Seven Sons : Méfiez-vous des nouveaux prophètes…

Quand Le Fugitif rencontre le Livre de l’Apocalypse. Delph, un jeune homme qui pourrait être la seconde incarnation du Christ sur Terre, doit fuir pour sauver sa vie alors qu’il tente d’apprendre la vérité derrière son existence…

UNE RELECTURE BIBLIQUE DANS UN MONDE DE SCIENCE-FICTION

En 1977, sept enfants de mères différentes naissent à travers le monde. Ces sept enfants sont identiques. Ils sont annonciateurs d’une nouvelle ère de paix sur terre avec le retour messianique du nouvel élu de Dieu. En 1998, les sept ne sont plus que quatre. Leur religion a cependant pris le pas sur les autres, au grand dam des anciennes qui se voient être supplantées. Et alors que le couronnement du nouveau prophète arrive, les anciennes religions tentent de se rebeller. Commence alors une quête pour la vérité dans ce récit aux relents fantastique. Et quoi de mieux que de choisir le titre de Seven Sons qui ramène à des notions bibliques pour raconter cette histoire ?

Seven Sons
Un dessin époustouflant.

Le retour de Jae Lee au comics indépendant

Après une très longue période sans avoir écrit / dessiné ailleurs que pour DC ou Marvel, Jae LEE revient sur les séries en Creator Owned. Une série Creator Owned aux USA est une série qui appartient aux artistes et non aux éditeurs qui la publient. Avec cette série, Jae LEE, épaulé par June CHUNG à la colorisation et par Robert WINDOM et Kelvin MAO au scénario, nous livre un récit se situant entre le biblique, la science-fiction et le fantastique. Par ce biais, les auteurs nous livrent un récit d’anticipation critiquant vertement la société américaine et son repli communautaire religieux. Un comics, qui malgré un ton relativement sage, dresse un portrait assez dur du conservatisme américain.


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Un comics en croisade contre la prédication

Imaginez un monde où les télévangélistes* ont fini par gagner. Ils ont obtenu un précieux pouvoir en vantant une fratrie comme étant les nouveaux messies. Cette quête judéo-chrétienne du nouvel avènement dans une société où Dieu est au-dessus de l’État prend tout son sens. Car oui, en France, notre séparation de l’État et des Églises est actée depuis la loi sur la laïcité de 1905. Aux USA, la religion est au cœur même des institutions. Les Américains et les institutions jurent sur la bible pour prouver leur bonne foi. Et chaque allocution télévisuelle d’une figure des hautes sphères de l’État se conclut par God bless America (Que Dieu bénisse l’Amérique).

*Télévangéliste : prédicateur télévisuel vous prêchant la bonne parole et vous enjoignant de leurs laisser au passage quelques dollars.

Seven Sons
L’arrivée du messie.

Un début de récit nébuleux…

Si le début de ce récit peut décontenancer par son approche brutale, c’est pour mieux nous mettre dans la peau de la “résistance” à cette nouvelle religion. Il faut accepter les codes de cet univers alternatif ou Diana est reine d’Angleterre. Peu à peu, les ficelles et les dessous de cette énigme nous seront révélés. Ainsi, on comprendra au fur et à mesure les enjeux. En effet, le récit passe son temps à nous parler de ses sept frères comme étant les nouveaux messies. L’intention étant de nous faire nous sentir aussi perdus que ces prétendus nouveaux messies, présentés comme tels à grand renfort de surmédiatisation. Cependant, certaines religions du monde remettent en cause cette hégémonie. Le récit s’éloigne alors des poncifs du genre, malgré une certaine facilité scénaristique. Tout n’est pas si blanc ou noir dans cet univers. Le personnage ayant amené au grand jour la soi-disant prophétie des sept frères se dévoilant petit à petit.

Seven Sons
Le merveilleux découpage de ce récit.

Méfiez-vous de qui fait trop de bruit

Ce nouveau comic book est, au-delà de la critique des religions, une critique de la société américaine. Une société biberonnée aux chaînes de télévision en continu et aux tapages médiatiques. Un récit qui, au final, enjoint son lectorat à toujours se poser la question de quelle est la finalité d’une surmédiatisation trop appuyée. Et même s’il peut manquer de subtilité, ce Seven Sons est une belle réussite notamment de par sa construction dont les débuts sont nébuleux jusqu’au dénouement, que par son trait. Un trait qui rappelle celui de Frank QUITELY (All-Star Superman, New X-Men, Nou3) dont les décors sont épurés pour laisser toute la place nécessaire aux personnages. Un style qui, bien qu’après plus de trente ans de carrière, reste toujours aussi percutant pour qui aime ce type de dessin. Qui plus est, le découpage ultra dynamique fait que ce récit est un bonheur visuel.

Un titre très convaincant

De fait, ce comic book est un pari plus que réussi pour la petite maison d’édition Huginn & Muninn. Malgré une fin beaucoup trop ouverte qui apporte beaucoup plus de questions qu’elle ne donne de réponses, l’histoire livre un superbe voyage. Un récit qui laissera de bons souvenirs et qui donnera à son lecteur l’envie de se replonger dedans dans le futur. Une histoire qui, sans sa fin largement ouverte, serait un des coup de cœur 2023.

Au final, Seven Sons nous emmène dans un voyage aux confins de la médiatisation américaine et de sa religion à outrance. Un récit qui dévoile les manigances d’une personne prête à tout pour arriver au pouvoir. Un parcours qui peut, par certains aspects, rappeler un certain Donald Trump, mais aussi toutes les personnes propulsées sur le devant de la scène médiatique. Un comics très intéressant, mais éminemment politique servi par des dessins merveilleux de Jae LEE et sa compagne June CHUNG. À posséder pour les amateurs de récit d’anticipation.

TITRE ORIGINAL : Seven Sons
GENRE : Anticipation, fantastique
PAYS : USA
ÉDITEUR ORIGINAL : Image Comics
AUTEUR : Robert Windom – Kelvin Mao
ILLUSTRATEUR : Jae Lee
COLORISTE : June Chung
ÉDITEUR FRANÇAIS : Huginn & Muninn

Konata Nekoyama aime

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