La Plus Belle Pour Aller Danser : Une comédie révélatrice

Marie-Luce Bison, 14 ans, est élevée par son père dans une joyeuse pension de famille pour seniors dont il est le directeur. C'est bientôt la soirée déguisée de son nouveau collège : son père ne veut pas qu'elle y aille… et de toute façon, elle n'est pas invitée. Mais poussée par Albert, son meilleur ami de 80 ans, Marie-Luce, s'y incruste, habillée en homme. Ce soir-là, tout le monde la prend pour un garçon… un garçon que l’on regarde et qui plait. Elle décide alors de s’inventer un double masculin prénommé Léo pour vivre enfin sa vie d’ado. Bien entendu, à la maison, la relation avec son père se complique.

Après avoir arpenté le chemin de scénariste depuis 2015 avec notamment La Famille Bélier comme fil d’arc, Victoria BEDOS prend cette fois le chemin de la réalisation avec La Plus Belle Pour Aller Danser. Et pour une première fois à la réalisation, c’est une réussite. Victoria BEDOS nous livre une comédie douce et délicate avec une pointe d’humour, sur un sujet très pointu. Le tout porté par un casting cinq étoiles, avec un Philippe KATERINE émouvant et Pierre RICHARD attendrissant, pour ne citer qu’eux.

Pour rester sur le casting, La Plus Belle Pour Aller Danser signe également la première fois à l’écran de la jeune Brune MOULIN. Alors âgée de 14 ans lors du tournage, la jeune actrice qui porte le film est pétillante et enthousiasmante. Une révélation, qui croyez-nous, ira très loin, tout comme son camarade de jeu, Loup PINARD !

Ce soir, je serai la plus belle pour aller danser !

Comment attirer le regard de celui qu’on aime quand nous paraissons invisibles à ses yeux ? C’est la question à laquelle Marie-Luce (Brune MOULIN) va tenter de répondre… à sa manière. Comme mentionné dans le synopsis, la jeune fille va tout faire pour attirer le regard du nouvel élu de son cœur, Émile, également nouveau dans son collège, qui se verra beaucoup plus populaire que notre héroïne. Le plan est simple, se déguiser et s’inventer une double vie masculine, répondant au nom de Léo.

Nous pourrions nous y méprendre, mais le film de Victoria BEDOS ne parle pas du désir d’être un garçon ou de la quête identitaire (du moins pas directement). Mais bel et bien du désir d’être aimée à travers un ce personnage inventé de toute pièce qui lui donne confiance en elle, et surtout pour être populaire et aimée. Cependant, de fil en aiguille, la situation va plus ou moins se complexifier, lorsqu’Émile tombe sous le charme de Léo. Mais alors, comment lui avouer que derrière Léo se cache l’impopulaire Marie-Luce ?

La Plus Belle Pour Aller Danser
La Plus Belle Pour Aller Danser, un film de Victoria Bedos.

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Choc des générations

Ce qu’on aime avec ce long-métrage, c’est déjà cette ambiance comique mais réaliste ou le choc des générations est mis en avant. Vivant dans un pensionnat pour personnes âgées tenu par son père, Vincent, joué par Philippe KATERINE. Un père dépassé et surprotecteur, mais nourrit d’une certaine mélancolie, presque poétique. Marie-Luce a pour meilleur ami, Albert, joué par Pierre RICHARD, l’un des pensionnaires qui est également le confident de notre héroïne. Pierre RICHARD interprète avec un personnage attendrissant et touchant.

Victoria BEDOS arrive à mettre en scène les relations entre trois générations, de la plus compréhensible à la plus éloignée des besoins émotionnels de la jeune fille de 14 ans, qui a malheureusement perdue sa mère très jeune, lui privant ainsi qu’une complicité féminine qu’elle n’arrive pas à retrouver chez son père. Impossible ici de ne pas faire le lien avec le mal-être social dont souffre la jeune fille.

Au-delà de ce mal-être, Marie-Luce est un personnage brillant, lucide et terriblement précoce, vivant avec une galerie de personnes âgées aussi uniques les uns que les autres (entre Albert, Roseline, Jean-Jacques, Henri ou encore Roger). La jeune fille est plus ou moins bien entourée pour acquérir conseils et points de vue sur la vie, mais plus particulièrement sur l’amour, au cœur de ses questionnements.

La Plus Belle Pour Aller Danser
Marie-Luce (Brune Moulin) et Albert (Pierre Richard), La Plus Belle Pour Aller Danser.

Fraîcheur et inventivité

Très prenant, poignant et touchant, La Plus Belle Pour Aller Danser, nous compte avec fraîcheur et inventivité, une quête amoureuse impossible, qui, criant de réalisme, engendre par la même occasion une crise familiale déterminante dans la relation entre Marie-Luce et son père. Malgré la tournure de certains événements, qui nous offre une sensation assez angoissante par moment, le film reste nuancé et les personnages sont tous traités avec une certaine bienveillance, qui nous rappelle que derrière une action insensée, il y a un appel à l’aide d’une manière ou d’une autre.

Le film est également bourré de références. On pensera notamment à la plus évidente, le titre du film, La Plus Belle Pour Aller Danser de Sylvie VARTAN. Ou encore Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, ouvertement mentionnée. Ou encore pour les plus cinéphiles, l’une des robes portées par Marie-Luce, rappelant celle de Mireille DARC dans Le Grand Blond avec une chaussure noire.

La Plus Belle Pour Aller Danser
Vincent (Philippe Katerine) et Marie-Luce (Brune Moulin), La Plus Belle Pour Aller Danser.

la grande première de victoria bedos

Du côté de la mise en scène et de la réalisation, Victoria BEDOS s’en sort à merveille. La mise en scène est réaliste et arrive à mettre en avant l’ensemble des personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires. Nous arrivons rapidement et aisément à saisir le caractère des personnages et à comprendre leurs actions et psychologie. La narration, fluide et limpide, nous emporte très facilement dans l’univers coloré et lumineux du film et ses personnages uniques.

Pour rester sur l’aspect cadrage, il est intéressant de noter la présence de Pierre AÏM. L’un des rares chefs opérateurs français à maîtriser les nuits américaines qui accompagnent de manière sublime les séquences dansantes de la jeune Marie-Luce. Le travail sur le cadre et la lumière est soigné, et on distingue facilement l’ambiance des différents lieux et espaces du film. Que ce soient les séquences au collège ou dans les Hortensias ou les tons de l’image sont radicalement opposés. Le tout accompagné d’une maîtrise de la mise en scène et du cadre, naviguant entre la simplicité et les prises de risques et de libertés bienvenues.

Avec ses co-scénaristes, Louis PÉNICAUT et Eulalie ELSKER, Victoria BEDOS arrive à faire converger avec habilité des problématiques différentes qui coïncident parfaitement sans la narration et aident à faire avancer l’histoire jusqu’à son dénouement. Le tout avec une prédominance musicale qui accompagne subtilement la narration. Plus qu’un outil, la musique est ici un personnage.

Avec La Plus Belle Pour Aller Danser, Victoria BEDOS signe un premier film réjouissant et bienveillant. C’est frais, c’est novateur et surtout, ça change ! Loin des comédies vues et revues, Victoria BEDOS se démarque et offre un long-métrage qui change la donne. Nous retrouvons ici un Philippe KATERINE poétique et mélancolique et un Pierre RICHARD émouvant de sincérité. Non-content de signer son premier film en tant que réalisatrice, le cinéaste dévoile pour la première fois à l’écran, la jeune Brune MOULIN. Du haut de ses 14 ans, la jeune comédienne crève l’écran et est une véritable révélation. La Plus Belle Pour Aller Danser est probablement le début d’un prodigieux duo Victoria BEDOS et Brune MOULIN !

TITRE ORIGINAL : La plus belle pour aller danser
GENRE : Comédie
TECHNIQUE : Prises de vues réelles
DURÉE : 1h32
PAYS : France, Belgique
DATE DE SORTIE FR : 19 avril 2023
RÉALISATION : Victoria Bedos
AVEC : Brune Moulin, Philippe Katerine, Pierre Richard et Loup Pinard
PRODUCTION : Lionceau Films, Bidibul Productions et Frakas Productions
DISTRIBUTEUR FR : Universal Pictures France

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