Crying Freeman : Retour sur un manga culte

Tueur japonais au service de la mafia chinoise des 108 dragons, il a pour nom de code “Freeman”. Après chaque meurtre commis, il laisse couler des larmes. Quel secret dissimulent-elles ? C’est au travers de sa rencontre avec une jeune femme en quête d’amour que Freeman découvrira qui il est vraiment...

Après Sanctuary, Ryoichi Ikegami revient avec une autre de ses séries emblématiques : Crying Freeman. Cette saga en cinq volumes avait déjà eu les honneurs d’une adaptation cinématographique par Christophe Gans, le réalisateur du Pacte des loups. Avec cette édition Perfect, l’œuvre mythique revient en grand format et avec des pages couleurs. Vous n’aurez plus aucune raison de passer à côté de ce monument.

UN MANGA AU PITCH SIMPLE

Crying Freeman. En France, ce titre rappelle aux trentenaires et quadragénaire le premier long métrage de Christophe GANS. Mais bien avant le film, le titre de Ryoichi IKEGAMI avait connu un certain succès avec ses deux premiers tomes (compilés dans cette Édition Perfect). À la lecture de ce tome, on comprend tout de suite pourquoi. La narration y est dense et sombre, mais teintée de romantisme. C’est d’ailleurs le nerf du manga. Apporter une teinte de douceur au sein d’un univers de Yakuzas et de la mafia chinoise. Et même si le pitch peut paraître un peu nanardesque, l’écriture permet d’oublier ce trait.

Car Freeman n’a pas encore vraiment connu les plaisirs de la chair. C’est aussi le cas de Emu Hiro, une jeune femme, fille d’un chef de clan japonais. Lors d’un des assassinats de Freeman, il va laisser la vie sauve à Emu qui a pourtant vu son visage. Et c’est à partir de là que nous découvrirons l’histoire croisée des deux jeunes gens.


À lire aussi : Dinosaurs Sanctuary – Tome 1 : Clone de Jurassic Park ?


DEUX DESTINS, UNE HISTOIRE

Sous cette apparence simpliste, se cache une narration assez intéressante. Malgré beaucoup, BEAUCOUP de scènes de sexe, pas toujours justifiées autrement que par “ce sont des membres des différentes triades”. La tension dramatique écrite pour Freeman permet de passer outre. On découvre alors l’histoire d’un potier arraché à sa vie pour rejoindre un des groupes des triades. On apprend alors qu’il a tout ce qu’il faut pour devenir le chef des 108 clans du Dragon.

Malgré cela, il lui faudra un entraînement rude pour asseoir ses qualités. Entraînement qui permet de comprendre qu’il est directement désigné comme successeur du chef des Dragons. S’ensuit une lutte de pouvoir entre triade chinoise et yakuza japonais.

Dans cette lutte de territoire, Freeman honore alors un de ses contrats et va tuer un des chefs yakuza. C’est lors de cet assassinat qu’il rencontre Emu, la fille du chef. Celle-ci, grâce à son statut de fille de chef, n’a connu d’homme non plus. Sa rencontre avec Freeman va les changer tous les deux au point de tomber amoureux l’un de l’autre après une nuit passionnée.

UN MANGA CULTE ?

Crying Freeman est un manga culte. Est-ce un bon manga pour autant ? Pour ce premier tome, on peut répondre que oui. Malgré un pitch qui peut faire craindre le pire, on a une narration fluide, dense et qui suscite l’intérêt. La narration s’intéresse aux ressentis de Freeman malgré ses qualités d’assassin. Un assassin qui n’a pas vraiment choisi cette voie et qui regrette sa vie de potier. Seule ombre au tableau, une légère confusion lorsque l’on passe de personnages inconnus à Freeman. Ce procédé laisse à penser que le personnage à une faculté de “change-peau” mais sans que cela soit expressément expliqué.

Cependant, l’histoire se base sur des éléments d’actualité de l’époque, lorsque la French Connection avait une mainmise forte sur le trafic de drogue mondial*. Dans les années 70, la lutte entre la mafia chinoise, italo-américaine et japonaise était forte. Le manga place son intrigue durant cette période et se sert de cette “actualité” pour étoffer son univers.

Qui plus est, Crying Freeman est l’un des premiers seinens distribués en France. À cette époque, c’est l’explosion du Club Dorothée et les productions animées phares sont Dragon Ball, Saint Seyia (Les Chevaliers du Zodiaque) et City Hunter (Nicky Larson) qui n’a absolument rien à voir avec la version de papier originelle. De fait, ce manga tranchait avec l’offre française de l’époque.

Cependant, ce manga mérite d’être lu pour diverses raisons. D’une part parce que les deux premiers tomes compilés dans cette perfect édition sont agréables à lire. Mais aussi par ce qu’il a été permis de faire. En effet, en 1995, le réalisateur Christophe GANS réaliste une adaptation libre de ce manga pour son premier long métrage. Et quel long métrage ! Malgré son budget ridicule, le cinéaste réussi à embarquer dans son sillage Mark Dacascos et Tchéky Karyo, entre autres. Un film qui est clairement inspiré du cinéma hongkongais de la décennie précédente et qui mérite tout autant le visionnage que ce manga mérite d’être lu.


*Pour plus d’information sur la French Connection, le film LA FRENCH de Cédric JIMENEZ est très instructif (ndlr)

Crying Freeman est un manga qui, 35 ans après sa sortie, fonctionne toujours autant. Un scénario simple, mais efficace mêlant action, romance et une part de mystère quant aux deux protagonistes. Malgré un élément nébuleux qui peut gêner la lecture (Freeman peut-il changer de visage comme dans Mission: Impossible), la narration reste fluide et l’on est très vite plongé dans cet univers ou l’assassin en est un par dépit.

TITRE ORIGINAL : Kuraingu Furīman
GENRE : Action
TYPE : Seinen
PAYS : Japon
AUTEUR : Koike IKEGAMI
ILLUSTRATEUR : Koike IKEGAMI
ÉDITEUR ORIGINAL : Shogakukan
ÉDITEUR FRANÇAIS : Glénat
CRYING FREEMAN ©︎ 1987 Kazuo KOIKE, Ryoichi IKEGAMI / SHOGAKUKAN

Konata Nekoyama aime

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Konata Nekoyama aime