Le Serment de Pamfir : Un premier film fort et brutal

Dans une région rurale aux confins de l’Ukraine, Pamfir, véritable force de la nature, retrouve femme et enfants après de longs mois d’absence. Lorsque son fils se trouve mêlé à un incendie criminel, Pamfir se voit contraint de réparer le préjudice. Mais devant les sommes en jeu, il n’a d’autres choix que de renouer avec son passé trouble. Au risque de tout perdre.


Avec LE SERMENT DE PAMFIR comme son premier long-métrage, Dmytro SUKHOLYTKYY-SOBCHUK nous embarque au sud-ouest de l’Ukraine. Plus précisément dans la région de Tchernivtsi, frontalière avec la Roumanie. Nous y découvrons le personnage de Pamfir, véritable force de la nature, interprété par Oleksandr YATSENTYUK.

Dmytro SUKHOLYTKYY-SOBCHUK nous présente ici un film noir doux-amer, où relations familiales et Malanka (Ndlr. fête traditionnelle Ukrainienne) sont les deux éléments centraux d’un récit à la fois pertinent mais quelque peu laborieux.

famille et contrebande, la vie de pamfir

Au cœur du récit, Leonid, surnommé Pamfir. Force de la nature et père de famille de retour au pays après un long séjour à l’étranger, où il effectue un travail honnête et mieux payé, contrairement à son passé de contrebandier qu’il présente comme une traduction familiale dans cette région frontalière avec l’Union-Européenne. Heureux hasard du calendrier, Pamfir revient quelque temps avant la Malanka. Au plus grand bonheur de son fils et sa femme, Nazar et Olena. Dans une séquence de retrouvailles en plan-séquence où convivialité familiale règne. C’est ainsi que l’œuvre va inclure une partie importante de son récit, la famille qui entoure constamment Leonid.

Malheureusement, Leonid ne pouvant pas lui garantir de rester au pays jusqu’à la Malanka, Nazar va commettre un incendie volontaire à l’église. Le choc et l’incompréhension règnent alors en maître pour le père et comme pour le spectateur qui voit arriver de nulle part une action jusqu’alors insoupçonnée de la part d’un personnage qui n’a alors rien dévoilé de lui jusque-là.

Le Serment de Pamfir : Un film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk / CONDOR DISTRIBUTION
Le Serment de Pamfir : Un film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk / CONDOR DISTRIBUTION

Intrinsèquement, le récit nous montre à travers Nazar, un personnage intelligent mais grandement chamboulé par l’absence de sa figure paternelle, qu’il souhaite retenir sur place plus longtemps. C’est ainsi que le réseau familial de contrebande se reconstruit pour permettre à Leonid de rembourser les dégâts de l’incendie. Contre toute attente, un lien se crée entre Leonid et son fils dans le but de garder le secret à leur mère, croyante et fidèle de la dite église.

L’engrenage est alors lancé pour Leonid. Devant trouver de l’argent sur place sans avoir aucune qualification pour un travail honnête, lui et sa bande vont renouer lien avec leur passé de contrebandiers sur un territoire corrompu où seul l’autorité du garde forestier M. Oreste règne en maître depuis le départ de celui qu’on appelle Pamfir. Et ce dernier n’accepte aucune concurrence en matière de contrebande.

Drame social sur fond de film noir

Le Serment de Pamfir : Un film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk / CONDOR DISTRIBUTION
Le Serment de Pamfir : Un film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk / CONDOR DISTRIBUTION

À l’image des masques du festival Malanka, LE SERMENT DE PAMFIR est un film aux mille visages. À la fois drame social d’une région rurale repliée sur lui-même, drame familial sur le sacrifice paternel et à la fois film noir sur la corruption, la contrebande et la normalisation de la violence. Dmytro SUKHOLYTKYY-SOBCHUK frappe fort avec des thématiques puissantes, accompagnées d’une réalisation soignée mais perfectible.

La force du film est de toute évidence son aspect visuel, qui happe le spectateur dans des tourbillons de plans-séquence et de caméra en mouvement renfermant au centre du cadre, des personnages constamment sur leurs gardes, mais déjà pris au piège dans un guet-apens n’attendant qu’à se refermer sur nos protagonistes. On notera une intention particulière sur la colorimétrie globale de l’œuvre, majoritairement sombre et froide, immergeant le spectateur dans la spirale infernale où est enfermé Leonid. LE SERMENT DE PAMFIR nous enferme pendant 1h40 dans un espace rural sans lumière, ni repère, où le danger et le chacun pour soi règnent en maîtres de chaque côté. Une vision d’autant plus réaliste au vu de la situation actuelle, suite à l’invasion russe.

pas exempt de défauts

Malgré ses qualités techniques et visuelles, LE SERMENT DE PAMFIR n’est pas exempt de défauts. On note quelques parties un peu trop lentes, cassant le rythme du film. Ou encore le climax final d’une grande qualité technique et esthétique, portant avec brio tout le sommet dramatique du film, qui aurait mérité à gagner en longueur. Prenant place durant le fameux carnaval du Malanka, où la caméra enferme Olena et la mère de Leonid dans un mouvement circulaire centripète, donnant le ton sur le destin presque funeste de Leonid et Nazar. Contraste entre festivités pour certains et désolation pour d’autres, elle est hélas un point de frustration pour le spectateur.

Le Serment de Pamfir : Un film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk / CONDOR DISTRIBUTION
Le Serment de Pamfir : Un film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk / CONDOR DISTRIBUTION

Pour son premier long-métrage, Dmytro SUKHOLYTKYY-SOBCHUK réussit à allier des thématiques fortes et complexes avec une réalisation soignée, mais hélas perfectible, oubliant presque certains de ses protagonistes sur la route. Le cinéaste n’hésite pas à enfermer ses personnages et le spectateur dans sa spirale infernale de rédemptions et de sacrifices. Malgré ses défauts de longueurs et de rythme, LE SERMENT DE PAMFIR frappe fort symboliquement et esthétiquement. Non content d’être une belle découverte, le film nous permet également de découvrir le brillant Oleksandr YATSENTYUK.

TITRE ORIGINAL : Pamfir
GENRE : Drame, Thriller
TECHNIQUE : Prise de vue réelle
DURÉE : 1h42
PAYS : Ukraine
DATE DE SORTIE FR : 2 Novembre 2022
RÉALISATION : Dmytro SUKHOLYTKYY-SOBCHUK
AVEC : Oleksandr YATSENTYUK, Stanislav POTYAK, Solomiya KYRYLOVA
PRODUCTION : Bosonfilm (Ukraine), Les Films d’Ici (France), Madants (Pologne), Quijote Films (Chili)
DISTRIBUTEUR FR : Condor Distribution
© 2022 BOSONFILM, LES FILMS D’ICI, MADANTS, QUIJOTE FILMS

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