Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main.
Et si la photographie c’était bien plus qu’un art ou qu’un fragment de vie immortalisé à jamais ? Mais quelque chose de bien plus profond ? Après HER LOVE BOILS BATHWATER (2016) ou A LONG GOODBYE (2019), Ryôta NAKANO nous offre un film inspirant, chaleureux et profondément humain avec LA FAMILLE ASADA. Le film est inspiré de l’histoire vraie du photographe Masashi ASADA, reconnu dans le monde entier grâce à ses clichés uniques mettant en scène sa famille. Plus qu’un simple biopic ou feel good movie, l’œuvre de Ryôta NAKANO est un bijoux, voire plus, un diamant brut d’émotions fortes. Une merveilleuse ode à la famille et à la puissance du moment présent.
Après avoir conquis le public japonais avec plus d’un million d’entrées, LA FAMILLE ASADA arrive dans les salles françaises ce 25 janvier. Et une chose est sûre, l’histoire de Masashi ASADA ne laissera personne indifférent. Le film à d’ailleurs remporté le Soleil d’or lors de la dernière édition du festival Kinotayo.
ode à la famille
Au cœur du film, la famille ASADA, mais plus exactement les albums de Masashi qui l’ont fait connaître. En effet, ASADAKE! et ALBUM NO CHIKARA sont les livres à l’origine du film. À travers les pages du premier album, nous admirons la manière dont Masashi réalise les rêves de chacun des membres de sa famille à travers des mises en scènes drôles et poétiques. Réaliser le rêve de son père, celui d’être pompier; celui de sa mère, être femme de yakuza ou de son frère, être pilote de Formule 1. Ryôta NAKANO nous invite avec dans la délicate nostalgie familiale des ASADA, ou comment la magie de l’album ASADAKE! est née.
Le second album témoigne non sans émotion de l’expérience du photographe dans un groupe de bénévoles. Suite du tsunami qui a touché l’Est du Japon en 2011. Ici, tout comme la vie de Masashi, le film prend une tournure radicalement forte. Où la puissance émotionnelle de la photographie y est démultipliée.
album de famille cinématographique
Au-delà de l’amour photographique et familial, LA FAMILLE ASADA nous présente un héros qui évolue au fil du temps. Pour se faire, le véritable Masashi ASADA a conté sa vie au cinéaste, lui évoquant les plus importants et plus intimes moments de sa vie. Basée sur ces échanges, la véritable famille ASADA s’est retrouvée plusieurs fois avec les comédiens du film. Selon Masashi, ces échanges ont permis à sa famille de transmettre leur énergie aux acteurs, et ça se ressent ! Les comédiens sont tous excellents, notamment Kazunari NINOMIYA qui interprète Masashi.
Les relations entre les personnages sont brillamment travaillées, nous permettant de parfaitement comprendre la narration et les actions de ces derniers. Des reproches de Yukihiro (Satoshi TSUMABUKI) sur l’avenir de Masashi. Les réprimandassions de la mère, Junko (Jun FUBUKI) qui n’arrête pas pour autant son fils. La forte complicité entre Masashi et son père, Akira (Mitsuru HIRATA). Ou encore les ultimatums de sa copine de toujours, Wakana (Haru KUROKI). Chaque personnage est bourré de bienveillance envers Masashi, lui permettant d’aller de l’avant à son rythme.
La première partie du film se focalise sur les années qui défilent. De la première photo de Masashi à 12 ans, jusqu’à son évolution de photographe de renom, le spectateur sera petit à petit pris de nostalgie en voyant les protagonistes évoluer. Nous assistons à la jeunesse de Masashi, découvrant dès son plus jeune âge sa passion pour la photographie transmise par son père. Cette première heure nous permet de découvrir un héros qui se cherche, tout en réalisant les souhaits de sa famille. Masashi est un personnage amusant et aimé de tous, mais qui a malheureusement tendance à se laisser aller. De son côté, son frère Yukihiro, évolue. Insistant et se donnant les moyens pour trouver un job à son petit frère, en vain. Ce dernier sait ce qu’il veut, mais il se cherche, encore et toujours.
Prendre sa vie en main
Peu avant la moitié du film, notre jeune photographe décide finalement de prendre sa vie en main en partant pour la grande ville, Tokyo. Prenant pied-à-terre chez sa copine Wakana, nous admirons la manière dont Masashi essaye d’évoluer tant bien que mal. Notre protagoniste jongle entre ses recherches de boulot de photographe (en studio ou dans un journal) et les quêtes de galeries pour s’exposer. Masashi va petit à petit réussir à se faire un nom à force de persévérance avec l’aide précieuse de Wakana. Sa détermination sans faille frôle l’admiration. Nous ne pouvons que l’encourager.
Peu de temps après avoir édité son album ASADAKE!, le photographe se verra remettre le prestigieux prix Kimura Ihei de 2008. Suite à cette récompense forte en émotion, Masashi va se mettre en free-lance et vivre enfin de sa passion. Son activité photographique va lui permettre d’immortaliser des clubs, des individus ou encore des familles. De la symbolique photo de rentrée d’école de la jeune Sakura à la famille souhaitant s’immortaliser une dernière fois avec leur jeune enfant atteint d’une maladie incurable. À l’image de notre héros, le spectateur est touché par l’humanité des situations, des échanges poignants jusqu’aux mises en scènes d’une poésie simple mais profondément humaine. Mais quelque chose le dérange, nous ressentons intrinsèquement son envie et sa quête de laisser une trace concrète sur cette terre.
La photo pour seule mémoire
Mars 2011, l’Est du Japon est ravagé par le tsunami qui a marqué le monde entier. La seconde partie du film va se concentrer sur l’initiative du photographe à se rendre sur ces lieux désolés. Il accepte pour mission de sauver et nettoyer des photos et des albums de familles perdus, dans le but de les restituer à leurs propriétaires. Ainsi, Masashi s’arrête de photographier pour se concentrer sur ces blocs d’informations intimes. Et c’est là que l’importance de cet art y est démontrée, lorsque de simples photos de vacances, de famille ou de photos de classe peuvent devenir un souvenir inestimable. La photo est le seul espoir de garder une trace de nos proches disparus. Qu’on soit un père de famille à la recherche de la dernière trace sa fille ou une jeune fille à la recherche de son père…
C’est ici que la vie de Masashi va prendre une tournure radicalement forte, s’inspirant à une activité bénévole totalement désintéressée. Ici, il ne crée plus, il récupère, sauvegarde et rend. Masashi devient un sauveur de souvenirs au service d’une population qui a besoin de se souvenir de ses proches disparus. Ryôta NAKANO ne va pas se concentrer sur la catastrophe en lui-même. Mais sur comment la photo peut avoir une importance capitale dans les liens qui unissent les êtres.
Une réalisation soignée
La force du film réside dans sa réalisation soignée pleine de nostalgie. Ryôka NAKANO nous offre ici un parfait mariage entre la photographie et le cinéma. Puisque chacune des sessions photo de Masashi (avec sa famille et ses prestations) sont suivies par la photo finale. Rejouant avec brio les clichés originaux des albums d’origine, que le cinéaste s’est mis à cœur de reproduire. Le film joue avec la temporalité, puisque c’est le grand-frère de Masashi, Yukihiro qui nous introduit l’histoire. Dès le départ, nous suivons sa jeunesse, celle de Masashi et sa copine Wakana. Mais Ryôta NAKANO ne se perd pas, il sait où emmener le spectateur. Et tout naturellement, c’est Masashi lui-même qui reprend la narration pour conclure le film.
La direction artistique est à la fois simple mais efficace. Le rythme soutenu et le montage sont soignés. Nous sentons l’envie du réalisateur à ne pas vouloir faire trop dans le spectaculaire visuel à base de plans et de mouvements phénoménaux. Le cinéaste reste dans la simplicité, donnant un rôle plus important à l’histoire et à ses protagonistes. Cependant, il ne se prive pas de compositions de plans et de cadrage photographique. Une chose qu’on remarque notamment lors des sessions photos de Masashi.
LA FAMILLE ASADA nous projette dans un véritable florilège d’émotions fortes. Du rire au larme, l’œuvre de Ryôta NAKANO ne laissera définitivement personne indifférent. Le cinéaste nous conte avec éloquence l’histoire de ce photographe unique qu’est Masashi ASADA ou l’homme qui ne photographie pas un modèle, mais immortalise sa personnalité à 100%.
LA FAMILLE ASADA est bien plus qu’un simple biopic ou feel good movie. C’est une œuvre soignée et transcendante, nous contant la vie d’un artiste surprenant avec son profond rapport à la famille et à la puissance du moment présent. Ryôta NAKANO nous offre ici une ode à la famille et à la photographie, inspirée d’une histoire vraie. Du rire aux larmes, c’est un film inspirant, chaleureux et profondément humain, qui ne laissera personne indifférent.
TITRE ORIGINAL : Asadake!
GENRE : Comédie, Drame, Famille
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 2h07
PAYS : Japon
DATE DE SORTIE FR : 25 janvier 2023
RÉALISATION : Ryôta Nakano
AVEC : Haru Kuroki, Kazunari Ninomiya, Masaki Suda, Satoshi Tsumabuki
PRODUCTION : TOHO
DISTRIBUTEUR FR : Art House Films
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