La Salle des profs : Quand la tension s’empare de l’éducation

Alors qu’une série de vols a lieu en salle des profs, Carla Nowak mène l’enquête dans le collège où elle enseigne. Très vite, tout l'établissement est ébranlé par ses découvertes.

Pour son nouveau film, le réalisateur Ilker Çatak nous emmène au cœur d’une affaire de vol qui va retourner tout un établissement scolaire… Bienvenue dans La Salle des profs. “Puissant”, “violent” et “poignant” sont trois mots idéals pour décrire ce film dans lequel une simple affaire va prendre des proportions énormes où élèves et enseignants se confrontent dans une guerre de diffamation et de liberté. Un long-métrage, qui, dans une moindre mesure et dans un tout autre contexte, nous rappellera l’excellent film La Vague de Dennis Gansel.

D’une affaire de vol à des accusations

Dès les premières minutes, le film pose son contexte : ambiance lourde, suspicion de vol, accusations… Le tout dans une espèce de huis clos où un groupe d’enseignants invitent les délégués de classe à dévoiler le nom d’un suspect dans une affaire de vol. Alors qu’on pourrait qualifier cette méthode d’anonyme, celle-ci prend tout de suite en ampleur lorsqu’un contrôle des portefeuilles des élèves, digne d’une enquête judiciaire, a lieu en plein cours. Ainsi, la jeune enseignante Carla Nowak (interprétée avec brio par Leonie Benesch), fraîchement débarquée dans l’établissement, constate certains agissements étranges dans la salle des profs, lieu pourtant marqué d’une certaine sagesse ; car c’est bien connu, les membres du corps enseignant ne volent pas… Enfin, presque ?

Alors que cette affaire de vols est connue de tout le collège, Carla Nowak lance une initiative pour tenter de résoudre cette affaire… Mais malheureusement, cette décision se retourne contre elle, et prend une tournure absolument dévastatrice. Entre accusations sous preuves non recevables, tension avec le corps enseignant, les élèves et les parents d’élèves, remise en question de la liberté d’expression… La Salle des profs met une scène, avec une crédibilité à toute épreuve, la violence que peut prendre une affaire dans un établissement scolaire et les failles d’une justice à base d’accusations et de preuves non recevables.

La Salle des profs, un film de Ilker Çatak.

Une descente aux enfers psychologique

Tout au long du film, nous suivons la descente aux enfers de l’enseignante. D’abord dans un cadre totalement interne à l’administration, l’affaire s’ébruite jusqu’aux oreilles de ses élèves, de leurs parents, ainsi qu’à tout l’établissement. Bien sûr, La Salle des profs ne s’inscrit nullement dans un cadre classique du méchant contre le gentil. Car ici, nous suivons bel et bien deux camps, croyant chacun à leur interprétation de la vérité.

Impossible de ne pas ressentir une profonde empathie envers Carla Nowak, dépassée par les événements. Tout au long du film, l’enseignante se voit accuser de diffamation et de racisme. Elle subit une violence psychologique pure, en maîtrisant une situation qui était déjà incontrôlable. Ces conséquences se répercutent également sur l’un de ses élèves, pourtant en tête de ce mouvement de rébellion.

Enfin, bien qu’il soit difficile de saisir la conclusion, ne vous attendez pas à voir de manière concrète le dénouement de cette affaire de vols. En effet, cette affaire n’est que prétexte pour nous conter un récit sur le harcèlement et la gravité des accusations sans preuves ou non recevables et surtout…leurs conséquences, où même tout un corps enseignant peut perdre le contrôle.

Une réalisation facteur de tension

La réalisation de Ilker Çatak est subtile et maîtrisée. En effet, le cinéaste joue sur la mise en scène pour entretenir et alimenter la tension régnante dans l’établissement, sans jamais en sortir physiquement. Bloqué dans une ambiance pesante aux couleurs ternes, le film se joue sous la forme d’un huis clos, où nous ne sortons jamais du collège. Le cinéaste ne souhaite pas nous faire connaître les personnages dans leur sphère privée ; il fait le choix de nous faire suivre ses personnages qu’à la première personne au sein de l’établissement, ne nous laissant pas le temps de décompresser et alimentant ainsi cette tension et cette pression qui ne cessent de s’accroître à chaque seconde du récit.

Par ailleurs, non sans une certaine ingéniosité, La Salle des profs joue sur les cadres et des effets de mouvements. Offrant ainsi une réalisation soignée qui se permet de renverser la réalité en rendant presque réel les angoisses de l’enseignante. Du côté de la musique, le film ne nous offre pas de grands morceaux. Ilker Çatak préfère tout miser sur sa narration et sa réalisation, en rendant aussi réaliste et neutre que possible son récit, au détriment d’un accompagnement musical marquant.

La Salle des profs, un film de Ilker Çatak.

Avec La Salle des profs, Ilker Çatak nous livre un long-métrage définitivement puissant et troublant. Impossible de reprendre son souffle tant nous sommes transportés dans cette affaire de vols qui prend une tournure dévastatrice. Avec sa mise en scène maîtrisée, jouant sur la tension omniprésente, impossible de ne pas être empathique envers Carla Nowak. Cette professeure, qui, à cause de son initiative malheureuse, va subir une pression psychologique en se retrouvant au cœur d’un conflit entre le corps enseignant et les étudiants. Enfin, en abordant des thématiques telles que la diffamation et le harcèlement, La Salle des profs est un film qui frappe fort.

TITRE ORIGINAL : Das Lehrerzimmer
GENRE : Drame
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h39
PAYS : Allemagne
DATE DE SORTIE FR : 6 mars 2024
RÉALISATION : Ilker Çatak
AVEC : Leonie Benesch, Michael Klammer et Rafael Stachowiak
PRODUCTION : if… Productions Film
DISTRIBUTEUR FR : Tandem

Konata Nekoyama aime

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Konata Nekoyama aime