Quand Ray découvre que sa femme le trompe, il décide de mettre fin à ses jours. Il se gare sur le parking d’un motel. Mais au moment de passer à l’acte, un inconnu fait irruption dans sa voiture, pensant avoir affaire au tueur qu’il a engagé.
Peu de temps après son premier long-métrage Pom-pom Ladies pour Netflix, le cinéaste Shane Atkinson nous dévoile son premier film pour le cinéma, avec LaRoy. Un thriller tordu et déjanté aux aires Tarantinesque et Coenniene !
Where the f*** is LaRoy?!
Dès les premières minutes, le cinéaste place l’ambiance. À travers un dialogue à la fois sarcastique, drôle et morbide au possible entre un auto-stoppeur et un conducteur, sur qui des deux peuvent être un serial killer, en pleine nuit au cœur d’un désert isolée… Aussi courte soit-elle, cette séquence va pourtant donner le ton général du film : Bienvenue dans un thriller loufoque remplit de personnages aussi tordus les uns que les autres. Bref, bienvenue à LaRoy, Texas.
Mais qui trouve-t-on à LaRoy ? Ray, un homme un peu simplet. Sa femme, Stacy-Lynn, une ex-baby miss orgueilleuse, qui souhaite débloquer un prêt pour ouvrir son salon de coiffure. Et Junior, le frère cadet de Ray, qui prend constamment de haut son aîné, bien qu’ils possèdent ensemble la plus grosse quincaillerie de la ville. De l’autre côté ? Harry, notre auto-stoppeur, qui s’avère être un redoutable tueur à gage, devant régler sa prochaine affaire… Entre eux, Skip, un détective privé de pacotille au bon fond, mais sans aucune crédibilité, au point d’être le bouc émissaire préféré des shérifs de la ville.
Un beau jour, Skip apprend à Ray que sa femme le trompe avec Junoir, alors qu’il est en pleine recherche d’argent pour elle. Chamboulé, il décide de mettre fin à ses jours devant un motel miteux. Nous suivons un antihéros au fond du gouffre, déjà prêt à tout abandonner. C’est alors qu’il va croiser la route d’un inconnu par le biais d’un simple, mais redoutable quiproquo. Ce dernier pensant avoir affaire à Harry, le tueur à gage qu’il a engagé… Ainsi commence une affaire infernale qui va chambouler tout LaRoy !
Entre thriller et comédie
LaRoy, c’est ce genre de film à utiliser les codes du thriller, tout en apportant une touche de légèreté au milieu d’une situation morbide ou dangereuse au possible. Bien que chaque personnage soit détestable à leur manière, impossible de ne pas les trouver attachants, tant dans leur bêtise que dans leur ignorance des bonnes mœurs. LaRoy nous offre ici un panel de personnages atypiques et haut en couleur.
Aussi bien dans sa narration comme dans sa mise en scène, LaRoy nous rappelle des films tels que Pulp Fiction ou encore The Big Lebowski. Une comparaison notamment visible dans la manière qu’a le cinéaste à rendre improbable une situation critique à travers une touche de légèreté ou encore, plus généralement, à enfermer nos antihéros dans une espèce de gouffre infernale où chaque action pour désamorcer la crise, finie finalement par l’amplifier.
Derrière son côté thriller décalé, LaRoy peut tout aussi bien être considéré comme une comédie sombre. En effet, Shane Atkinson, nous démontre que derrière chaque situation, aussi drôle qu’elle soit, se cachent de véritables enjeux. Des familles brisées, des morts ou encore une quête pour se trouver et ne plus se voiler la face. Vous l’avez sûrement compris, ce dernier point évoque Ray, le personnage principal, pour qui cette aventure va le faire évoluer d’un ringard simplet en un homme neuf qui ne se laisse plus faire, et ne pardonne plus. Mais ce serait passer à côté du récit en ne mentionnant pas que LaRoy, malgré toutes ses péripéties aussi sombres soient-elles, reste avant-tout, une histoire d’amitié entre les deux plus grands marginaux de LaRoy, Ray et Skip.
Une réalisation presque rétro
LaRoy nous marque notamment par la beauté de sa réalisation. Comme mentionné plus haut, le cinéaste peut se vanter d’être un troisième frère Coen, celui qui s’inspire de Tarantino. Le cinéaste arrive aisément à quantifier humour, action et drame, sans jamais en faire trop ou pas assez. La narration est fluide, le rythme est maîtrisé tout en arrivant à nous introduire ses nombreux personnages grâce à leurs liens, parfois invisibles par nos antihéros. Par ce dernier point, le cinéaste nous fait bien comprendre que LaRoy, c’est un petit patelin où tout le monde se connaît et où les potins et les dramas vont vite !
L’une des forces de LaRoy se trouve dans son esthétique générale. En effet, le film nous plonge dans une ambiance complètement texane, à travers l’image, via la colorimétrie ou encore la composition des plans, jonglant entre le polar et le western spaghetti, et ses personnages authentiques, au service d’une mise en scène maîtrisée. C’est dynamique, presque novateur, on ne voit pas le temps passer et on en redemande !
Aussi déjanté que violent, LaRoy est un définitivement thriller brillant. Porté par une mise en scène excellente et par des personnages atypiques et haut en couleur au service d’une narration tout droit inspiré de Coen et Tarantino. Shane Atkinson nous livre un bijou jubilatoire, à la fois sombre et léger, mais bien sûr tordu comme on aime.
TITRE ORIGINAL : LaRoy, Texas
GENRE : Comédie, thriller
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h52
PAYS : États-Unis / France
DATE DE SORTIE FR : 17 avril 2024
RÉALISATION : Shane Atkinson
AVEC : John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker et Megan Stevenson
PRODUCTION : Adastra Films
DISTRIBUTEUR FR : ARP Sélection
© 2023 Laroy Productions LLC