Hyouka : des mystères hauts en couleur

Jeune lycéen désabusé, Hôtarô Oreki aspire à mener une vie paisible, loin du tumulte quotidien de son établissement. Sur demande de sa sœur aînée et nourrissant l’espoir d’y trouver un havre de paix, Hôtarô rejoint le club de littérature classique afin d’empêcher sa dissolution, faute de membres. C’est alors qu’il fait la connaissance d’Eru Chitanda, une jeune étudiante pleine d’entrain et d’énergie, dont la curiosité sans bornes l’amène à enquêter sur de multiples affaires.


10 ans ! C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour enfin voir arriver Hyouka légalement en France. Sorti en 2012, l’animé à mystères était passé entre les mailles des filets occidentaux (surtout français) et demeurait depuis tel un doux rêve inatteignable pour les spectateurs francophones. Mais heureusement, cette période est désormais derrière nous grâce à ADN !

Et en dix ans, il s’en passe des choses. Réalisé par le studio Kyoto Animation (connu et reconnu pour Violet Evergarden et Silent Voice), Hyouka est l’adaptation animée des Koten-bu series, une série de romans à mystères écrite par Honobu YONEZAWA, plusieurs fois récompensé pour ses ouvrages. Le succès de l’animé a été rapide, et sa popularité n’a cessé de croître au fil des années. C’est également une des œuvres phares de son réalisateur, le regretté Yasuhiro TAKEMOTO (La Disparition de Haruhi Suzumiya, Miss Kobayashi’s Dragon Maid), l’occasion pour nous de lui rendre hommage.

Alors, qu’est-ce qui fait de Hyouka un animé aussi réputé ?

LE MYSTÈRE DES PERSONNAGES

Hyouka nous offre, dans un club de littérature classique aux allures de refuge de la vie, un panel de personnalités remarquable. Le protagoniste Oreki (nous appellerons les personnages par leur nom de famille) est un lycéen sensiblement banal, mais qui préfère mener une vie grise et morose à celle rose et archi-colorée que chaque lycéen serait censée connaître. Il cherche à “conserver son énergie” plutôt que de la gaspiller inutilement – un flemmard en somme, mais qui se justifie. En face, Chitanda se présente comme son opposée parfaite, lycéenne pleine d’énergie, souriante, et surtout terriblement curieuse. La dichotomie évidente qui éclate de leur rencontre est l’élément central de l’animé, et sert de moteur à leur progression tout au long des enquêtes qu’ils mènent.

Parce que s’il s’agit bien d’un animé à mystères, ceux-ci ne servent en réalité qu’à alimenter le cœur véritable de l’œuvre : les personnages. Contrairement aux apparences – et à ce que le marketing nous laisse croire – Hyouka est indubitablement une tranche de vie (slice of life) réaliste dans laquelle des lycéens font face à des questionnements qui vont participer à définir qui ils sont.

La rencontre de nos deux protagonistes, dès le premier épisode, est l’étincelle qui va servir à faire évoluer les personnages. Le Oreki renfermé et gris, d’abord forcé de résoudre des pseudo-mystères, va devenir au fur et à mesure de l’animé un détective plus conscient de ses capacités et surtout plus ouvert au monde autour de lui.

Eru Chitanda et Hôtarô Oreki se font face, se regardant droit dans les yeux. En fond, une grande fenêtre dévoilant un paysage illuminé, permettant de contraster avec l'aspect sombre de la pièce.
Un regard perçant (Hyouka)

UNE QUESTION D’IDENTITÉ

Chitanda n’est plus la seule curieuse du groupe, Oreki le devient aussi par la force des choses, et par la même occasion voit le ciel devant lui se dégager : le gris sinistre laisse place à un rose éclatant. Et c’est en cela que la relation entre les deux personnages nous marque. Parfaitement antinomiques, ils deviennent pourtant l’un pour l’autre les étincelles de leur vie. Chitanda cherche à comprendre ce qui fait d’Oreki la personne qu’il est, et Oreki cherche à comprendre le bonheur que trouve Chitanda à être celle qu’elle est.

Mais ces deux-là ne sont pas les seuls astres tournoyant autour du club de littérature classique. Fukube et Ibara forment l’autre paire du groupe, mue quant à elle par la relation amoureuse qui les lie. Enfin, si Fukube l’accepte. Car s’il joue le lycéen fantasque, joyeux et boute-en-train, il se cache en réalité des sentiments d’Ibara. Plus l’animé avance, plus le mal-être de Fukube se dévoile, au travers de scènes fortes. Hyouka a ce don de dévoiler, lentement mais sûrement, le soi véritable de chacun de ses personnages.

Chaque mystère sert à creuser un peu plus la psychologie des lycéens, pour mieux narrer leur progression. Hyouka dépeint, à travers ses multiples énigmes, le long parcours de ses personnages dans leur quête d’identité. C’est une histoire de compréhension, pas seulement des mystères que l’on rencontre, mais aussi de soi-même.

Eru Chitanda est ombragé par un arbre. Elle semble désabusé, perdue. Au fond, un ciel magnifique orangé, et la crête de montagnes.
Chitanda désabusé (Hyouka)

NARRATION PAR L’IMAGE

L’une des grandes forces de Hyouka est son animation. Disons-le clairement : c’est un véritable OVNI dans le milieu des séries animées, et l’une des meilleures productions qui existe. Kyoto Animation a décidé de mettre les moyens (créatifs et humains) pour faire de cet animé une perle rare de l’animation japonaise.

Yasuhiro TAKEMOTO et toute son équipe offre, durant 22 épisodes, des leçons de storyboarding, de composition d’image et de créativité. La série donne l’impression d’exploiter le mieux du monde son médium, et de jouer avec subtilité entre le pouvoir de l’image et le pouvoir des mots. Là où les productions récentes vident l’image de tout son sens, Hyouka propose une narration par l’image qui complète avec justesse les échanges romanesques de ses personnages.

Impossible de ne pas évoquer les scènes fantaisistes qui ponctuent le récit (Oreki prie dans la toile de Chitanda, le banquet, et toutes les résolutions de mystères), alternant les styles d’animation et apportant une nouvelle dimension aux épisodes, tantôt humoristique, tantôt dramatique.

Ce qui est d’autant plus fascinant, c’est que cette narration visuelle nous plonge également dans les têtes de nos chers lycéens. À vrai dire, Hyouka est un récit entièrement subjectif, toujours dépeint du point de vue d’un des personnages. Les scènes précédemment évoquées viennent affirmer cela, et appuyer leur psyché. Et plus vous revoyez les scènes, plus cet aspect de l’animé vous frappe.

Au nom de la loi, je vous arrête ! (Hyouka)

Hyouka est un animé à mystères brillant et touchant. Porté par une production merveilleuse et un staff redoublant de créativité, il offre une réflexion prolongée sur l’importance de se comprendre soi-même et d’accorder du crédit aux personnes qui nous entourent.
Un conte mélancolique et bienheureux qui vous touchera en plein cœur.

TITRE ORIGINAL : Hyôka
GENRE : Mystère, tranche de vie
TECHNIQUE : Animation
NB ÉPISODES & DURÉE : 22 épisodes + 1 OAV (25min)
PAYS : Japon
RÉALISATION : Yasuhiro Takemoto
AVEC : Yuichi Nakamura, Satomi Satô, Daisuke Sakaguchi, Ai Kayano
PRODUCTION : Kyoto Animation
DISTRIBUTEUR FR : ADN
ANNÉE : 2012
© Honobu Yonezawa, KADOKAWA SHOTEN CO.,LTD./The graduates of the classic club of the Kamiyama high school

Konata Nekoyama aime

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