Le Château Solitaire dans le Miroir : S’échapper pour s’aider

Un beau jour, le miroir dans la chambre de Kokoro se met à scintiller. À peine la jeune fille l’a-t-elle effleuré qu’elle se retrouve dans un formidable château digne d’un conte de fées. Là, une mystérieuse fillette affublée d’un masque de loup lui soumet un défi. Elle a un an pour l’accomplir et ainsi réaliser un souhait. Seulement Kokoro n’est pas seule : six autres adolescents ont le même objectif qu’elle.

Après Miss Hokusai ou plus récemment, Wonderland: Le Royaume sans pluie, le cinéaste Keiichi Hara est de retour avec un nouveau film mêlant fantaisie et réalité. Avec Le Château Solitaire dans le Miroir, Hara offre une adaptation brillante du roman éponyme de Mizuki Tsujimura.

Si vous êtes victime ou témoin de harcèlement scolaire, n’hésitez pas à appeler le 3020. Dans le cas de cyberharcèlement, vous pouvez appeler le 3018. Vous n’êtes pas seul.es, vous pouvez vous en sortir.

DERRIÈRE LA FANTAISIE, UNE TRISTE RÉALITÉ

J’aimerais commencer par dire qu’il y a deux catégories de personnes en ce monde : celles qui ont déjà voulu voyager dans un autre monde et celles qui mentent. En général, on veut soit s’échapper temporairement, soit ne jamais revenir (Dr Who, c’est quand vous voulez pour venir me chercher hein…). Pourquoi ? Soyons honnêtes, le monde réel est une calamité, bien que le degré de calamité varie selon la personne.

Donc ce qui semble être “bizarre” (ex : vouloir s’échapper dans un monde parallèle) peut en fait avoir beaucoup de sens (ex : le monde réel n’est pas terrible). Les histoires aux concepts inhabituels me plaisent pour cette raison, ie qu’ils servent souvent de prétexte pour aborder des sujets plus que réels. Donc le destin m’a fait plaisir et a mis ce film dans mon radar. Je n’ai pas été déçue.

Tout d’abord, est introduit un concept qui peut paraître très fantaisiste : un monde parallèle accessible depuis son miroir, un château tenu par une petite fille portant un masque de loup, le château en question étant “ouvert” de 9h à 17h heure japonaise, une clé à trouver, etc. Dans cette adaptation du Château Solitaire dans le Miroir de Mizuki Tsujimura, nous assistons aux aventures d’un groupe de collégiens qui ont pour point commun d’avoir une bonne raison de vouloir échapper à la réalité, à commencer par Kokoro, notre protagoniste.

L’univers du château est inspiré d’un conte. Ce détail est important, car il faut se rappeler que l’objectif des contes n’est pas juste de nous faire rêver, mais aussi de nous apprendre des leçons. Ce qui suit n’est que mon interprétation : le conte n’est peut-être pas la quête d’une clé dans un château. C’est le film dans son entier.

En effet, à travers ce “jeu”, Kokoro forge des liens et apprend à surmonter ses peurs, ainsi qu’à relativiser. Elle et ses compagnons grandissent à leur façon. Quant aux personnes qui regardent le film ? Les leçons concernent des pistes d’idées sur la triste réalité dans laquelle nous vivons. Le harcèlement scolaire est loin d’être un souvenir, et peut avoir de graves conséquences s’il n’y a pas de structure pour justement aider les personnes concernées.

UNE RÉALISATION EMPLIE DE COMPASSION

Tout d’abord, le choix de rendre ce film accessible à un large public n’empêche pas de nous faire clairement comprendre ce que nos personnages vivent.

Pour cela, nous pouvons remercier la mise en scène subtile. Avec notamment des éléments tristement familiers, elle rend difficile de rester indifférent.e au quotidien des personnages évoluant dans le château. Certains passages me resteront en tête assez longtemps, et je suppose que ce sera le cas d’autres spectateu.r.ices.

Alors, je ne tiens pas particulièrement à spoiler l’intrigue. Cependant, je pense que quelques avertissements sont de rigueur si vous avez vous-même été concernés par du harcèlement et/ou violences de tout type. Ces fléaux sont malheureusement toujours d’actualité.

Par ailleurs, j’ai particulièrement apprécié le fait qu’on ne cherche pas à justifier ni excuser le comportement des harceleur.euses. Et encore moins celui des adultes censés AIDER les victimes, mais qui choisissent de ne pas le faire, voire pire. En effet, la mise en scène préfère insister sur le point de vue des victimes concernées. Elle montre les effets dévastateurs de ce qui, pour un enseignant incompétent/un parent indigne, serait en apparence “une querelle de gamins”. Personne ne mérite d’être harcelé de la sorte, et l’œuvre semble l’avoir bien compris.

Par conséquent, cela permet de rendre plus admirables et beaux les gestes d’empathie, la persévérance des victimes et des personnes prêtes à les aider. La musique, très entraînante, aide beaucoup à adopter ce point de vue. On a envie d’encourager Kokoro et ses amis, et on est fier de leurs progrès.

En conclusion, ce film fait partie de ces œuvres qui permettent d’alimenter un dialogue, qu’il soit entre parent/enfant, enseignant/élève ou tout simplement entre personnes qui qu’elles soient.

Cette adaptation du Château Solitaire dans le miroir par Keiichi Hara tout en empathie, ne vous laissera pas indifférent.e. Je vous encourage à regarder le film en groupe pour contribuer au dialogue sur ses nombreux thèmes. Laissez-vous entraîner dans le château, vous en sortirez plus grand.e !