La jeune fille et les paysans : Un film beau et soigné

Au XIXe siècle, dans un village polonais, la jeune Jagna, promise à un riche propriétaire terrien, se révolte. Elle prend son destin en main, rejette les traditions et bouleverse l'ordre établi. Commencent alors les saisons de la colère...

Un drame dans la ruralité du XIXe siècle

La campagne du XIXe siècle. Son calme, sa vie parfaitement rythmée… Mais aussi ses ragots, sa médisance et ses codes… C’est le tableau dépeint par La jeune fille et les paysans. L’histoire se déroule à une époque où la religion est très présente et où il n’est pas bien vu d’être célibataire à l’âge d’enfanter. Nous suivons Jagna, la plus belle fille du village, mais aussi la plus convoitée. Ayant quelques terres suite à la mort de son père, elle est promise à un homme de deux fois son âge, l’un des plus riches du village. Cependant, Jagna est éprise du fils de son futur mari, lui-même marié, mais épris d’elle en retour. S’ensuit alors une vague de péripéties qui verront les deux tourtereaux sombrer dans la tourmente.


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Une histoire classique magnifiquement mise en image

Le scénario ne brille pas par son originalité. Une histoire d’amour impossible dans une région très rurale et donc traditionaliste à cette époque, dans un pays qui l’est encore plus. Cependant, la narration fait que l’on s’attache tout de suite aux personnages, et en particulier Jagna qui se verra être la personne évoluant le plus au fur et à mesure.

Rien que suivre le fil saisonnier de cette histoire, du printemps à l’hiver, permet de jouer avec les ambiances lumineuses et de rajouter à la narration visuelle. Et le métrage sublime par sa réalisation le roman originel qu’il adapte. Oui, La jeune fille et les paysans est un beau film. Esthétiquement parfait, il a demandé un travail incroyable. Chaque plan est filmé traditionnellement sur fond vert. Le décor y est ensuite incrusté par le moteur Unreal Engine. Alors certes, à l’heure des blockbusters aux centaines de millions de budgets, cela n’a plus rien d’une prouesse. Et nous serions d’accord.

Mais là où l’équipe technique réussit à frapper, c’est sur la technique. Toutes les premières images de chaque plan ont été peintes à la main en peinture à l’huile. Et à partir de là, l’équipe d’animation fait le reste du travail. Le rendu y est magnifique. Imaginez un tableau de Van Gogh devenu film d’animation animé par le maître. Vous auriez le rendu de ce film.

La jeune fille et les paysans, un film de DK et Hugh Welchman.
La jeune fille et les paysans, un film de DK et Hugh Welchman.

Un casting soigné

Et si la première séquence peut dérouter par son animation quelque peu saccadée, ce n’est que pour mieux nous surprendre une fois le premier visage couché sur l’écran. Choisir la beauté douce de Kamila Urzedowska est aussi un parti pris fort pour accentuer l’effet de stupéfaction que nous donne cette première apparition.

Et ce sera le cas pour tous les acteurs qui collent tous parfaitement à leurs rôles. Certes, les acteurs polonais ne sont pas les plus connus de la scène européenne, ce qui les aide à se fondre dans leurs personnages pour le spectateur d’Europe de l’Ouest. Cependant, le casting est vraiment bon. Que ce soit les acteurs principaux tous plus convaincants dans leurs interactions que les personnages secondaires qui apportent la crédibilité à l’univers dépeint.

La musique, élément majeur du film

Mais l’autre force de ce film, c’est la musique. Nous prenons notre première claque lorsque Jagna apparaît pour la première fois. La deuxième a lieu lorsque la musique prend une place importante et devient plus qu’un simple accompagnement. Une musique traditionnelle polonaise remise au goût du jour aux accentuations tantôt légèrement rock, tantôt légèrement électro. Parfois même les frontières entre les trois genres sont tellement maigres qu’elles se fondent en une seule musique, entêtante, servant parfaitement la dramaturgie mise en scène.

La jeune fille et les paysans, un film de DK et Hugh Welchman.
La jeune fille et les paysans, un film de DK et Hugh Welchman.

Et, époque et milieu décrit obligent, la musique a une place de choix dans La jeune fille et les paysans. Que ce soit les fêtes saisonnières, le mariage, la séduction entre Jagna et le fils de son mari… On a de la musique très fréquemment et elle marque autant que les images. Bien plus qu’un accompagnement de ce film, la musique au sein de La jeune fille et les paysans est un élément essentiel du film qui nous accompagne tout au long de ces quatre saisons et nous font ressentir pleinement chaque saison et les fêtes liées à cette saisonnalité.

Pour ce premier film en commun (et le deuxième long métrage pour DK Welchman) le couple Welchman nous sert un drame à la trame scénaristique somme toute classique, mais dont la technique et le parti pris artistique en font un chef-d’œuvre. Reprenant la même base que pour La Passion Van Gogh, ils améliorent le procédé pour en faire un film visuellement magnifique et dont la musique, qui a une place majeure au sein du métrage, sublime le film. Allez voir La jeune fille et les paysans, vous en sortirez totalement conquis.

TITRE ORIGINAL : Chlopi
GENRE : Drame
TECHNIQUE : Prise de vue live, repeint à la peinture à l’huile
DURÉE : 1h54
PAYS : Pologne, Serbie, Lituanie
DATE DE SORTIE FR : 20 mars 2024
RÉALISATION : DK et Hugh Welchman
AVEC : Kamila Urzedowska, Nadia Tereszkiewicz et Robert Gulaczyk
PRODUCTION : BreakThru, DigitalKraft et Art Shot
DISTRIBUTEUR FR : The Jokers / Les Bookmakers

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