Rewind & Play : Un documentaire criant de vérité

Décembre 1969, Thelonious Monk arrive à Paris. Avant son concert, il enregistre une émission pour la télévision française. Les rushs qui ont été conservés nous montrent un Thelonious Monk rare, proche, en proie à la fabrique de stéréotypes auxquels il tente de s’échapper.

Rewind & Play est un sublime documentaire signé Alain GOMIS. Un scénariste et réalisateur franco-sénégalais. Il a réalisé en 2013, le long métrage Aujourd’hui qui a remporté le Léopard d’Argent au Festival de Locarno. En 2017, Felicite, obtient le Grand Prix du Jury de la compétition, et l’Étalon d’Or du Fespaco pour la deuxième fois. Ce film représente aussi le Sénégal aux Oscars où il est shortlisté pour l’Oscar du Meilleur Film International.

Thelonious Monk, qui es-tu ?

Thelonious MONK est né le 10 octobre 1917 en Caroline du Nord et est décédé le 17 février 1982 dans le New Jersey. C’est un pianiste et compositeur américain de jazz qui en a fait de nombreux standards. En 1941, il est pianiste dans un club de Harlem. Il devient par la suite très populaire et influence beaucoup le développement du bebop. En 1948, il se marie avec Nellie SMITH qui le suivra presque dans tous ses déplacements. Rejeté par les critiques et le public, il ne rencontra vraiment le succès qu’en 1959, avec The Thelonious Monk Orchestra at Town Hall. Ensuite, le 27 juillet 1959, il enregistre six compositions, et un blues pour le film Les Liaisons Dangereuses de 1960 réalisé par Roger VADIM. C’est à partir de là que le succès retentit et qu’il fut reconnu par la presse et le public.

De la fiction au documentaire

Alain GOMIS voulait réaliser un film de fiction sur Thelonious MONK. Il a réussi à avoir par l’INA, de l’émission Portrait de Jazz : Thelonious Monk enregistrée le 15 décembre 1969 à Paris avec plus de deux heures de rushs. Au moment du tournage, Thelonious MONK vient de finir une tournée européenne où il joue 6 jours sur 7. On apprend aussi que l’enregistrement a eu lieu la veille d’un concert.

En conclusion de son interview, Alain GOMIS a trouvé que l’émission était représentative de la famille du musicien. Mais, par contre, les rushs montraient qu’il était manipulé par le présentateur (qui était en fait un pianiste). En effet, dès que Thelonious MONK disait une chose qui ne lui convenait pas, il traduisait et reformulait comme ça l’arrangeait. Le montage montre le point de vue des deux personnes. On appréciera les choix du réalisateur Alain GOMIS. Notamment grâce à son montage, on voit ce qu’a vécu Thelonious MONK durant toute sa carrière (et peut être d’autre célébrité) comme lui. Une instrumentalisation et une vie dictée et choisie par la télé.

En effet, il y a une énorme différence entre les rushs et ce que nous montre l’émission finale. Le présentateur le reprend souvent sur certains sujets de sa vie ou de ses réponses par exemple au sujet de notre pays. Des points particulièrement attristants, puisque ce n’était pas ça que l’artiste voulait dire ainsi que son ressenti. Cependant, les passages de Thelonious MONK qui joue du piano sont émouvants, c’est là où se révélait ses réelles émotions et pensées. Dans ces moments précis, il est à penser que personne ne pourrait influencer les artistes, quand ils composent du jazz et d’autres musiques, ils dévoilent leurs vrais sentiments.

En voyant Rewind & Play, nous ressentons le désarroi et l’incompréhension de Thelonious MONK sur ce qu’il vivait à l’époque. Malgré cela, Alain GOMIS a su nous montrer la véritable personnalité du musicien, un homme humble et qui reste calme malgré ce qu’il vit. Alain GOMIS nous offre un documentaire brillant où nous découvrons l’artiste tel qu’il était et ses magnifiques interprétations au piano.