Une rencontre fortuite née d’une déception, un vernissage où personne ne vient et un nouveau membre dans la famille : trois histoires s’entrecroisent et révèlent des vérités jusque-là bien enfouies.
Bien avant le sublime Love Life, Kôji Fukada savait déjà capturer la beauté de l’intimité et de l’instant présent. Retour en 2008 où le cinéaste se dévoile avec son tout premier long-métrage : La Comédie Humaine. Ici, Kôji Fukada se réapproprie Balzac et capture avec brio les comédiens et comédiennes de la troupe de théâtre Seinendan, que le cinéaste a rejoint à l’époque.
Kôji Fukada se réapproprie Balzac
Derrière sa caméra, Kôki Fukada nous offre déjà un regard poétique, critique et satirique de la société japonaise. Il nous embarque avec lui, dans une pièce de théâtre à la fois authentique, naturelle, voire presque intimiste. Avec ses personnages puissants, attachants et compatissants, on se laisse aisément transporter dans ces différents copeaux de vies indépendants, mais liés par le fil rouge de la vie. De fil en aiguille, nous passons d’une quête pour retrouver un ticket sous la pluie avec deux femmes venants de faire connaissance, à un homme qui perd un bras, tout en passant par la triste inauguration d’expo d’une photographe. La joie, la déception et le drame sont ici trois actes qui forment ici un unique tout : La Comédie Humaine.
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Fidèle au format théâtral, le film se découpe en trois parties présentées de façon complètement distincte. Bien qu’au final, un lien unique lie chacune de ces parties : les personnages qui, même s’ils ne se connaissent pas tant que ça, forme à leur manière une solide transition invisible. Un fil rouge à la fois malin et terriblement puissant, où les citations de Nietzsche qui entrecoupent chaque partie prennent tous leurs sens.
Avec des ambiances et des thèmes aussi variés qui nous parlent, le cinéaste forme un film complet qui nous évoque plusieurs ressentis sur tous les sujets qu’il aborde. Nous prenons surtout plaisir à suivre les différents protagonistes, qu’ils soient heureux, tristes ou terriblement malsains.
Du théâtre au cinéma, il n’y a qu’un pas
Bien que ce film ne soit pas aussi esthétique que Love Life, La Comédie Humaine mise sur un cadrage et une mise en scène favorisant l’authenticité et le naturel du quotidien. La réalisation, digne d’une pièce de théâtre, qui va privilégier les longs plans avec un cadrage simple, mais efficace qui va d’autant plus se concentrer sur ses personnages que sur ses paysages. Ici, c’est décors minimalistes. Fukada nous rappelle constamment qu’on est dans une pièce de théâtre.
Ici, le rythme est majoritairement lent et la fin va un peu trop en longueur, certes. Mais ici, pas de grands effets cinématographiques et autres superflus. Fukada se contente de ce qu’il y a de plus simple pour nourrir et accompagner sa narration. Et ça tombe bien, il n’y a besoin de rien d’autre. Et à l’exception de quelques moments clés de l’intrigue, La Comédie Humaine prend le parti pris de n’introduire aucune musique.
Pour un premier film, Kôji Fukada signe sa patte et l’ADN de ce qui fera l’ensemble de son œuvre : Se concentrer sur ses protagonistes et faire de leur psychologie et en faire le cœur de l’histoire. Et surtout, donner de la profondeur à des personnages aux décisions parfois égoïstes pour leur propre bien.
Avec La Comédie Humaine, Kôji Fukada nous offre déjà ce qui fera, plus tard, la force de son cinéma. Un film au charme simple et naturel réinterprétant l’œuvre éponyme de Balzac. Avec un découpage en trois temps lié par des âmes que tout oppose, Fukada fait un tour d’horizons de la société japonaise et de la psychologie humaine à travers des sujets et thématiques variés allant du plus doux au plus dur, mais toujours avec une sensibilité dans la réalisation et la mise en scène.
TITRE ORIGINAL : Tôkyô ningen kigeki
GENRE : Drame
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 2h20
PAYS : Japon
DATE DE SORTIE FR : 18 octobre 2023
RÉALISATION : Kôji Fukada
AVEC : Masayuki Yamamoto, Kanji Furutachi, Minako Inoue
PRODUCTION :
DISTRIBUTEUR FR : Art House Films
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