Suzume : Le road-trip fantastique de Makoto Shinkai

Dans une petite ville paisible de Kyushu, une jeune fille de 17 ans, Suzume, rencontre un homme qui dit voyager à la recherche d’une porte. Décidant de le suivre dans les montagnes, elle découvre une porte délabrée trônant au milieu des ruines, seul vestige ayant survécu au passage du temps. Cédant à une inexplicable impulsion, Suzume tourne la poignée, et d'autres portes s'ouvrent alors aux quatre coins du Japon, laissant passer toutes les catastrophes qu'elles renfermaient. L'homme est formel : toute porte ouverte doit être refermée. Suzume s'est égarée où se trouvent les étoiles, le crépuscule et l'aube, une voûte céleste où tous les temps se confondent. Guidée par des portes nimbées de mystère, elle entame un périple afin de toutes les refermer.

Après Your Name. et Les Enfants du Temps, le réalisateur Makoto SHINKAI nous embarque dans un road-trip fantastique au cœur du Japon. Entre mythologie nippone et modernité du genre, le cinéaste rompt en quelque sorte avec la formule narrative de ses précédents films. Ici, pas de duo amoureux traversant météorites et tempêtes, mais bien une quête en quasi-solitaire à travers le pays, portée par la jeune Suzume, pour sauver le Japon !

Là où Les Enfants du Temps s’était plus ou moins construit une réputation d’être un copier/coller de Your Name (à notre sens, une réputation non justifiée), Suzume tranche complètement avec les deux derniers films de Makoto SHINKAI. Ici pas d’innombrables personnages ou d’intrigue amoureuse, le fantastique et l’avenir du Japon tout entier est au cœur du film. Le tout, en s’inspirant des mythes, légendes et catastrophes naturelles qui frappent le pays. Impossible ici de ne pas faire écho au tremblement de terre de 2011.


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road-trIp à la shinkai

Au cœur du film, la jeune Suzume, qui est probablement l’un des meilleurs personnages de l’univers SHINKAI. Intrépide, courageuse et forte, la jeune fille porte à elle seule cette quête spectaculaire de refermer les portes avec pour seule aide, Souta, l’homme chargé de veiller à ce que chaque porte de ce genre soit fermée. Malheureusement, il n’est pas d’une grande aide physique.

Mais c’est quoi cette histoire de portes nous demandez-vous ? Ces portes sont le point d’accès vers un autre monde : celui des esprits. Un monde qui renferme une créature déchaînée ; enfermée à l’intérieur depuis des centaines d’années. Chaque porte ouverte est une occasion pour elle de se libérer et causer de puissants séismes capables de ravager la plus sécurisée des villes : Tokyo. Mais qui s’amuse donc à ouvrir des portes aux quatre coins du pays ? Un malicieux gardien des portes libéré par la jeune Suzume qui va causer bien du souci à notre duo.

Ce qu’on apprécie notamment dans ce long-métrage, c’est la manière dont le fantastique est amené de manière crescendo et crédible dans la narration. Que ce soit via la façon d’amener cet aspect au sein du scénario ou encore la façon dont Suzume prend le temps d’encaisser ces événements pour au final s’y accommoder et aller de l’avant. La manière dont la relation évolue entre Souta et Suzume est crédible et nous permet de vraiment nous attacher à eux.

Suzume, une héroïne au cœur de son film

Makoto SHINKAI place son héroïne, Suzume, au cœur du film, et ça se ressent. Se concentrant sur un nombre limité de personnages (contrairement aux Enfants du Temps), nous avons beaucoup plus de temps pour nous attacher à l’ensemble des personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires. Ici, l’humain est véritablement mis au premier plan. Au fil de son road-trip du Kyushu jusqu’à Tohoku en passant par Tokyo, la jeune fille va faire moult rencontres qui vont énormément lui apporter. De quoi transformer la chasse à Dajin (qui n’est pas qu’une petite mascotte attachante) en une véritable mise en avant de l’omotenashi, l’hospitalité légendaire propre au Japon.

Non-content d’être un film fantastique porté par une héroïne forte, Suzume fait presque office de guide touristique. Comme une tradition dans les films du cinéaste, Suzume ne fait pas figure d’exception aux décors magnifiques et enchanteurs. Véritable signature visuelle, Makoto SHINKAI nous offre une variété de paysages ruraux et urbains aussi réalistes que magiques. Tout comme Your Name, avec ses météorites/étoiles filantes, on ne peut qu’être admiratif devant le travail de composition des cadres et des éléments visuels, ici avec le fameux ver, l’élément tragique du film. Et comme toujours chez le cinéaste, les fans les plus pointilleux vont remarquer sans difficulté les quelques références cachées à Your Name et aux Enfants du Temps.

beauté visuelle et humaine

Même si nous n’avons pas ressenti ce même frisson que nous avons eu devant Your Name ou Les Enfants du Temps, Suzume reste une œuvre grandiose. Presque comme si le cinéaste avait saisi les quelques défauts de ces précédents films pour en faire ici une force. Suzume est un film visuellement impressionnant. Mais ce qui fait les œuvres de Makoto SHINKAI, ce n’est pas la qualité de l’animation en règle générale. Ici, c’est un ensemble de points travaillés de façon minutieuse et les talents du staff qui forment cette qualité. Outre les décors, la grande force visuelle du film, c’est son compositing. La composition des plans arrive à saisir l’importance du décor implanté et l’action des personnages. Le travail sur la lumière et les effets visuels de Ryosuke TSUDA est pointu et maîtrisé. Et le chara-design, toujours au niveau de ce qui se fait de mieux chez Makoto SHINKAI.

MAKOTO SHINKAI, TOUJOURS AU TOP

Parfaitement rythmé, le film arrive facilement à naviguer entre les séquences d’actions et de répits. Le tout en incluant cette touche d’humour et de tendresse, comme nous aimons retrouver chez le réalisateur. On ne sent aucunement passer les deux heures de film, tant nous sommes transportés dans cet univers fantastique. Malgré quelques incohérences narratives, Makoto SHINKAI signe ici une œuvre à la réalisation impeccable. Et comme toujours, on retrouve le groupe Radwimps à la bande originale, accompagné de Kazuma JINNOUCHI. Ensemble, ils nous proposent ici, de fabuleux titres entre le traditionnel et la tranche de vie. Transposé aux effets sonores de Mizuki ITO, ce long-métrage arrive avec brio à nous transporter visuellement et auditivement, de manière telle que le thème principal du film, “Suzume” hantera le spectateur bien après le visionnage.

Présenté comme l’événement de l’année par Crunchyroll, avec une sortie nationale en collaboration avec Eurozoom et Sony Pictures, nous espérons plus tard une édition vidéo à la hauteur de cette distribution cinéma et de ce qu’a fait All The Anime avec les précédents films du réalisateur. À savoir de belles éditions collectors (en plus des éditions standards) incluant le master 4K que nous avons eu avec Your Name. et Les Enfants du Temps ! La balle est dans votre camp, Crunchyroll. Ne nous décevez pas !

Après Your Name. et Les Enfants du Temps, Makoto SHINKAI signe encore un chef-d’œuvre ! Entre magie et fantastique, le cinéaste nous entraîne pendant deux heures aux côtés de Suzume, une héroïne forte et pétillante comme on aime en découvrir ! Néanmoins, le film ne nous a pas autant éblouit que ces prédécesseurs. Malgré tout, Suzume reste un pur délice visuel et sonore qui saura transporter le plus récalcitrant des spectateurs, tant la magie Makoto SHINKAI opère de manière efficace !

TITRE ORIGINAL : Suzume no Tojimari (すずめの戸締まり)
GENRE : Aventure, Fantastique
TECHNIQUE : Animation 2D
DURÉE : 2h02
PAYS : Japon
DATE DE SORTIE FR : 12 avril 2023
RÉALISATION : Makoto Shinkai
AVEC : Eri Fukatsu, Koshiro Matsumoto, Shôta Sometani
STUDIO D’ANIMATION : CoMix Wave Films Inc.
PRODUCTION : CoMix Wave Films Inc., STORY inc.
DISTRIBUTEUR FR : Eurozoom, Crunchyroll & Sony Pictures
© 2022 “Suzume” Film Partners

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