Sabotage : L’art de passer à l’action

Face à l’urgence écologique, un groupe de jeunes activistes se fixe une mission périlleuse : saboter un pipeline qui achemine du pétrole dans tous les États-Unis. Car parfois, le seul moyen d’être entendu est de passer à l’action.

Quand le danger climatique est aux portes de l’humanité, seules les actions comptent. Avec son nouveau long-métrage, Sabotage, Daniel Goldhaber et Ariela Barer adaptent avec brio le manifeste choc How To Blow Up A Pipeline d’Andreas Malm. Sabotage nous conte la quête d’un groupe de jeunes prêts à tout pour faire changer les choses à leur façon.

Un film choc et explosif

Le film nous met en avant un groupe de jeunes qui décident de passer à l’action en faisant sauter un pipeline. Une quête de vengeance périlleuse et calibrée, porté par une variété de personnages meurtris par les retombées de ces installations. D’un côté, un père de famille privé de ses terres, une jeune étudiante atteinte d’un cancer, un autre militant fou de rage de voir ses terres natales détruites… À chacun leurs raisons, nous assistons au passage à l’action d’un groupe qui en a gros.

À l’image de la dangerosité de leur action, Sabotage ne se présente pas comme un long fleuve tranquille. Nous sommes constamment dans la pression et dans l’angoisse. Le film arrive à nous tenir en haleine tout du long en arrivant à s’entrecouper de temps en temps avec les backstories des personnages. Ces coupures importantes nous permettent de découvrir la formation de ce groupe, qui se retrouve pour la première fois en décembre dans un Texas lourd et insalubre dans le but de mener à bien leur mission. Un découpage à la fois pertinent et intelligent et qui arrive à maintenir le rythme. Bien que ce choix de découpage puisse également paraître un peu lourd pour certains.

Un film qui n’appelle pas au sabotage

Bien qu’on pourrait croire que le film veuille mettre en avant le passage à l’acte, il ne faut pas se tromper. Sabotage n’est pas une propagande ou un appel à l’action. Le film reste réaliste et nous démontre que nous ne sommes pas au pays des Bisounours. Leur action, à la fois pénible et répréhensible, est un appel à notre propre réflexion sur notre façon de consommer ainsi qu’à notre dépendance aux industries pétrolières et à tout ce qui s’en rapproche. Nos protagonistes savent que leur acte n’est qu’un pavé dans un océan d’indifférence, qui n’aura que pour résultat un message aux industriels que leurs installations ne sont pas invincibles. Quand bien même, le message est passé, mais à quel prix ?

Du côté de la réalisation, le film est plutôt bien rythmé, avec un montage brutal et un dynamisme bien dosé où le suspens et la tension sont encrés au cœur de la narration. Bien qu’on puisse regretter un début un peu trop expéditif, le film arrive à tenir sur la longueur tout en mettant en avant l’ensemble de ses personnages et leurs convictions.

Sabotage est un long-métrage choc. Un film qui sait où frapper en mettant en avant des personnages forts et meurtris. Malgré un début un peu expéditif, le film arrive à nous tenir en haleine sans problème. Sabotage est une très bonne adaptation du manifeste éponyme d’Andreas Malm, qui appelle à la réflexion sur l’urgence climatique actuelle.