En 1946, l'humanité fait une incroyable découverte : des spécimens de dinosaures ont survécu sur une île. Grâce à des manipulations génétiques, le professeur Suma réussit l'exploit de faire renaître de nombreuses espèces. Quelques années plus tard, sa fille, Suzume, intègre le parc Enoshima Dinoland en tant que soigneuse. Cependant, alors qu'elle pensait vivre un rêve, la réalité la rattrape. Le parc périclite, la curiosité pour les dinosaures s'est amoindrie et les visiteurs sont aux abonnés absents. Et entre ses connaissances théoriques et la pratique, le fossé est immense...
RETOUR DE LA DINO-MANIA ?
Depuis quelques années, les dinosaures semblent gagner à nouveau en popularité. Cinéma, mangas, comics… Un regain d’intérêt qui rappelle aux plus anciens les quelques années d’avant la sortie de Jurassic Park qui avait lancé la mode. Qui se souvient encore de Cadillac & Dinosaurs, Dinotopia, ou Le Petit Dinosaure de Don BLUTH (liste non exhaustive) ?
Trente ans plus tard, la mode du dinosaure revient, paraissant une nouvelle fois poussée par la même franchise : Jurassic League chez DC Comics, Avengers 10.000 BC chez Marvel et… Dinosaurs Sanctuary au pays du Soleil-Levant. Et si le public répond présent face à ces sorties, il faudrait malgré tout éviter une certaine indigestion. Cependant, Michel Lafon a décidé de donner sa chance à ce titre sur le sol hexagonal. Une sortie récente qui présage une pérennité quant à ces créatures d’un autre âge.
UNE CERTAINE FAMILIARITÉ
Ce qui frappe à la lecture des premiers chapitres de ce tome est la familiarité avec l’univers. Quand bien même l’histoire se déroule au Japon, le lien avec la franchise Jurassic Park et a fortiori avec le dernier opus de la franchise Jurassic World : Le Monde d’Après est fort. Les dinosaures ne sont plus aussi merveilleux puisque présents dans le quotidien des humains de cet univers. De fait, on suit des soigneurs qui restent fascinés par ces colosses à sang-froid. On apprend qu’une catastrophe a eu lieu au milieu des années 80, mais sans trop s’étendre dessus. Encore une fois, on peut y voir des liens avec l’intrigue de Michael Crichton, mise en scène par Steven Spielberg en 1993.
Malgré la catastrophe de 1987 et des dinosaures saccageant tout sur leur passage, car pas habitués à cohabiter avec les humains, on vit la captivité de ceux-ci. Et la catastrophe de 1987 renvoie aux incidents de Jurassic World voire de Jurassic Park premier du nom où plusieurs personnes ont perdu la vie.
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UN RÉCIT PÉDAGOGIQUE ?
Mais finalement, c’est un récit d’exposition sur quasi-tout le long de ces cinq chapitres. Et qui dit exposition dit pédagogie. Les soigneurs prennent beaucoup le temps de décrire ce qu’il en est quant aux dinosaures, mais aussi à la vie d’un parc animalier et à leur réalité économique. Et c’est là le souci de ce premier tome. Il est trop dans l’exposition, donc un peu trop pédagogique et pas assez centré sur l’histoire. Les relations avec les personnages ne se font qu’au travers de leur travail et du lien qu’ils peuvent avoir avec les dinosaures.
Cette partie est réussie, l’auteur s’étant fait aider d’un vétérinaire pour la rédaction d’un des chapitres. Mais l’équilibre entre histoire et pédagogie n’est pas encore là. Et il faut attendre la fin de ce tome pour que les relations évoluent et que le lore de cet univers commence à être exploré. Et si l’on peut apprécier de voir les soigneurs travailler dur pour réussir à faire (sur)vivre le parc, ça manque un peu de profondeur pour cette première partie.
Ce n’est pas un mauvais tome pour autant et la lecture est plaisante. Mais la frustration quant aux personnages et à leur vécu est présente quand on arrive à la fin de ce tome. Malgré tout, le cliffhanger de fin de tome relance totalement l’intérêt. Si le second tome règle certains problèmes de caractérisation des personnages, la série suscitera plus d’intérêt. Car sur ce tome, en dehors des deux personnages principaux, seul un personnage secondaire à une personnalité propre. C’est peut-être un peu maigre pour le moment. Affaire à suivre donc.
Dinosaurs Sanctuary est un manga qui, au vu de ce premier tome, se cherche encore, mais livre quelques belles promesses. Un premier tome peut être un peu trop dans l’exposition qui le rend parfois trop pédagogique, mais qui reste plaisant à lire malgré tout. À voir cependant si les tomes suivants confirment l’essai ou pas.
TITRE ORIGINAL : Dinosan
GENRE : Seinen
TYPE : Science-Fiction
PAYS : Japon
AUTEUR : Itaru KINOSHITA
ILLUSTRATEUR : Itaru KINOSHITA
ÉDITEUR ORIGINAL : Shinchosha
ÉDITEUR FRANÇAIS : Michel Lafon
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