En ces contrées lointaines, Oursons et Licornes sont en guerre depuis toujours. Le soldat Célestin a soif du sang des Licornes, clé de la beauté éternelle selon le Grand Livre Sacré. Son frère Dodu, lui, n’aime pas la guerre, il préfère les myrtilles et les câlins. Mais la bataille finale approche. Une unité d’oursons inexpérimentés quitte le camp d’entrainement pour une mission commando dans la Forêt Magique. Seront-ils à la hauteur ?
Et si Apocalypse Now et Full Metal Jacket rencontrent Bambi ? Incongru me direz-vous ? Et pourtant, laissez-vous tenter par la fable tragi-mignon d’Alberto VÁZQUEZ. Aussi violent que remarquable, Unicorn Wars est une véritable critique de la guerre et des conflits géopolitiques religieux. Peu importe sa direction artistique qui fera penser à un adorable dessin-animé, Unicorn Wars n’est pas à mettre entre toutes les mains.
Une bonne licorne est une licorne morte
Unicorn Wars nous plonge dans une univers aux allures mignonnes. Licornes magiques, nounours adorables ayant pour rythme de vie les gros câlins d’amours et les myrtilles. Mais il n’en est rien ! Alberto VÁZQUEZ cache bien son jeu derrière sa direction artistique adorable et son côté conte de fée. Unicorn Wars, c’est le conte d’une guerre éternelle et particulièrement violente entre les Oursons et les Licornes. Ou une allégorie sur l’être humain et sa relation conflictuelle avec la nature. Une critique édulcorée sans trop l’être des guerres géopolitiques et religieuses, mais qui n’en reste pas moins d’une violence extrême.
Une guerre sans merci qui va influencer le destin des soldats Dodu et Célestin, deux frères tantôt soudés, tantôt traîtres. Le premier a soif du sang des licornes, quand le second, qui n’aime pas la guerre, préfère les tartes aux myrtilles. Deux frères, acteurs d’une bataille finale ancestrale, dont l’un cache en lui un terrible secret de famille en rapport avec le décès de leur mère. On apprécie d’ailleurs le développement narratif des deux frères, notamment l’évolution de leur relation et surtout la mise en lumière de leur déchirante backstory. Une backstory parfaitement construite qui s’impose à travers de nombreux flashbacks. Elle permet ici de justifier aux bons moments les éléments de l’intrigue et le comportement de Célestin envers son frère Dodu, qu’il humilie sans vergogne.
À l’image de nos deux héros, Unicorn Wars nous introduit des personnages tous différents et profondément marquants, aussi adorables que détestables. Comme Célestin ou encore l’intransigeant Général Otto, qui nous rappellera sans mal le sergent instructeur Hartman de Full Metal Jacket. Les jumeaux Câlinou et leur narcissisme sans faille ou encore le prêtre religieux de l’unité à la voix et aux jugements impénétrables.
Câlin d’amour sur la direction artistique
Parfois mignon, majoritairement violent, Unicorn Wars utilise et exploite avec inventivité les codes de l’enfance (direction artistique mignonne, cœurs partout, oursons colorés et câlins et licornes magiques) pour épaissir le contraste avec la violence démesurée d’une guerre sans queue, ni tête où personne n’en sortira indemne. L’importance de ce choix artistique réside dans l’envie du cinéaste d’aborder de manière grinçante et avec autodérision les travers du monde contemporain qui nous entoure. Que ce soit le pouvoir avec le lobby de la guerre ou encore la religion, point de départ d’un conflit ancestral, dont le pouvoir est personnifié par le prêtre religieux de service.
Une réalisation explosive
La réalisation est techniquement impeccable. Utilisant avec soin sa direction artistique pour se permettre des plans et des mouvements de caméra immersifs. Le film est un mélange d’animation 2D et 3D, notamment pour les licornes qui sont animées sous Blender. Le cinéaste arrive à laisser suffisamment de place aux personnages, aux décors et à la musique. Puisqu’ici, chaque élément est important pour fixer l’intrigue et l’ambiance. Des décors qui changent de couleur, s’assombrissant au fil du film à la musique de plus en plus grave. On pensera également à la qualité immersive du sound design, qui transportera le spectateur au milieu du champ de bataille.
La narration est maîtrisée avec brio, permettant de placer le contexte de l’univers. Notamment les origines de la guerre, les relations entre les personnages de Dodu et Célestin. Le spectateur ne sera donc pas perdu par les actions et le comportement des personnages. Le montage d’Iñigo GÓMEZ et Estanis BAÑUELOS est pertinent et intelligent. Ce dernier arrive à saisir le moment idéal pour placer des flashbacks utiles à la narration.
Le montage réussit parfaitement à s’adapter aux ambiances et aux situations. Tantôt doux pour les scènes de vie quotidiennes, tantôt rapide et nerveux pour les scènes de guerre. Tel un véritable champ de bataille, le spectateur sera sonné par la violence extrême et sans limite de ces derniers. Démembrement, cannibalisme, explosion, ça gicle et ça pète de partout à en perdre la tête. Alberto VÁZQUEZ démontre que peu importe la manière dont elle est présentée, la guerre est une atrocité écœurante où au final, tout le monde est perdant.
Au-delà de son aspect conte de fée, Unicorn Wars est une critique du pouvoir, de la guerre et de la religion. Le réalisateur et directeur artistique, Alberto VÁZQUEZ utilise avec brio les codes de l’enfance. Lui permettant de dénoncer les vices de notre société contemporaine de façon violente et viscérale. Unicorn Wars dénonce les dérives de la religion et la glorification de la guerre et la misère qui en découle. Avec sa narration et son montage soignée, le spectateur n’aura aucun moment de répit avec ces personnages bourrés de vengeance.
TITRE ORIGINAL : Unicorn Wars
GENRE : Animation, Fantastique, Aventure, Drame
TECHNIQUE : Animation 2D
DURÉE : 1h32
PAYS : Espagne, France
DATE DE SORTIE FR : 28 décembre 2022
RÉALISATION : Alberto Vázquez
AVEC : Pierre Bodson, Philippe Allard, Thierry Janssen, Philippe Résimont et Patrick Waleffe
PRODUCTION : Abano, Autour de Minuit, Schmuby et Uniko
DISTRIBUTEUR FR : UFO Distribution
INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS