Rencontre avec Cécile Garcia et Taffy au Paris Fan Festival pour Purrfect Crush

À l’occasion de leur présence au Paris Fan Festival, nous avons eu la chance d’échanger avec les artistes webtoon, Cécile Garcia et Taffy. Nous avons pu échanger avec elles dans le cadre de leur mission à travers l’association Eventoon, en nous présentant cette association qui a pour but de promouvoir le webtoon français. Nous avons également profité du timing pour en savoir plus sur leur nouvelle série, Purrfect Crush disponible depuis peu sur Webtoon. Un nouvel épisode vous attend chaque jeudi sur la plateforme !

Qu’est-ce qu’Eventoon ?

Cécile Garcia : Question très large ! Eventoon, c’est un collectif d’artistes webtoon français édités chez Webtoon.fr, mais pas que. On s’est réuni entre auteurs et autrices parce qu’on est un peu vite noyé sous la vague coréenne du webtoon. Et en tant que bons français et françaises, on a monté une association pour être plus fort ensemble et que nos voix portent plus loin ! Et aussi pour pouvoir venir en convention, avoir des stands à plusieurs, s’organiser ensemble et produire des choses plus efficacement.

Donc la mission de l’association est vraiment de créer un collectif d’auteurs et autrices francophones ?

Cécile Garcia : Absolument, c’est de promouvoir le webtoon français, tout simplement.

Taffy : Mais aussi de s’entraider entre nous, de ne pas laisser les jeunes auteurs seuls et de faire savoir qu’ils peuvent trouver. Pas forcément trouver du réconfort, ce serait un peu bizarre dit comme ça… Mais dans l’idée, c’est qu’ils ne se sentent pas abandonnés dans la jungle. Il faut savoir que c’est un métier qui isole énormément. Avec Eventoon, on se réunit entre nous et on n’est pas seul, car c’est très important.

Cécile Garcia : L’idée, ce n’est pas de faire front ensemble, mais faire front face à la société. En France, tu es vite seul, les statuts sont un peu difficiles, etc. Donc vraiment l’effet “collègues, open space numérique” tout ça, c’est assez cool. Il y a même des gens qui bossent ensemble en vocal assez souvent. Et nos missions (en quelque sorte) sont d’avoir des projets communs. Et de pouvoir être ravis des sorties des autres et de ne pas être tout seul dans sa bulle, à avoir peut-être du mal à avancer. Ou même encore de pouvoir parler avec des gens qui ont les mêmes problématiques que toi. Et bien sûr, notre second objectif, c’est de promouvoir le webtoon français. Et par extension, d’avoir une unité face aux médias, face aux conventions, pour intervenir et attirer les gens. Bref, qu’Eventoon attire des jeunes lecteurs/lectrices pour aller voir des nouveaux auteurs/autrices. Donc d’avoir cette espèce de microcosme qui fonctionne tout seul !

On va maintenant explorer votre œuvre en général. Purrfect Crush vient de sortir sur Webtoon, mais pouvez-vous nous parler de ce que vous avez fait avant ?

Cécile Garcia : Je suis rentrée dans le monde du webtoon avec Mez et les filles de Sar avec ma collègue Hycopank au dessin et moi au scénario. C’est une petite série en termes de chiffres, mais on était très contente de la produire. Et c’est rigolo parce qu’on a une petite communauté, mais il y a toujours une personne en salon qui débarque de n’importe où. On a des fans adorables sur cette œuvre. C’est une série qui parle du TDI (ndlr : Trouble Dissociatif de l’Identité). Ça nous tenait à cœur de traiter ce sujet et d’utiliser l’art pour apporter une certaine compréhension de troubles psychiques, notamment le TDI, qui a été déformé par la société, les films, etc. Par exemple, Split de M. Night Shyamalan (2016), n’est pas très représentatif du TDI. Ça diabolise énormément la santé mentale alors que ce sont des gens comme tout le monde.

Cécile Garcia : Des fois, t’en croisent dans la rue, tu ne le sais pas. Ce ne sont pas des aliens, ce sont juste des gens qui ont vécu des choses et/ou développé des troubles psychologique… et qui vivent avec. On veut dédiaboliser ça pour ne pas les exclure et avoir de la pédagogie positive. Et donc là, on a réitéré l’aventure en prenant une troisième autrice avec nous, Taffy. Et on a écrit Purrfect Crush qui traite de rêverie compulsive et d’aphantaisie, qui a concrètement des symptômes “inverses”. La rêverie compulsive est quand tu as un “monde” dans ta tête et que tu es très très touché par l’imagerie mentale. Alors que l’aphantaisie c’est l’inverse : tu n’es pas capable de produire une image dans ta tête.

De quoi ça parle, Purrfect Crush ?

Cécile Garcia : Purrfect Crush suit l’histoire de deux personnages qui ont des troubles totalement opposés qui se rencontrent, avec une histoire d’amour très mignonne. C’est toujours abordé de façon très mignonne avec beaucoup d’empathie. On s’est énormément renseigné sur les troubles. Taffy nous a aidées pour la deuxième série et on se base sur les témoignages de gens touchés parce qu’une analyse psy, c’est bien, mais voilà, nous ne sommes ni des psys, ni des médecins et on ne s’adresse pas à des médecins ni des psys. On a pris des témoignages pour les illustrer dans notre série.

Taffy : Le trouble de la rêverie compulsive, c’est justement quelque chose dont je suis atteinte. Donc ça me tenait vraiment à cœur de participer à une série qui parle d’un trouble que je vis au quotidien. J’ai pu témoigner auprès de Cécile au scénario pour pas mal de choses.

Cécile Garcia : Des fois j’envoie des petites questions comme ça : “Est-ce que ça, c’est possible, tu penses ?” (rires). Alors tous les troubles sont différents et s’expriment différemment selon les gens, mais du coup, des fois elle me dit “moi je ne l’ai pas, mais c’est largement possible selon le vécu, par rapport à l’empathie… etc.”. Notre personnage a un profil particulier, et on essaie de respecter ça.

Taffy : C’est très imagé. On a même un petit point info pour le trouble de la rêverie compulsive dans l’épisode 10 ou 11, je crois. Ça me tenait aussi à cœur de pouvoir parler avec mon expérience. C’est un trouble qui touche beaucoup de gens, mais qui ne le savent pas forcément. Rien que dans l’épisode 3, des gens en commentaires disaient “ah, c’est un trouble”, “ah oui, d’accord”, “ah… j’ai ça aussi”.

Cécile Garcia : J’en ai fait étant plus jeune. Je vivais du harcèlement scolaire et c’est quelque chose qui t’aide à sortir de ça, à aller au-delà de la réalité pour mieux le vivre. C’est quelque chose qui peut venir, partir, rester… C’est très peu connu en France. Déjà, le TDI n’était pas très connu en France et on s’est nourri par exemple de tous les témoignages d’Olympe qui est une créatrice de contenu qui parlait de son TDI. C’est l’une des premières à avoir fait beaucoup de pédagogie dessus. Ici, pour la rêverie compulsive, Taffy m’a envoyé des documents en anglais. Ils appellent ça le maladaptive daydreaming (ndlr : littéralement “rêverie de jour maladaptive”). Donc c’est vraiment de la rêverie compulsive sur ton temps de journée.

Taffy : C’est vraiment que d’un coup, tu vas phaser dans le vide et te mettre à rêver comme si tu dormais, mais tu es éveillé en fait.

Cécile Garcia : Et on a enrobé tout ça avec une histoire d’amour toute mignonne !

Pourquoi avoir choisi le format webtoon pour Purffect Crush ?

Cécile Garcia : En l’occurrence pour cette série, c’est parce qu’on était dans le milieu (rires). Mais dans un premier temps, il faut savoir qu’en France, tu ne paies pas ton loyer avec un roman, sauf si tu en vends réellement beaucoup, alors que là avec le webtoon, tu peux payer ton loyer. Tu n’es pas très riche, mais tu peux t’exprimer, aborder la BD sans être confronté à un blocus parce que tu es un jeune auteur/une jeune autrice, donc le webtoon paraît un peu plus abordable. Après, c’est de moins en moins vrai puisque plus le métier se développe, plus il se professionnalise et plus, tu es bloqué rapidement. En tout cas, on a abordé ça de cette manière. On se connaissait déjà avec Taffy et on s’est dit qu’un projet ensemble nous apportera vraiment une évolution graphique.

Taffy : Puis beaucoup de gens lisent du webtoon, qui est très pratique comme format.

Cécile Garcia : En effet, tu vas gagner en communauté beaucoup plus vite, surtout quand c’est gratuit sur Webtoon et c’est vachement cool pour ta carrière. On sait maintenant que développer une carrière et une communauté, c’est hyper important. Du coup, cet accès gratuit t’apporte vachement plus de monde, et ce, plus rapidement.


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Pour finir, est-ce que vous avez un petit message pour votre communauté ?

Taffy : Merci de m’accueillir dans l’équipe et j’espère que mes couleurs et mes décors vous plairont. Pensez à moi quand vous regarderez le café, parce que je l’ai modélisé avec mes petites mains. J’espère que l’histoire vous plaira, et que si vous vous reconnaissez dans les troubles dont on va parler, n’hésitez pas à parler à un professionnel de la santé mentale.

Cécile Garcia : Quitte à ce que ce ne soit finalement pas ça, on s’en fout, mais : si on en ressent le besoin, il faut y aller, au cas où. Merci de nous rejoindre, de continuer d’être sur ce vaisseau et de nous rejoindre sur cette deuxième série, dans le cas d’Hycopank et moi-même. C’est hyper chouette de voir qu’on s’est amélioré et que les gens qui nous suivent l’ont remarqué et nous le font remarquer. On espère que la série plaira. On a encore plein de trucs à dire !

Taffy : Merci, des cœurs sur vous !

Cécile Garcia : Merci de votre bienveillance et de votre accueil sur des sujets qui ne sont pas forcément faciles. On a eu un accueil très chaleureux et on avait un peu peur vu qu’on sort des sentiers battus sur des sujets un peu plus difficiles. Vraiment, on adore notre communauté ! On a la communauté qu’on mérite, et on est très contentes de l’avoir !

Taffy : Les gens étaient vraiment au rendez-vous ! En ce qui concerne les messages qui disaient “mes trois artistes préférées ensemble”, c’est très touchant ! Vous vous reconnaîtrez.

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Propos recueillis le 27 avril 2024 par Jonathan “Jojo Tout Cour” Guetta, et Strangie pour Konata Nekoyama / Studio JM Production. Corrections par Strangie. Remerciements à Alexandre Haghdoust et Claire Ghezali de l’agence Warning Up, ainsi qu’à Kim Thouvenin.

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