Tortues Ninja: Last Ronin : De l’influence de Miller

Qui est le Dernier Ronin ? Le clan Hamato n’est plus et les Foot règnent sur un New York post-apocalyptique ravagé par les guerres civiles... mais le dernier survivant de la fratrie des Tortues rôde dans l’ombre. Hantée par les fantômes des tragédies passées, la mystérieuse Tortue se lance dans une mission désespérée pour venger l’honneur de sa famille disparue. Par les co-créateurs légendaires Kevin Eastman et Peter Laird, accompagnés de Tom Waltz, scénariste de la série principale, découvrez l’histoire finale des Tortues Ninja !

Un ronin est un samouraï privé de maître. On pourrait le traduire par "homme prison", et cette liberté n'est pas forcément choisie, comme nous l'apprend Wikipedia. The Last Ronin semble alors un sous-titre particulièrement bien pensé pour cette histoire...

AUX ORIGINES FUT LE DIABLE DE HELL’S KITCHEN

Les Tortues Ninja : lors de leur création par Kevin EASTMAN et Peter LAIRD, elles étaient déjà à la fois un pastiche et un cri d’amour aux comics. Les références au Daredevil de Frank MILLER étaient d’ailleurs assez fortes : en effet, les Tortues combattaient des Ninja du clan Foot, alors que le diable de Hell’s Kitchen luttait contre la Main, organisation secrète terroriste. Les deux “clans” visaient la domination mondiale pour renverser un ordre établi et étendre leurs “valeurs”. Plusieurs cases du comics originel laissent planer le doute quant à l’implication de l’avocat aveugle en costume écarlate sur la motivation des Tortues. Le run de Frank MILLER est de fait une source d’inspiration, avérée par les auteurs, pour nos reptiles mutants.

Plus de 30 ans après leur création, Kevin EASTMAN veille toujours au grain. Il revient en 2011 sur la série, épaulé par Tom WALTZ, pour relancer la franchise. Ce reboot complet est un petit succès qui voit la série, plus de 12 ans après, continuer son bonhomme de chemin. Mais ça ne suffit pas aux deux auteurs. Ils débordent d’idées et, à l’approche du centième épisode de la série régulière, une en particulier les taraude : c’est l’objet du papier du jour.

DES CHEVALIERS D’ÉCAILLES AU GUERRIER SANS MAÎTRE

Pour cette mini-série, exit Daredevil comme source d’inspiration. Mais on puise toujours chez Frank MILLER. Si l’origine des Tortues Ninja se trouve à Hell’s Kitchen, cette série trouve son inspiration à Gotham City. Et pas avec n’importe quel récit, puisque c’est le cultissime The Dark Knight Returns qui servira d’appui aux deux auteurs. Nous suivons la dernière Tortue survivante qui revient à New York après avoir été mise en déroute. Son but : détruire une bonne fois pour toute le clan Hamato, quitte à y laisser la vie. Une mission suicide qui permettrait à la ville de retrouver un semblant de liberté. L’héritier Hamato gouverne New York à la façon d’un dictateur sorti du roman 1984.

Nouveaux venus comme visages familiers viendront alors prêter main forte à notre tortue mutante. Des rencontres qui lui permettront de comprendre que son combat est plus important qu’elle ne l’imaginait, et que les affrontements du passé ont laissé un héritage fort quant aux valeurs des tortues ninja. L’influence de MILLER se fait à nouveau sentir.

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RÉCIT CLASSIQUE MAIS BIEN MENÉ

Le monomythe du héros de Joseph CAMPBELL est on ne peut plus mis en avant. Bien que toute la partie initiatique soit absente du récit, tout le reste s’appuie sur cet archétype. Ce n’est en aucun cas un mal si ce concept, comme c’est le cas ici, est bien écrit. Futur possible des Tortues oblige, et surtout parce que le récit n’est pas inscrit dans la continuité des personnages, tous sont sacrifiables au profit de l’histoire. Sans être des éléments scénaristiques purs, les personnages principaux, nouveaux comme connus, ont chacun une histoire qui nous sera révélée au long de ces 5 chapitres.

Des chapitres qui, d’ailleurs, raviront les fans les plus fidèles des Tortues. Le retour de Peter LAIRD , ainsi que quelques planches de EASTMAN, raviront les plus connaisseurs d’entre vous. Revoir ainsi les deux papas de nos chevaliers d’écailles sur un récit narrant les toutes dernières aventures de leurs créations donne à la lecture un goût savoureux. Une impression d’achèvement se dessine au fur et à mesure du récit, clôturant une histoire commencée plus de 35 ans auparavant.

Tortues Ninja: The Last Ronin est un récit très agréable qui peut se lire sans rien connaître de sa mythologie. Un récit noir, mais intense, dont chaque chapitre nous fera avoir de plus en plus d’empathie pour son protagoniste. Un récit gratifiant pour les lecteurs de longue date qui verront quelques allusions à des récits antérieurs. Cette histoire, devant beaucoup au Frank MILLER des 80’s, se permet aussi quelques piques au gouvernement américain sans pour autant en faire son propos principal. Une lecture fortement recommandée pour quiconque est en mal des films noirs de la fin 80’s et début 90’s, ou voudrait simplement découvrir les Tortues Ninja en comics.