Sleep : Ou la paranoïa due au manque de sommeil

La vie d'un jeune couple est bouleversée quand le mari devient somnambule et se transforme en quelqu'un d'autre la nuit tombée. Sa femme, submergée par la peur qu'il fasse du mal à leur nouveau-né, ne trouve alors plus le sommeil...

Un film remarqué

Avant même sa sortie, Sleep avait déjà fait couler pas mal d’encre. Les retours sur le film étaient dithyrambiques. Après sa présentation hors compétition à Cannes, plusieurs personnalités journalistiques et de la profession acclamaient le film. Au point où, lors de la compétition 2024 du Festival du Film Fantastique de Gérardmer, il reçoit le grand prix. Pour son premier film, le réalisateur Jason Yu se voit auréoler d’une belle aura de sainteté. Certes, nous sommes maintenant habitués à ce que les Sud-Coréens surprennent et s’imposent de plus en plus dans le cinéma mondial. Mais récolté une caméra d’or et être remarqué dans la semaine de la critique et récupérer un Grand Prix sur un festival de renommée mondiale est un bel effort.

Mais est-ce mérité ? Clairement… OUI ! Le film mêle avec intelligence humour et effroi tout en nous faisant nous questionner sur le rapport à l’autre dans un couple. Le tout en s’inspirant quelque peu du Horla de Maupassant.

Sleep, un film de Jason Yu.
Sleep, un film de Jason Yu.

À lire aussi : LIMBO: La Crasse de Hong Kong au service d’un polar


UNE HISTOIRE À DORMIR DEBOUT ?

Si le film nous conforte dans une ambiance convenue dès son premier acte, c’est pour mieux détourner les codes du genre. Et au final, c’est une part psychologique qui donne la part horrifico-fantastique au film. En effet, Hyun-Su est insomniaque. Mais une insomnie lourde qui l’amène à se blesser et à devenir violent avec son entourage pendant les crises. Au point où sa femme, Soo-Jinn ne dort plus par peur pour elle et leur bébé. Mais le twist arrive lorsque la mère de Soo-Jinn fortement superstitieuse, instille un doute. Hyun-Su pourrait être possédé.

À partir de là, le film prend un tournant plus porté sur le fantastique. MAIS, en se basant sur la paranoïa de Soo-Jinn. Rien n’est jamais clairement montré dans le film. On laisse notre sensibilité se faire son propre avis, et ce, jusqu’à la scène finale qui laisse l’interprétation libre.

JUSQU’OÙ PEUT-ON ALLER PAR AMOUR

Malgré son côté malsain et sordide (tout en gardant une belle dose d’humour), le film questionne sur notre rapport à l’autre et ce que l’on accepte par amour. Le mantra du couple, affiché en évidence dans leur salon, dit qu’ensemble, tout peut être affronté. Pendant une heure et demie, cette devise va être mise à dure épreuve. Soo-Jinn finit, par manque de sommeil, par avoir peur pour sa vie et celle de son bébé. Elle finira par se ranger à l’avis de sa mère et croire en la possession de son mari. De fait, elle en viendra à plusieurs excentricités qui feront que son mari finira par se méfier d’elle.

L’ignoble arrive d’ailleurs dans le dernier acte. Dont je ne dévoilerai rien pour ne pas gâcher la surprise. Cependant, malgré la violence froide, mais non graphique du film, les touches d’humour seront fortement présentes. Donnant tout le corps nécessaire à l’absurde des situations. Le tout appuyé par une ambiance sonore donnant du corps au métrage.

Sleep, un film de Jason Yu.
Sleep, un film de Jason Yu.

Pour son premier long métrage, Jason Yu frappe fort avec un film à la fois glaçant et drôle. Un film qui mérite totalement les éloges faits et les prix récoltés. Par sa photographie classique, mais soignée et son ambiance entre horreur et comédie, ce film possède tous les ingrédients pour marquer les esprits.

TITRE ORIGINAL : Jam
GENRE : Fantastique, Horreur, Comédie
TECHNIQUE : Prises de vue réelles
DURÉE : 1h35
PAYS : Corée du Sud
DATE DE SORTIE FR : 21 février 2024
RÉALISATION : Jason Yu
AVEC : Yu-Mi Jeong, Sun-Kyun Lee
PRODUCTION : Lewis Tae-Wan Kim
DISTRIBUTEUR FR : The Jokers / The Bookmakers

Konata Nekoyama aime

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Konata Nekoyama aime