La Fille d’Albino Rodrigue : Un drame aux airs de polar intrigant

Rosemay, 16 ans, vit en famille d’accueil et ne rejoint sa famille biologique que pour les vacances. Un jour, son père n’est pas là pour l’accueillir comme prévu. D’ailleurs, il ne réapparaît pas et semble s’être évaporé. Ses questions ne rencontrant que des mensonges, Rosemay ne peut se fier qu’à son intuition…

Près de quinze ans après son précédent long-métrage, Les Inséparables, Christine DORY signe son retour au cinéma avec La fille d’Albino Rodrigue. Un drame aux airs de polar à la fois réaliste et poignant mettant en scène Galatéa BELLUGI (Keeper, Chien de la casse) et Emilie DEQUENNE (Rosetta, Le Pacte des loups).

La Fille d’Albino Rodrigue au cœur du mystère

Librement inspiré de faits réels à base de faits divers, La fille d’Albino Rodrigue met en scène le personnage de Rosemay. Jeune fille de 16 ans, vagabondant entre sa famille d’accueil et celle biologique. Illettrée et ayant beaucoup de mal avec le français, la jeune fille se voit immiscée de force dans une sombre affaire de disparition, celle de son père, Albino. Donnant une première explication sur cette absence, Marga, la mère, va, au fil du film, faire vagabonder la jeune fille, en enchaînant mensonges sur mensonges. Livrée à elle-même, la jeune Rosemay ne pourra ni compter sur son frère, Manuel, ni sur personne.

Malgré son jeune âge, la jeune fille doute très rapidement, comme le spectateur. Elle analyse et part en quête de la vérité sur la disparition de son père, et ce, dès la première minute du film. La fille d’Albino Rodrigue met le spectateur au pied du mystère.

Un polar ni sombre, ni clair

Petit à petit, le côté drame familial se transforme en un polar ni trop sombre, ni trop clair. Nous ressentons pleinement la tension régnante entre Rosemay, Marga et Manuel. Seule contre tous, la jeune fille au regard perçant, sait ce qui s’est passé avec Albino. Cependant, elle ne le dit pas, elle le sous-entend au travers de dialogues minutieux où chaque mot du personnage interprété par Galatéa BELLUGI sonne juste. Au fil du film, le spectateur voit ses soupçons se balader telle une balle de tennis entre Marga et Manuel, tous les deux étroitement liés à cette disparition soudaine.


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Ce qu’on retiendra du film, ce sont surtout ses personnages. La plus intéressante reste bien sûr Rosemay, qui, malgré son jeune âge, ses difficultés d’expression à l’écrit comme à l’oral, n’est pas idiote pour autant. Elle saisit extrêmement vite la situation toxique autour d’elle. Elle arrive cependant à s’entourer de sa famille d’accueil qui lui apporte tendresse et oreille attentive, tout en exploitant sa quête en solitaire.

Galatéa BELLUGI est déchirante de sincérité. Emilie DEQUENNE est brillante dans le rôle de Marga, cette mère no-future qui se moque de tout. Elle interprète un personnage fort qui ne se laisse pas faire. Son personnage panique, mais sans jamais trop en montrer. Quant au personnage de Manuel, Mathieu LUCCI interprète un grand frère à la fois distant à contrecœur avec sa sœur. Lui aussi, est seul contre tous.

Légèrement inégal

Sans réel accompagnement musical marquant, le long-métrage de Christine DORY frappe par son propos et sa mise en scène, porté par des personnages marquants et ambitieux. Cependant, le film reste assez inégal dans son ensemble. On a un peu de mal à saisir certaines l’intérêt de certaines scènes et séquences, comme celle dans une rave party. Ce qui tranche avec des séquences grandioses et bouleversantes, comme l’échange entre Manuel et Rosemay au commissariat.

Cependant, les plans et les compositions de cadre sont soignés, sans être exceptionnels pour autant. Ces derniers arrivent malgré tout à nous faire rentrer dans le film de façon radicale, et c’est déjà le principal. On regrette cependant, que la fin soit quelque peu expédiée. Nous sortons du film avec une légère frustration, avec un sentiment d’inachevé. Comme si nous passons à côté du climax de la justice pour Albino et Rosemay.

Avec La Fille d’Albino Rodrigue, Christine DORY nous offre un film poignant et poussant à la réflexion quant au danger du monde dans lequel nous vivons. La cinéaste pousse le côté du fait divers en faisant un matériel cinématographique, ou même lorsque que tout est sombre et qu’on se sent seul contre tous, nous pouvons toujours compter sur nos proches. Abordant des thèmes comme la quête de soi et les relations familiales toxiques, le film est à la fois touchant et brillant, et surtout, porté par des comédiennes de talent, malgré ses quelques inégalités.

TITRE ORIGINAL : La Fille d’Albino Rodrigue
GENRE : Drame
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h33
PAYS : France
DATE DE SORTIE FR : 10 mai 2023
RÉALISATION : Christine Dory
AVEC : Emilie Dequenne, Galatea Bellugi, Philippe Duquesne, Samir Guesmi
PRODUCTION : Zadig Films
DISTRIBUTEUR FR : ARP Sélection

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