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À l’occasion de la Foire du Livre de Bruxelles, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Monday Recover, autrice et illustratrice taïwanaise dont les œuvres, publiées en France par Nazca et Mahô, explorent avec sensibilité les relations entre femmes.
Dans cette interview, elle partage avec nous son regard sur la création, ses inspirations et quelques anecdotes de dessin, entre confidences artistiques et humour discret.
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L’esthétique de vos œuvres est à la fois douce et percutante. Comment trouvez-vous l’équilibre entre un style visuel attrayant et des thématiques parfois dures ou complexes ?
Monday Recover : Puisque je suis la première lectrice de mon propre travail, le style que je choisis doit avant tout me plaire à moi — c’est ce qui compte le plus.
Si vous deviez représenter vos personnages dans une autre forme artistique (peinture, sculpture, musique, danse…), laquelle choisiriez-vous et pourquoi ?
Monday Recover : La bande dessinée raconte des histoires, donc elle peut être adaptée en roman, en pièce de théâtre ou en animation. Mais ce que j’aime, c’est dessiner. L’animation… C’est tout simplement trop chronophage pour une seule personne comme moi.
Vos récits explorent souvent des émotions profondes et des relations humaines complexes. Y a-t-il une scène ou un dialogue qui vous a particulièrement marquée en tant que créatrice, que ce soit à l’écriture ou au dessin ?
Monday Recover : Dans Nine Lives – Drowning Light, il y a une scène où le personnage principal, un collégien, prend une photo d’un camarade plus âgé qu’il trouve très beau. Il aime beaucoup la photo, mais après l’avoir regardée un moment, il la supprime. J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à comment exprimer ses pensées intérieures et pourquoi il agirait ainsi. Mais finalement, je n’ai rien écrit. Parfois, il y a des parties de nous-mêmes qui sont difficiles à comprendre ou à expliquer — j’ai voulu laisser cet espace vide.
Crédit photo : Mangas.io
Si l’un de vos personnages pouvait vous parler directement, que pensez-vous qu’il ou elle vous dirait ? Et de qui s’agirait-il ?
Monday Recover : J’espère qu’ils me verraient simplement comme une plante en pot.
Si vous aviez l’opportunité de revisiter l’un de vos mangas dans un angle complètement différent (une autre époque, un autre genre…), que feriez-vous et pourquoi ?
Monday Recover : Intéressante question. Mettons Pink Ribbon dans un drame de palais chinois fantastique. Deux jeunes filles y collectionneraient en secret des robes Lolita extravagantes… Ça ressemble à une histoire vouée à une fin tragique. Rien que d’y penser, j’ai abandonné l’idée.
Créer une histoire, c’est un peu jouer avec le destin de ses personnages. Vous est-il déjà arrivé de vouloir changer une fin ou un développement majeur parce que vous étiez trop attachée à un personnage ?
Monday Recover : Je n’ai pas encore été confrontée à ce dilemme. Lorsqu’un personnage atteint sa propre fin, cela constitue déjà une forme d’accomplissement.
Entre confidences sincères et détours oniriques, Monday Recover nous offre un regard singulier sur la création : un espace où les émotions s’écrivent autant dans les silences que dans les mots. Portée par une esthétique toute en nuance, elle construit, œuvre après œuvre, une bibliothèque intime et universelle à la fois, dans laquelle beaucoup se reconnaissent.
Nous avons hâte de découvrir ses prochaines publications et de continuer à suivre cette voix singulière du manga contemporain.
Autrice : Monday Recover (Sea You There and us, x9 Lives Man, Contes merveilleux du printemps)
Questions et rédaction : Solène Flieg – Responsable Communication & Relations Presse chez Mangas.io
