Ripper : De monstres et de metal

À la suite d'un cataclysme sans précédent, l’air est devenu irrespirable et des créatures hostiles ont pris le contrôle de la planète, forçant les derniers survivants à se retrancher dans une tour de fortune. Parmi eux, des volontaires sont formés pour trouver un nouvel éden. On les appelle les « Ripper » ! Lors d'une mission de reconnaissance, l'escadron du Chêne rencontre Junk, un jeune garçon optimiste qui ne semble pas affecté par l'état de la Terre...

De l’héritage du Club Dorothée

Depuis quelques années maintenant, les enfants des 80’s et 90’s montrent la nature de leur héritage culturel. Les quadras de maintenant ayant été biberonnés aux Saint Seiya, Dragon Ball ou autre Nicky Larson, entre autres. C’est donc tout naturel que la jeune génération française se dirige peu à peu vers le manga. Il faut dire qu’Ankama a ouvert en grand la porte laissée entrouverte par Philippe CARDONNA. Auteur connu avec son Sentaï School paru au tout début des années 2000. En 2005, Dofus puis Wakfu commencent à être publiés. Le grand public est réceptif et toute l’industrie commence alors à muter. Un petit groupe d’auteurs se lancent à la conquête de ce marché. Pour cela, ils profitent de la visibilité des uns et des autres pour faire connaître leurs travaux.

C’est le cas de l’auteur de Ripper qui réussit à percer dans le milieu avec une prestation très remarquée sur Lil Berry. Un titre où il n’est “que” l’illustrateur. Mais c’est avec sa création que l’auteur permet de mettre à contribution toutes ses influences. Scénariste et illustrateur, Jeronimo CEJUDO livre avec ces deux premiers tomes de Ripper un shônen classique mais rudement bien mené. Et la reconnaissance internationale pour notre français est grande puisqu’il a fini second au concours Jump Tezuka Manga Contest dans la catégorie internationale. Ce qui est une première pour un français. Le prestige est encore plus grand quand l’on sait que le jury était composé de grands mangakas. Akira TORIYAMA, Eiichirô ODA ou encore Kôhei HORIKOSHI sont les membres de ce jury prestigieux. De quoi être gonflé d’orgueil.

Shônen post-apocalyptique

Si les premiers chapitres sont assez classiques et peinent à embarquer son lecteur, ce n’est que pour mieux nous présenter l’univers dépeint ici. Nous suivons Junk et son ami Crappy, un raton laveur bleu parlant, évoluer dans un univers hostile ou les humains ont tous disparus. Vestige d’une civilisation perdue, ils ont élu refuge dans une grotte aménagée des éléments qu’ils trouvent au fur et à mesure de leurs expéditions. On comprend très vite que les deux amis veillent l’un sur l’autre. Junk, doué d’une force surhumaine, protège Crappy des différents monstres évoluant aux alentours. Crappy, lui, amène la notion de famille à un Junk jovial et pourtant exprimant sa solitude.

Car c’est au final la force de ces premiers chapitres plutôt lents : nous donner la caractérisation des personnages pour ensuite faire décoller l’histoire. La caractérisation de Junk n’est pas sans rappeler d’une certaine manière le Sangoku enfant de Dragon Ball ou Luffy avec une notion dramatique peut-être un peu plus intense. Cependant l’influence de Toriyama est forte. Tout comme Goku, Junk n’a pas de famille, vit seul et tente de se raccrocher à une vie qu’il n’a pas ou très peu connue.

Ripper

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Les codes du Shônen parfaitement respectés

Une fois les bases posées, CEJUDO lance enfin son histoire. Car si nous pensons que Junk et Crappy sont les derniers êtres pensants de cet univers, il en est tout autre. Alors qu’ils se sentent appelés par une étrange force, ils vont rencontrer d’autres humains qui sont aussi à la recherche de potentiels survivants. Cette rencontre permet de lancer des scènes d’actions spectaculaires. CEJUDO montre qu’il maîtrise totalement les codes graphiques nippons, en y apportant une certaine touche européenne malgré tout. Les scènes d’actions sont fluides, spectaculaires et permettent d’exprimer la puissance des différents personnages. Sans pour autant tomber dans des scènes de batailles sans fond, elles permettent de montrer la dangerosité des personnages et des monstres (appelés Wendigo) évoluant sur ce monde.

Mais si l’action est prédominante, elle n’en laisse pas moins la place à une intrigue de fond posant un mystère de plus en plus grand, surtout dans le second tome. Si le premier fait place à la stupéfaction de rencontrer des personnages pensants pour les différents protagonistes, le second nous permet d’explorer un peu plus la société de castes / clans qui est dépeinte dans l’univers de Ripper. Les personnages sont plus creusés et profonds et donnent envie d’en lire plus.

Ripper

Un titre aux multiples références

Comme dit plus haut, Ripper empreinte beaucoup aux shônen des 80’s et 90’s, mais pas que. Les sentaï sont souvent référencés jusqu’à ce qu’ils soient même totalement incorporés dans l’histoire de façon plutôt naturelle et non dénuée d’humour. Mais les adeptes de musiques aux sonorités extrêmes trouveront quelques références moins mises en avant. Que ce soit les titres des chapitres comme les noms de codes de certains personnages, ils ramènent aux grands noms du hard rock et du metal international. Mais ce sera aussi le cas de certains Wendigos qui ne sont pas sans rappeler la mascotte (Eddie Riggs) du groupe Iron Maiden. Ces références, n’ayant aucune incidence sur le déroulement de l’histoire, sont davantage des clins d’œil flattant le metalleux, mais qui fonctionnent très bien.

Ces deux premiers tomes de Ripper sont une très bonne surprise. Si l’originalité ne se trouve pas forcément dans le scénario de prime abord, elle se trouve dans les références. Cependant cela ne fait pas de Ripper un manga “banal”, au contraire. L’écriture des personnages et de son univers postapocalyptique rendent le tout cohérent et fonctionnent très bien. Si on rajoute les dessins très dynamiques de Jeronimo CEJUDO, on tient alors un récit qui est très plaisant à lire et dont on attend avec hâte la sortie du troisième tome.

TITRE ORIGINAL : Ripper
GENRE : Action / Fantastique
TYPE : Shônen
PAYS : France
AUTEUR : Jeronimo Cejudo
ILLUSTRATEUR : Jeronimo Cejudo
ÉDITEUR : Ankama

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