Les Semi-Deus : Entre Grèce antique et Fantasy

Parfois, avoir des super-pouvoirs est tout sauf une bénédiction. 
Issue d’une famille d’agriculteurs menacée par la famine, Asmodée est vendue par son père à la puissante reine Bérénice. Dans son royaume où la misère côtoie la richesse, certains enfants abandonnés ont curieusement développé des pouvoirs extraordinaires : ils sont désormais ce qu’on appelle des Semi-Déus ! Oni a le don de dupliquer les objets tandis que d’autres comme Namielle peuvent soigner les blessés ou encore se rendre invisibles. Mais seule Asmodée possède le pouvoir unique de métamorphe. Faisant désormais partie d’une élite vénérée par la population, elle peut changer son apparence à l’infini. Pourtant, c’est au prix de terribles souffrances que la jeune fille s’est transformée… Car personne ne sait vraiment ce qui se trame derrière les murs du palais. Comment la reine se joue-t-elle de ces enfants élevés à servir ses intérêts et à assurer la prospérité de la cité ? Et que deviennent ceux pour qui l’expérience tourne mal ? Ce qui est certain, c’est que leurs capacités hors normes attirent la convoitise des autres cités… Quand le prince de Méridan se présente devant sa majesté, le secret le mieux gardé risque d’éclater au grand jour. Pour éviter que les Semi-deus ne lui échappent et que les dirigeants de la ligue n’apprennent la vérité, la reine a un plan. Et Asmodée pourrait lui être fort utile…

Une quête initiatique

Si la trame scénaristique des Semi-Deus n’est pas forcément la plus originale, elle tire son épingle du jeu par l’univers dépeint. Ce dernier emprunte énormément à la mythologie gréco-romaine, mais en la transposant dans un univers de fantasy de type médiéval fantastique. On y suit Asmodée alors qu’elle vit encore avec sa famille. Dans un monde où les divinités sont vénérées et vivent sur terre, tout le “bas peuple” vivant dans la misère se tourne vers eux. C’est le cas du père d’Asmodée, agriculteur dont les terres ne donnent plus rien. Il se rend chez la reine Bérénice pour tenter de sauver sa famille de la misère. Si son périple est infructueux, la reine ne lui accorde aucune audience, il finit par monnayer sa survie contre sa fille.

Après une ellipse, nous retrouvons Asmodée avec un ami en train de faire les 400 coups ensemble. Cette atmosphère pesante puis plus légère permet de donner un pathos fort pour la galerie de personnage que l’on découvrira dans l’entourage de la fillette. Comme toute œuvre de fantasy qui se respecte, plusieurs péripéties vont survenir incorporant une dose de merveilleux. Ici, plutôt que de plonger dans un folklore britannique ou pan-germanique, Jean-Gaël Deschard et Juliette Fournier nous plongent dans un univers proche des mythes et légendes gréco-romains. Les noms nous y ramènent ainsi que certains pouvoirs de personnages.

Des personnages attachants

Tout au long des 56 pages que composent cet album, nous allons rencontrer plusieurs personnages qui seront des figures récurrentes de l’histoire. C’est le cas de “l’espionne” Nymphéa qui peut envoyer ses “yeux” là où elle le souhaite pour observer ce qu’il se passe, et de d’Orphée, séducteur invétéré, mais au grand cœur. Nous apprenons que ces personnes, tout comme Asmodée et Oni ou la “prêtresse guérisseuse” Amra ont en fait obtenus leurs pouvoirs de force et de manière peu plaisante. L’intrigue politique prend alors corps nous montrant les machinations de la reine. Et si Asmodée prend une place si importante, c’est que son pouvoir servira d’autant plus les plans de Bérénice.

Un univers convaincant

Si ces personnages sont aussi attachants, c’est aussi grâce au trait des deux auteurs dessinateurs. Un trait doux sans être simpliste. La colorisation aide aussi énormément. En dehors de rares passages, les tons clairs, voire pastels aident à donner aux Semi-Deus cet aspect mystérieux rappelant aux fantasmes de la Grèce Antique. Alors oui, votre serviteur est un amoureux de tout ce qui se rapproche de la mythologie antique. Et cette œuvre est donc clairement quelque chose qui attirait.

Mais la grande force de ce tome est cette double lecture. Oui, quelques scènes violentes (sans être choquantes) permettent aux adultes d’y trouver leur compte. Mais les plus jeunes aimeront énormément aussi La Fabrique des Enfants Dieux qui met en scène des personnages colorés et attachants tout en construisant un univers cohérent mêlant fantasy et fantastique.

Enfin, le dernier point positif est le choix de couverture, qui dévoile énormément de l’intrigue tout en restant assez nébuleux. Il faut lire ce tome pour comprendre pourquoi ce choix est pertinent. Et il y a peu de chances que vous passiez un mauvais moment de lecture.


INFORMATION : Juliette Fournier, co-scénariste et co-illustratrice de cet album, sera en dédicace le 22 mars 2024 à la libraire Pulps’s BD (3 Rue Dante, 75005 Paris). Accès par : Métro 4 : Saint-Michel / Métro 10 : Cluny La Sorbonne / RER B et C : Saint-Michel Notre-Dame


Avec La Fabrique des Enfants Dieux, premier tome de la série Les Semi-Deus, le duo d’auteurs et illustrateurs nous offre un premier tome très convaincant. Fantastique, Fantasy et mythologie sont les ingrédients de ce récit à l’intrigue politique très agréable à suivre. Un titre qui conviendra autant aux jeunes lecteurs qu’à leurs parents grâce à une double lecture soignée. Un coup de coeur.

TITRE ORIGINAL : Les Semi-Deus
GENRE : Fantastique, Fantasy
PAYS : France
AUTEUR : Jean-Gaël Deschard, Juliette Fournier
ILLUSTRATEUR : Jean-Gaël Deschard, Juliette Fournier
ÉDITEUR : Vents d’Ouest

Konata Nekoyama aime

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Konata Nekoyama aime