Chronique : Stray Dogs

Sophie ne se souvient plus de ce qu'il s'est passé. Comment est-elle arrivée dans cette maison ? Qui est ce nouveau maître qui prend tellement bien soin de tous ces chiens ? Où est passée sa maîtresse ? La petite Sophie ne s'en souvient pas mais ce n'est pas sa faute : il n'y a pas de mauvais chiens, juste de mauvais maîtres.

Il y a quelques jours sortait chez Panini Comics le récit de Tony FLEECS et Trish FORSTNER intitulé Stray Dogs. Dire que ce récit mérite le succès et le tapage qui a été fait autour est un doux euphémisme. Entre le style cartoony disney de Trish FORSTNER et la narration plus sèche et froide de Tony FLEECS, ce récit avait tout pour me séduire.

Mais remettons cela dans son contexte. Nous sommes mercredi, jour des sorties VO des comics et des sorties de quelques éditeurs français pour ce même médium. En allant chercher mes commandes VO de la semaine, je tombe sur un ouvrage qui attire mon attention. Un comics avec une tête de chien dont la couverture est un hommage fortement appuyé au film Le Silence des Agneaux (The Silence of the Lambs pour la langue de Shakespeare) font que je feuillette cette BD. Grand bien m’en a pris. Le dessin me conquiert instantannément et je repars avec cet achat imprévu.

Stray Dogs
La couverture du crime

Stray Dogs, de quoi ça parle ?

Nous suivons Sophie, une jeune chienne fraîchement débarquée dans une nouvelle maison où une véritable meute l’accueille. Tous semblent heureux ici et respectent le maître. Mais un évènement va faire que Sophie va se poser des questions qui finiront par lever le voile sur un mystère bien trouble. Car si les chiens sont les meilleurs amis de l’homme, la réciprocité n’est pas forcément de rigueur. Encore moins quand les chiens, du moins pour ce récit, ont une mémoire à court et long terme très faible.

Sous couvert d’un récit enfantin de prime abord, Tony FLEECS livre en fait un récit glaçant dont le double niveau de lecture est effroyable. Maltraitance animale, humaine et violence infantile, tout y passe dans ce thriller canin dont certaines scènes ne seront absolument pas faites pour les enfants. Car si les dessins des débuts et la colorisation pastel peuvent évoquer certains longs métrages d’animation, le tournant du premier tiers du récit lui font prendre une toute autre dimension. Bien que le livre se lise très vite, il reste en mémoire tant les narrations, contées comme visuelles, sont maîtrisées. On sombre peu à peu dans l’horreur alors que le merveilleux semble être présent en apparence. Et le coloriste livrera un travail de plus en plus fort pour accentuer les contrastes de ce récit.

Un deuxième niveau de lecture glaçant

Attention, vous entrez dans un paragraphe qui contient quelques spoilers sur le récit.

Même si les protagonistes sont des chiens, une analogie avec les enfants peut être faite. A la manière d’un Oliver Twist, Le Maître les utilise pour se rapprocher des gens. Mais si Oliver Twist et ses comparses usaient de ruse pour se nourrir et survivre à la rue, Le Maître se livre à des penchants bien plus criminels. Ainsi la figure canine peut être assimilée à un enfant qui va jouer avec un autre et qui permet au prétendu père de se rapprocher de sa victime afin de la tuer et recueillir par la suite son chien qui alimentera son chenil. Un cercle vicieux qui est magnifiquement mis en exergue. Le fait que ces boules de poils aient une mémoire fonctionnant différemment de la notre aide aussi à l’opacité du récit pour en livrer un choc d’autant plus fort lors du dernier chapitre.

Une édition “Luxe” nécessaire ?

Pour cette histoire, Panini a opté pour un format type Marvel Deluxe, plus grand que le comics habituel donc. Si le choix des différentes variant cover qui compose les différentes éditions sont logiques, le format peut soulever quelques questions. Certes nous avons là l’intégralité de cette mini série et les différents one-shot successif à ce récit. Mais la qualité de ces autres épisodes est bien moindre. Tous se focalisant sur un des chiens de la maison pour lui donner un passé. La faute au scénariste qui aurait peut être pu étendre son récit et écrire ces épisodes au sein de son histoire plutôt qu’à posteriori. Mais ce n’est là que du pinaillage. Et cette histoire mérite ce format plutôt qu’un plus petit et/ou souple qui serait passé totalement inaperçu.

Au final, nous avons ici un récit qui se lit très (trop) vite mais qui n’enlève rien à la qualité de son scénario. Un livre à ne pas mettre entre les mains des plus petits cependant tant la violence, bien plus suggérée que visuelle peut troubler un jeune lectorat. Une lecture que je recommande ne serait-ce que pour le contraste entre la partie graphique et le récit.

Stray Dogs

TITRE ORIGINAL : Stray Dogs
GENRE : Thriller
PAYS : USA
ÉDITEUR ORIGINAL : Image Comics
AUTEUR : Tony Fleecs
ILLUSTRATEUR : Trish Forstner
COLORISTE : Brad Simpson
ÉDITEUR FRANÇAIS : Panini Comics
© 2023 Tony Fleecs & Trish Forstner.

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