Comme un lundi : “Ceci est un pigeon”

Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle… qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?


Après le documentaire Bookmark 14, qui suivait une classe de collégiens, Ryo Takebayashi reste dans la thématique du quotidien pour son premier long métrage de fiction. Cette fois, il s’intéresse à la vie de bureau avec Comme un Lundi, une comédie déjantée, maîtrisée et réalisée avec le cœur.

LE CYCLE SANS FIN DU TRAVAIL

Comme un lundi, un film Ryo Takebayashi.
Comme un lundi, un film Ryo Takebayashi.

Quiconque a déjà travaillé dans une agence ayant des clients (publicité, conseil, services numériques…) vous le dira : certaines semaines semblent interminables et sans fin. C’est justement son expérience en agence de publicité qui a inspiré Ryo Takebayashi dans l’écriture de Comme Un Lundi.

Dans un premier temps, cette expérience se ressent dans la représentation réaliste des collaborateurs de cette agence : Yoshikawa la carriériste qui frôle le burn-out, Taira le glandeur en chef, Kandagawa la secrétaire ignorée de tous, Nagahisa le patron en crise existentielle, le pigeon (il y a toujours un pigeon quelque part, ne mentez pas)…

De plus, la routine de la vie de bureau fait aisément perdre la notion du temps. Les mêmes réunions, les mêmes deadlines, les mêmes clients plus ou moins agréables… etc. Les salarié.e.s subissent un quotidien qui se répète de toute façon.

Maintenant, imaginez que vous deviez revivre la semaine la plus chargée de votre carrière.

Non, c’est une blague.

Mais imaginez quand même.

C’est exactement ce qui arrive à Yoshikawa et ses collègues. En effet, ces derniers ont tellement l’habitude des semaines chargées et des longues nuits passées au bureau qu’ils ne réalisent pas qu’ils sont enfermés dans une boucle. Du moins, au début du film.

Le montage, pour lequel le film a reçu un prix aux Japanese Movie Critics Awards 2023, est particulièrement efficace. Du fait de la structure de l’intrigue, un travail titanesque a – de toute évidence – été fourni pour rendre compte des différentes itérations de la boucle temporelle. En effet, il faut non seulement que certains éléments/moments se reproduisent à l’identique, mais qu’il y ait des différences minimes ET suffisamment visibles pour distinguer les itérations. Enfin, des points de repère sont introduits au spectateur dans un premier temps, avant de les transmettre aux personnages.

Eh oui, qui nous dit que le début du film est la première itération ? À méditer.


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LE COLLECTIF X L’INDIVIDU

Comme un lundi, un film Ryo Takebayashi.
Comme un lundi, un film Ryo Takebayashi.

Riche en références culturelles (Un Jour Sans Fin notamment, mais pas que), Comme un Lundi nous entraîne dans la quête de Yoshikawa et ses collègues vers ce qui permet de briser la boucle temporelle. De fil en aiguille, l’intrigue nous amène à nous demander ce qui nous permet d’enterrer, de manière générale, les cycles malsains et/ou qui constituent un frein à l’épanouissement :

  • Atteindre ses objectifs de carrière au détriment de ses collègues et de sa vie personnelle ?
  • Dédier sa vie au collectif au détriment de son propre bien-être ?
  • Les deux ?

Cette réflexion nous amène à ce qui est le plus grand moment d’émotion du film. Ce dernier nous montre que l’épanouissement de l’individu n’est pas décorrélé de celui du collectif, et inversement. Il nous rappelle également à notre bon souvenir que, dans la vraie vie, nous n’avons pas le privilège de pouvoir tout recommencer pour corriger ses erreurs ou ne plus avoir de regrets. L’évolution du personnage de Yoshikawa – entre autres – illustre avec brio l’adage qui dit qu’il faut prendre le temps de vivre et de “travailler pour vivre”. Pas l’inverse.

Avec sa boucle temporelle maîtrisée, des personnages hauts en couleurs auxquels on peut aisément s’identifier, beaucoup d’humour et un message qui vient du cœur, Ryo Takebayashi nous livre un premier long métrage qui vous fera passer un excellent moment au cinéma.

TITRE ORIGINAL : Mondays
GENRE : Comédie
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h24
PAYS : Japon
DATE DE SORTIE FR : 8 mai 2024
RÉALISATION : Ryo Takebayashi
AVEC : Makita Sports, Wan Marui
PRODUCTION : CHOCOLATE Inc.
DISTRIBUTEUR FR : Art House Films
©CHOCOLATE Inc.

Konata Nekoyama aime

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