Curie Society : Un comics éducatif très bien ficelé

Taj, Simone, Maya sont trois étudiantes brillantes qui intègrent l’université. Elles découvrent l’existence d’une société secrète internationale fondée par Marie Curie et vont devoir passer différentes épreuves pour l’intégrer. Mais tout ne va pas se passer comme prévu et elles vont devoir faire face à une organisation maléfique qui a pour but de dominer le monde. Ainsi débutent les aventures de nos trois héroïnes qui se retrouvent entraînées dans des péripéties qui mettront à l’épreuve leur courage, leurs connaissances et leur amitié. Dans cette bande dessinée hors du commun suivez ces trois espionnes qui, à travers leurs aventures, décryptent et vulgarisent des notions scientifiques.

UNE MAISON D’ÉDITION HORS DES SENTIERS BATTUS

La première chose qui frappe tout amateur de comics lorsqu’il prend ce Curie Society entre les mains est son éditeur original. Bien souvent, ce sont des maisons d’édition du sérail : Dark Horse, Image Comics, Boom Studios pour ne citer qu’eux parmi la pléthore d’éditeurs de comics existant outre-atlantique. Ici aucun de ceux-là ne sont mentionnés. Qu’il soit petit éditeur ou gros éditeur, l’amateur de comics en connaît un grand nombre. Et la branche édition du MIT ne figure pas parmi ceux-là.

DES FIGURES INCONNUES… POUR LE GRAND PUBLIC

De fait, une recherche quant à la scénariste de ce premier tome nous apprend qu’Heather EINHORN est une grande fan de comics et une scénariste. Mais surtout qu’elle a fondé sa propre maison d’édition : Einhorn’s Epic Productions qui co-produit cette série. C’est à l’heure actuelle la seule de son catalogue, mais cela s’explique par le fait qu’elle s’auto-produit et est donc la scénariste de ce Curie Society dont son compagnon, Adam STAFFARONI, en est l’illustrateur. Une recherche un peu plus poussée nous apprend qu’Heather EINHORN n’est pas inconnue du monde de l’édition, mais n’a été qu’une actrice de l’ombre… Et ce n’est pas anodin.

Les deux autres personnes mentionnées sur la première de couverture sont aussi proches du monde du comic book. Janet HARVEY a fait partie des scénaristes travaillant sur DC Universe Online et aussi sur la mini-série Angel City chez Oni-Press. Elle est notamment connue du grand public pour avoir écrit la première aventure solo de Cassandra Cain, période No Man’s Land en 1999.

Quant à Sonia LIAO, elle est aussi une personne un peu dans l’ombre des illustrateurs, bien qu’elle ait travaillé sur des comics comme Buffy The Vampire Slayer et quelques autres sorties plus confidentielles chez Boom! Studios.

Le fait de savoir que ces personnes, malgré un talent indéniable, sont dans l’ombre donne à ce Curie Society une tout autre dimension.


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UNE ŒUVRE ÉDUCATIVE, PAS BARBANTE

Curie Society est une publication du MIT. De fait, il a une portée éducative. Mais nous sommes loin de quelque chose de purement didactique. Quand bien même l’émission était très qualitative, nous sommes aussi très loin d’un C’est pas sorcier!. Au contraire même. Via les aventures des trois étudiantes, nous allons apprendre certaines choses qui seront totalement raccords à l’histoire. Chaque spécialité des trois héroïnes permettra de se sortir des différentes péripéties proposées au cours du récit. Le glossaire en fin de tome permet d’approfondir certains concepts ou inventions abordées au cours du récit et encore une fois sans que cela fasse écrit encyclopédique.

Respectivement mathématicienne, entomologiste et ingénieure en informatique, les trois héroïnes doivent apprendre à travailler ensemble afin de se sortir de certaines situations. Le côté société secrète est d’ailleurs très bien mis en scène. Il rappelle sous certains aspects des films de la fin des 90’s comme The Skulls: Société Secrète avec les classiques rites de passages permettant de confronter les différents talents des étudiantes. Et l’histoire nous fera suivre les aventures des différents personnages secondaires sur deux temporalités. Alors certes, la forme n’est pas des plus révolutionnaires. Mais ce n’est pas le but recherché avec ce comics.

DES THÉMATIQUES TRÈS ACTUELLES

Curie Society c’est avant tout un comics qui parle de son temps. Sous couvert d’un récit avec des scientifiques, le comics va se pencher sur les soucis climatiques et le lobbying sans être trop frontal. C’est d’ailleurs toute l’intelligence de ce comics. Ses thématiques ne sont jamais abordées de manière abrupte, moralisatrice ou avec une volonté de faire culpabiliser. On expose les faits, expliquant que c’est le mode de vie post-révolution industrielle qui est en cause. La recherche de profits pour certains grands groupes accentuerait cette tendance.

UNE ŒUVRE FÉMINISTE

Mais ce n’est pas le plus frappant à la lecture du titre. Le nom donne un indice fort quant aux thématiques féministes abordées. La place de la femme dans le monde scientifique et comment elle y est reconnue. En se basant sur des figures comme Marie Curie, le comics fait du féminisme intelligent.

Loin du mercantilisme à la Disney ou comme peuvent le faire de mauvais auteurs, l’œuvre nous propose quelque chose de très positif. C’est d’ailleurs ce qui ressort de la caractérisation des personnages. Il n’y a pas de réelles mauvaises intentions dans ce comics. Quand bien même les antagonistes prennent des décisions remises en questions par les protagonistes, elles convergent vers le même objectif. Il est même plusieurs fois fait mention de raccourcis. La morale étant que la reconnaissance n’est pas le plus important dans le monde scientifique, mais la mise en commun de ressources pour ce que les anglo-saxons appellent The Greater Good.

Curie Society est donc un comics d’espionnage sur fond d’écologie et de féminisme non militant et non culpabilisant. Mais au-delà de son histoire et des thématiques sous-jacentes, c’est la portée éducative qui réussit à susciter l’intérêt de ses sujets, ce qui est à saluer. Sans être une histoire qui prend le lecteur par la main pour lui expliquer les concepts évoqués en découpant l’histoire, ce comics réussi à rendre curieux son lecteur. Un premier jet dans le monde des comics très convaincant donc.

TITRE ORIGINAL : Curie Society
GENRE : Espionnage, éducatif
PAYS : USA
ÉDITEUR ORIGINAL : The MIT Press
AUTEUR : Janet HARVEY
ILLUSTRATEUR : Sonia LIAO
COLORISTE : Johanna TAYLOR
ÉDITEUR FRANÇAIS : Huginn & Muninn
© 2021 Einhorn’s Epic Productions, LLC
© 2021, Massachusetts Institute of Technology.

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