Une adolescente a un pouvoir, celui de nous faire entrer dans ses rêves. Mais aussi dans ses cauchemars. Enfermée dans sa chambre, son seul rapport au monde extérieur est virtuel. Elle navigue entre fiction et réalité, guidée par une youtubeuse inquiétante et mystérieuse, Patricia Coma.
Trois ans après ZOMBIE CHILD, Bertrand BONELLO sonde une nouvelle fois les âmes adolescentes. Transportant le spectateur dans l’esprit d’une jeune fille de 18 ans (Louise LABEQUE) en plein confinement. Ouvertement dédié à Anna, COMA vacille maladroitement entre quête du libre arbitre et expérimentation fantasmagorique. Laborieux, BONELLO nous offre un film singulier, mais qui a beaucoup de mal à convaincre.
sensation de décousue
La première partie du film s’ouvre sur une sorte de lettre ouverte, celle-ci dédiée à Anna. Le tout sur fond de 10 minutes d’images d’archives abstraites et floues, le spectateur entre alors dans une zone d’incertitude. Équivalente à la période du Covid qui n’a laissé personne indifférent, mais jamais clairement évoqué dans le film. Nous entrons ainsi dans la chambre de la jeune adolescente. Enfermée dans sa chambre, avec pour seuls compagnons, ses occupations futiles à base de soap à poupées Barbie et d’une inquiétante youtubeuse.
La totalité du film navigue majoritairement entre l’étrange pouvoir de la jeune fille, et les vidéos de la youtubeuse Patricia COMA (Julia FAURE). Une sorte de vidéaste lifestyle / bien-être, vendeuse de babioles addictives comme YouTube nous en offre à la pelle. À l’instar des jeunes en plein confinement, nous naviguons avec la jeune fille entre “Youtube, poupées Barbie et visio avec les amies“. Tout comme notre héroïne entre ses quatre murs, c’est l’égarement le plus complet. Nous sommes à la fois perdus avec une narration volontairement décousue, et déconcertés devant les actions dérangeantes et non justifiées des personnages. C’est long et laborieux.
lA créativité de coma à la rescousse
Heureusement, pour palier à cette narration venue d’ailleurs, la créativité visuelle du film entre en jeu. Et c’est là où le film arrive enfin à briller. Les comédiennes, Julia FAURE et Louise LABEQUE sont remarquables. La variété des techniques exploitées, avec du stop motion, de l’animation traditionnelle et du clip vidéo est à saluer. Le format du film qui s’adapte à chaque intrigue, passant du 16:9 au 4:3 nous rappelle rapidement EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE. Bref, COMA est rempli d’idées visuelles qui changent la donne. Mais malheureusement ça ne suffit pas face aux nombreuses incohérences scénaristiques qui nous sortent du film et de notre nature de spectateur.
Alors qu’on commence à se demander ce qu’il y a à voir par ici, nous sommes tout à coup projeté dans la Free Zone. Changement soudain d’ambiance, l’épouvante lynchienne est à notre porte. Forêt sombre, âmes errantes libres comme perdues, avec pour seule ambiance sonore, un bruit sombre et des cris de douleur. Un concept surprenant, mais pas assez exploité.
Outre ses indéniables qualités visuelles, le message que souhaite nous transmettre le cinéaste est aux abonnés absents. Tel des montagnes russes, COMA est un ascenseur émotionnel. Surprennent dans sa réalisation, mais maladroit dans sa narration volontairement décousue et son message qu’il est impossible à saisir. Cette œuvre de BONELLO nous laisse sur notre faim.
TITRE ORIGINAL : Coma
GENRE : Drame
TECHNIQUE : Prise de vues réelles, Stop motion, Animation
DURÉE : 1h20
PAYS : France
DATE DE SORTIE FR : 16 novembre 2022
RÉALISATION : Bertrand Bonello
AVEC : Julia Faure, Louise Labeque, Laetitia Casta
PRODUCTION : Les Films du Bélier, My New Picture
DISTRIBUTEUR FR : New Story
© Les films du Bélier / My New Picture / Remembers