Abigail : Se méfier de l’eau qui dort

Les enfants peuvent parfois être de vrais monstres. Suite au kidnapping d’Abigail, la fille d’un puissant magnat de la pègre, un groupe de criminels amateurs pensaient simplement devoir enfermer et surveiller cette jeune ballerine afin de pouvoir réclamer une rançon de 50 millions de dollars.
Retirés dans un manoir isolé, les ravisseurs commencent mystérieusement à disparaître, les uns après les autres, au fil de la nuit. C’est alors qu’ils découvrent avec horreur, que la fillette avec lesquels ils sont enfermés n’a rien d’ordinaire.

UN HUIS CLOS HORRIFIQUE MAITRISE

Radio Silence s’est spécialisé dans les histoires se situant dans un nombre de lieux restreint, voire un seul lieu, à l’image du manoir où se situe l’écrasante majorité de l’action d’Abigail. Force est de constater que, malgré quelques longueurs, leur maîtrise du huis clos n’est pas à débattre. Grâce aux jeux de lumière, la taille réduite des pièces du manoir et une utilisation équilibrée du jumpscare, la sensation d’enfermement est prédominante. Par ailleurs, une mention spéciale est nécessaire à la prestation d’Alisha Weir en vampire plus que terrifiante. Cette prestation est d’autant plus percutante grâce au travail réalisé sur le maquillage et les chorégraphies de la “jeune” vampire.

En ce qui concerne le fil conducteur, si Ils étaient dix d’Agatha Christie semble être une inspiration évidente, il faudrait plutôt se pencher sur la scène d’introduction du film. En effet, ce dernier s’ouvre sur une répétition du Lac des Cygnes. De fait, nous pouvons raisonnablement nous dire que la dualité cygne blanc/cygne noir a une signification particulière. Plus généralement, il s’agirait de la dualité de tous les personnages. Abigail vient en tête, avec son persona de petite fille inoffensive qui cache une dangereuse créature, qui elle-même n’est pas une créature qui cherche à se défendre. Chaque membre de l’équipe de kidnappeurs dispose également d’un pseudo ainsi que de sa véritable identité (dualité évidente). Ainsi, le film joue en permanence sur les faces cachées des personnages principaux.

LE RADIO SILENCE CINEMATIC UNIVERSE

Quiconque aurait vu Wedding Nightmare verrait en Abigail un cousin proche dans ce petit cinematic universe que le collectif Radio Silence se construit (volontairement ou non). Ce n’est pas pour nous déplaire : on a besoin de ces films à petits/moyen budgets qui nous montrent qu’il n’y a pas forcément besoin d’être un “gros” film pour avoir sa place en salles et plaire au public.

Quoiqu’il en soit, les fans du collectif Radio Silence auront probablement une expérience particulière d’Abigail. Plusieurs surprises les attendent dont quelques références à Wedding Nightmare (la cigarette de l’héroïne devient une sucette, notamment) et un cameo qui personnellement m’a fait plaisir. Par ailleurs, nous retrouvons Melissa Barrera dans sa troisième collaboration avec Radio Silence (après Scream V et VI). Elle se démarque du reste du casting en prouvant encore une fois qu’elle est LA final girl du moment, qui est parfaitement à l’aise dans le cinéma de genre.