérieur réussi ce passage grâce à son scénario simple au service d’une narration puissante, personnage fort, une mise en scène où le naturel est maître de surcroît, une ambiance indéfinissable, mystérieuse, presque mystique.

Avec À l’intérieur, Vasilis Katsoupis nous offre un long-métrage tout bonnement bluffant. Un véritable hommage à l’art et à sa destruction. Willem Dafoe nous offre également une interprétation magistrale pendant les deux heures du film, qu’on n’arrive pas à voir passer. Mais la plus grosse réussite du film réside en sa réalisation globalement parfaite, digne d’une œuvre d’art sans foi, ni loi, ou même de sens moraux. Mais toujours avec une sensibilité artistique qui permet à notre antihéros de garder la tête froide.

TITRE ORIGINAL : Inside
GENRE : Thriller
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h45
PAYS : États-Unis
DATE DE SORTIE FR : 1er novembre 2023
RÉALISATION : Vasilis Katsoupis
AVEC : Willem Dafoe
PRODUCTION :  Heretic, Schiwago Film, A Private View et Focus Features
DISTRIBUTEUR FR : L’Atelier Distribution
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