Les chroniques de Superman #1 (1933-1940)

En fin d’année 2024, DC Comics a lancé une nouvelle collection qui fera date : les DC Finest. Ces ouvrages ont pour but de mettre en avant le patrimoine éditorial de la maison d’édition. À ce titre, tous les personnages phares mais aussi secondaires ont droit à leurs moments de gloire. Tout comme les Epic Collection de chez Marvel, les DC Finest proposent de compiler les aventures de vos héros préférés dans des ouvrages regroupant des arcs narratifs de façon chronologique. Ainsi, l’un des premiers tirages de la collection a été les aventures de Superman de 1938 à 1940. Dans celui-ci, vous retrouvez ses apparitions dans les numéros d’Action Comics #1-25, de Superman #1-5 et de New York World’s Fair Comics #1.

Grâce à cette collection et à un travail indéniable de recherche, je vous propose de retracer l’histoire des Héros Marvel et DC à travers les âges. Plongeons-nous alors dans la fin des années 1930 pour comprendre comment est apparu l’un des tout premiers super-héros modernes.

Introduction

Bien qu’elles mettent généralement en scène la lutte du bien contre le mal, les bandes dessinées de super-héros reflètent également les convictions de leurs créateurs. Elles permettent aux lecteurs de résoudre indirectement les problèmes du monde réel. Pendant la Grande Dépression, des personnes cherchaient un héros et en trouvèrent un sur la couverture d’Action Comics n°1 : Superman. Ce dernier vit dans un monde imaginaire, mais est confronté à des situations réelles.

Jules Feiffer, dessinateur de renom, qualifiait le monde de Superman de « fantastique aux bases cyniquement réalistes ». Les bandes dessinées de Superman offraient aux lecteurs un autre point de vue sur des questions telles que la corruption et l’injustice sociale, qui affectaient leur quotidien. De plus, Superman démontrait la conviction de ses créateurs que ces injustices devaient et pouvaient être surmontées. Le phénomène Superman reflétait les défis auxquels les Américains étaient confrontés dans les années 1930, tout en célébrant la noblesse de l’homme ordinaire.

Le maléfique Superman

Et si je vous disais que Superman était, à son origine, un méchant ? Forcément, les sourcils se lèveraient aussitôt et une ribambelle d’onomatopées plus qu’interrogatives émaneraient de vos bouches. Alors remontons jusqu’en 1933 pour comprendre d’où vient cette affirmation. Deux camarades de classe de Cleveland, dans l’Ohio, que sont Joe Shuster et Jerry Siegel (tous deux 17 ans) écrivent une histoire intitulée « The Reign of the Superman » et la publient dans un fanzine.

Le Professeur Ernest Smalley, un chimiste, choisit dans une file d’attente pour du pain un vagabond, Bill Dunn, pour participer à une expérience. En échange, le scientifique lui propose un vrai repas et un nouveau costume. La potion que Dunn ingère lui confère des pouvoirs de télépathie. Rendu avide de pouvoir et de contrôle, il s’empresse de dominer le monde en mettant en place une tyrannie. Jaloux, le scientifique tente de lui reprendre ses pouvoirs mais se fait tuer. Ce récit propose déjà une morale, comme le feront les auteurs dans leurs futurs titres quelques années plus tard. En effet, les pouvoirs ne sont pas à durée illimitée. Dunn perd alors ses capacités extraordinaires et est contraint de retourner faire la queue pour récupérer du pain comme n’importe quel autre miséreux.

Après cette histoire, Shuster et Siegel décident de se lancer dans la publication de bande-dessinées. Face à la popularité des héros de l’époque tels que Tarzan, la décision est prise de transformer Superman en héros. L’idée initiale était même de reprendre l’histoire de Dunn. Cependant, il aurait eu une force surhumaine et une résistance aux armes à feu, à la place de la télépathie initiale.

La première publication : un long chemin de croix

C’est là que le chemin de croix débute. Les deux amis entrent en contact avec l’éditeur Humor Publishing, qui publie l’un des tout premiers comics avec des histoires originales, Detective Dan. Jusque-là, les publications de comics n’étaient que des compilations de comic strips provenant de la presse. Rapidement intéressés par Superman, ils sont pourtant refoulés car l’entreprise abandonne la publication de comics. Pensant qu’il lui faudrait un meilleur dessinateur pour progresser, Siegel décide de se séparer de Shuster. Une séparation qui ne durera cependant que quelques mois. Pendant ce laps de temps, Siegel travaille avec l’artiste Russel Keaton. Il établit ainsi une ébauche du background du futur Superman.

Dans cette première nouvelle esquisse, le dernier homme de la Terre envoie son bébé dans le passé, en 1935, afin de sauver la planète alors mourante. Il est recueilli par Sam et Molly Kent, qui lui donnent le nom de Clark. Les auteurs entrent en contact avec la National Allied Publications pour qui ils écriront des récits d’enquête et d’aventure. Mais l’entreprise fait faillite. Elle est rachetée en 1937 par Jack Liebowitz et Harry Donenfeld. Ceux-ci proposent aux jeunes auteurs de publier Superman dans une nouvelle revue qui prendra le nom d’Action Comics. En échange de leurs publications, Shuster et Siegel doivent céder à l’entreprise leurs droits ; ce qu’ils font, car ils ne croient plus au succès de leur héros. C’est ainsi que les premières aventures de Superman sont publiées, quelques mois plus tard, en 1938.

Le contexte : la Grande Dépression

L’année de la première publication de Superman, la Grande Dépression bat son plein. Des millions de personnes se retrouvent pauvres et touchées par le chômage et les pertes subies par leurs entreprises. Nombreux sont ceux qui perdent confiance dans le gouvernement. En effet, les tentatives pour remédier à ce désastre économique échouent à chaque fois. C’est une période de grand désarroi pour les Américains, qui ont désespérément besoin de quelqu’un pour les tirer d’affaire. C’est dans ce monde que vivent les créateurs de Superman, et c’est dans ce monde que Superman va naître. Cela dit, les lecteurs de la version moderne de Superman seront peut-être surpris de constater que les méchants et les problèmes des débuts, ainsi que le comportement de Superman, sont très différents de ce qu’ils voient aujourd’hui. Ainsi, Superman se concentre d’abord sur les problèmes domestiques qui affectent les citoyens défavorisés de Metropolis.

Ces problèmes vont des conducteurs imprudents aux tractations vicieuses des politiciens et des entreprises corrompus. À l’époque, ces types de méfaits sont ce qui préoccupe la plupart des citoyens américains dans les années 1930. En 1936, la deuxième campagne présidentielle de Franklin Roosevelt tourne autour de la taxation et la réglementation des riches et des grandes entreprises. Celles-ci avaient profité du peu de protection dont bénéficiaient leurs travailleurs avant la mise en place du New Deal. Ce thème de la lutte contre les grandes entreprises et du soutien au « petit homme » est devenu populaire à l’époque. Les syndicats et les défavorisés se sont ralliés à cette idée. Superman a donc incarné ces sentiments sous la forme de ce que Jeffrey Johnson appelle le « vengeur du New Deal ».

L’impact de Superman sur les ventes

Les exemplaires d’Action Comics n°1 se retrouvent entre les mains de centaines de milliers d’enfants. Action Comics n°1 connaît un succès immédiat, se vendant à environ 250 000 exemplaires. Un succès difficilement explicable : Superman n’apparaît pas sur la couverture des Action Comics n°2 à n°6, mais les enfants savent qu’il est à l’intérieur et commencent à réclamer la suite de ses aventures. Action Comics n°7, avec Superman en couverture, se vend à plus d’un demi-million d’exemplaires. Superman obtient rapidement sa propre bande dessinée quotidienne, Superman, dans les journaux. Plus tard, il aura même sa propre émission de radio (nous y reviendrons dans un prochain article).

Auparavant, les bandes dessinées les plus vendues se vendaient en moyenne à 200 000-400 000 exemplaires par numéro. Mais chaque numéro bimestriel de Superman se vend à environ 1 300 000 exemplaires ! Ce chiffre sous-estime le nombre réel de lecteurs de Superman. Les bandes dessinées des années 1930 et 1940 ne sont pas pas encore des objets de collection, mais se transmettent d’enfant à enfant et font l’objet d’un commerce. Les bandes dessinées sont, pour cette jeune génération, l’équivalent de la télévision moderne. En 1947, 95 % des garçons de six à onze ans et 91 % des filles du même âge achètent et lisent régulièrement des bandes dessinées. Entre dix-huit et trente ans, 41 % des hommes et 28 % des femmes sont des lecteurs réguliers de bandes dessinées, un chiffre significatif pour l’époque.

Superman : symbole de paix

Alors même que les nations d’outre-mer commencent à s’armer pour un grand conflit, les bandes dessinées de Superman promeuvent le mouvement pacifiste américain des années 1920 et 1930. Les lois de neutralité des années 1930 illustrent la volonté des États-Unis d’éviter le combat avec des pays étrangers. Superman milite également pour la paix dans le monde, mais y joue un rôle plus actif. Dans Action Comics #2, Superman rencontre des marchands de munitions corrompus. Au lieu de les punir physiquement, il leur fait vivre les épreuves de la guerre. Il s’adresse alors aux généraux adverses et les exhorte à « se battre entre eux ». Les généraux refusent et comprennent rapidement qu’ils ignorent pourquoi leurs armées s’affrontent. Superman, comme beaucoup d’Américains, croit que la guerre est inutile et aide les généraux à comprendre que les seuls à en tirer profit sont les marchands de munitions.

Dans Superman #2, Superman rencontre un professeur qui invente un gaz mortel à utiliser « uniquement en cas de guerre défensive ». Cependant, trois escrocs tentent d’utiliser la formule du gaz dans ” Boravia, un petit pays qui s’épuise dans le sang dans une guerre civile insensée… ! ». Siegel et Shuster commentent directement la guerre civile en Espagne, qui atteint sa conclusion sanglante en 1939. Superman empêche les escrocs d’utiliser le gaz et détruit l’usine de munitions pour empêcher d’autres morts. Finalement, le héros force les deux camps à signer un traité de paix et détruit également la formule.

Superman : symbole de l’immigration

Superman incarne également la vie d’un immigrant venu aux États-Unis pour une nouvelle vie, laissant derrière lui l’ancienne. « Juste avant que Krypton, planète condamnée, n’explose en fragments, un scientifique a placé son fils en bas âge dans une fusée expérimentale, la lançant vers la Terre ! » (Action Comics 1). Adopté très jeune et baptisé Clark Kent, ses parents lui apprennent très tôt à utiliser sa force surhumaine, un héritage que Superman n’oubliera jamais. « Cette grande force qui est la tienne, tu dois la cacher aux gens, sinon ils auront peur de toi ! » « Mais le moment venu, tu devras l’utiliser pour aider l’humanité. » (Superman 1).

Devenu adulte, Clark Kent passe sa vie à s’intégrer tout en cachant ses origines, comme le font de nombreux immigrants à l’époque. Par conséquent, Clark rivalise avec ses collègues, qui l’insultent, y compris Lois Lane, qui le qualifie souvent de « lâche ». Siegel et Shuster créent l’alter ego de Superman, Clark Kent, pour exprimer leurs propres fantasmes héroïques. Les lecteurs adorent partager cette double identité secrète et commencent à croire en leurs propres rêves de réussite malgré leurs vies monotones et difficiles.

Superman vs pulps

L’histoire de Superman reflète la vie de ses créateurs, Jerome (Jerry) Siegel et Joseph (Joe) Shuster, qui ont grandi ensemble. Tous deux étaient enfants d’immigrants juifs dont les familles avaient adopté le mode de vie américain. Cleveland était, à l’époque, la cinquième ville des États-Unis et possédait une très forte tradition politique démocrate libérale. Superman est devenu un symbole de la foi profonde des auteurs en l’Amérique et du New Deal de Franklin Delano Roosevelt.

Les bandes dessinées de Superman reflétaient également les difficultés sociales et les fantasmes de Jerry et Joe. Tous deux, adolescents étaient petits, portaient des lunettes et n’obtenaient pas facilement un rendez-vous. Sans surprise, ils ont modelé l’alter ego de Superman, Clark Kent, sur leurs propres défauts : « Il était doux et humble, comme Joe et moi, et portait des lunettes, comme nous », se souvient Siegel. Superman est également né de la passion de Jerry et Joe pour les magazines de science-fiction pulp mettant en scène des héros tels que Flash Gordon et Buck Rogers. Mais ces héros étaient de véritables humains vivant dans des mondes extraordinaires.

Superman devait être une personne extraordinaire vivant dans le monde réel. Peut-être Jerry a-t-il également été motivé à créer Superman par la mort de son propre père, victime d’une crise cardiaque immédiatement après un braquage dans le magasin de vêtements familial.

Superman : un pulp réaliste ?

Contrairement aux magazines pulp et aux bandes dessinées précédentes, l’univers de Superman est réaliste. Superman est le scout idéal, venant en aide à tous ceux qui sont dans le besoin. Les gens peuvent s’identifier à Superman : les enfants imaginent pouvoir combattre les mêmes méchants que ceux des bandes dessinées, et les adultes rêvent de faire face aux problèmes sociaux difficiles de leur vie de la même manière que Superman.

Dans la « vraie vie », Superman est simplement dépeint comme un journaliste à lunettes, toujours à l’affût de l’injustice. De l’amélioration des conditions de vie à la lutte contre la corruption dans les hautes fonctions, Superman est toujours capable de résoudre les problèmes que le commun des mortels ne peut résoudre. Les lecteurs commencent alors à espérer que le monde de Superman devienne réalité. Certains observent leurs dirigeants locaux et les comparent à Superman.

Le premier vilain

Superman rencontre son premier super-ennemi dans Action Comics #13. L’histoire commence avec son enquête sur une entreprise de taxis corrompue. L’organisation utilise la menace et des voyous pour victimiser d’autres petites compagnies de taxis indépendantes qui refusent de se joindre à elle. Pour mettre ce groupe au pied du mur, Superman sauve le propriétaire d’une compagnie indépendante et détruit les taxis appartenant à l’organisation malveillante. Dans sa poursuite du chef de l’organisation, Superman rencontre Ultra-Humanite, qui prétend être aussi fort en cerveau qu’en muscles. Les lecteurs modernes seront surpris de constater que ce méchant, en plus d’être intelligent, est un humain normal. Ce n’est pas un extraterrestre, ni un porteur de super-pouvoirs. C’est un simple manipulateur, qui a des amis corrompus et puissants dans les hautes sphères.

Ultra-Humanite révèle qu’il est à la tête d’un vaste réseau d’« entreprises maléfiques ». Cherchant à dominer le monde grâce à la croissance de ces entreprises, Ultra-Humanite sert de défi et de contrepoids aux convictions de Superman. Il représente tout ce que Superman n’est pas en termes de motivation et de valeurs. Sa fuite ne fait que garantir l’arrivée prochaine de nouveaux conflits entre Superman et lui. La fuite d’Ultra-Humanite peut également être considérée comme une représentation de l’idée que le problème des grandes entreprises ne sera jamais vraiment résolu, la menace d’entreprises devenant trop puissantes à l’avenir étant toujours possible.

Un vilain qui s’inscrit dans le contexte

Dans la dernière bande dessinée de 1939, Action Comics #19, une peste violette se répand dans la ville de Metropolis. La maladie étouffe lentement ses victimes, les faisant devenir violettes. Superman découvre que Ultra-Humanite a propagé cette épidémie afin de créer une nouvelle race. Superman finit par vaincre Ultra-Humanite et aide un médecin à trouver l’antidote, sauvant ainsi des centaines de personnes. Cependant, l’idée d’Ultra-Humanite de nettoyer la ville pour créer la race parfaite est presque trop familière. Au-delà des pages, Adolf Hitler et les nazis, de la fin de l’année 1939 à l’année 1940, disséminent des camps de concentration à travers l’Allemagne, la Pologne et l’Autriche, comme la peste pourpre d’Ultra-Humanite, avec l’intention de « nettoyer » les Juifs et d’autres groupes minoritaires pour promouvoir la survie de la race aryenne, qu’ils considèrent comme la race parfaite, ce qu’Ultra-Humanite a tenté de créer.

Une ouverture qui en dit long

Dès sa première apparition en 1938, Superman aborde les problèmes sociaux des années 1930. Sa devise, tirée d’Action Comics n°1, stipule qu’il est « le défenseur des opprimés. La merveille physique qui a juré de consacrer son existence à aider les nécessiteux ! ». Dans ce premier numéro, Superman sauve une femme envoyée à tort dans le couloir de la mort. Il met également un terme au mauvais traitement infligé à une femme battue, et empêche un escroc de corrompre un sénateur. Toutefois, il est intéressant de noter que Superman ne se précipite pas pour sauver physiquement la femme condamnée à mort. Il confronte plutôt le gouverneur et le convainc de la gracier.

Superman œuvre au sein du système gouvernemental pour promouvoir le changement. De même, il s’attaque aux forces qui corrompent le sénateur, et non au sénateur lui-même. Superman démontre que le système de gouvernement américain fonctionnerait efficacement si les citoyens étaient honnêtes et soucieux les uns des autres. Ce thème d’un gouvernement bienveillant est repris tout au long des premières chroniques de Superman.

Les premières aventures de Superman tournent toutes autour des inégalités sociales et de l’importance de l’autonomie. Dans Superman #3, Superman découvre un lieu de travail d’enfants se faisant passer pour un orphelinat. Là encore, Superman ne se contente pas de faire fermer l’orphelinat, mais va au-delà du nécessaire. Après avoir découvert un fugueur, Superman inspire au jeune garçon le courage d’aider les personnes dans le besoin. « Mais pense à tous les autres enfants de l’orphelinat ! Tu ne vas quand même pas les laisser tomber juste par peur ? ». Une fois que Superman convainc le jeune garçon de l’importance de défendre ce qui est juste, il sauve tous les enfants de l’orphelinat et livre le propriétaire à la police.

Le grand méchant patron

Les actions de Superman contre les grandes entreprises commencent avec Action Comics #3, publié sur en août 1938. Le numéro s’ouvre sur l’intervention de Superman lors d’une catastrophe : l’effondrement d’une mine, avec un mineur coincé en dessous. L’équipe de secours est envoyée sur place, mais ne donne pas signe de vie. Superman découvre qu’ils se sont tous évanouis sous l’effet d’un gaz toxique. Superman parvient à sauver tout le monde, mais le mineur reste handicapé à vie. Interrogé par Clark Kent, l’alter ego de Superman, le mineur révèle que lui et ses collègues travaillent dans des conditions dangereuses depuis des mois.

Le patron de la compagnie minière ne tient cependant pas compte de leurs réclamations pour une meilleure sécurité. Il profite de leurs besoins d’argent pour payer les factures et nourrir leurs familles en échange de leurs vies et de leur travail. Lorsque Kent rend visite au patron, celui-ci affirme que c’est la faute du mineur s’il s’est retrouvé dans l’effondrement et qu’il paiera certaines de ses factures pour le faire taire. Lorsqu’il est interrogé sur les réparations de la mine, il répond : “Il n’y a aucun risque pour la sécurité dans ma mine… Mais s’il y en avait, qu’en serait-il ? Je suis un homme d’affaires, pas un humaniste” (Action Comics #3).

La mentalité du patron est similaire à celle de nombreux riches propriétaires d’entreprises de l’époque. La valeur de l’argent et du pouvoir est placée au-dessus de la sécurité des vies humaines lorsqu’il s’agit de la croissance des affaires. C’est un thème apparemment récurrent de ces premiers numéros. Les grandes entreprises et les hommes d’affaires sont ainsi présentés sous un jour peu flatteur, ce qui renforce l’idée que l’essor des grandes entreprises et des monopoles est à éviter.

Une prise de conscience patronale ?

Plus tard dans la nuit, le patron organise une fête et emmène ses riches amis dans les mines. Parmi eux, Superman décide de montrer au patron à quel point les conditions de travail dans les mines sont dangereuses. Il provoque un nouvel effondrement. Les patrons vivent alors l’incertitude de savoir s’ils seront retrouvés et s’ils s’en sortiront vivants, comme le mineur et l’équipe de secours quelques pages plus tôt. Le désespoir de survivre fait ainsi prendre conscience au patron du danger qui règne dans ses mines lorsqu’il découvre que toutes les mesures de sécurité qui ont été mises en place fonctionnent mal. Alors que lui et ses collègues tentent de s’en sortir, le patron s’effondre. Il déclare qu’il n’avait aucune idée de la situation dans laquelle se trouvaient ses employés.

Après qu’il ait promis de mieux faire pour ses employés s’il survivait, le patron se voit sauvé par Superman. À la fin du numéro, le propriétaire de la mine se vante auprès de Clark Kent d’avoir la mine la plus sûre du pays et de traiter beaucoup mieux ses ouvriers. Il aura donc fallu que les hommes d’affaires corrompus découvrent les conditions difficiles qu’ils perpétuaient pour qu’ils veuillent les améliorer ou les supprimer complètement. C’est le type de conditions que les citoyens pauvres d’Amérique subissent au-delà de ces pages. Ils s’efforcent de travailler dans des conditions dangereuses qui peuvent s’avérer fatales, simplement pour obtenir de l’argent afin de s’occuper de leur famille. Comme on le voit dans ces numéros, les entreprises profitent de ce désespoir et il faut que quelqu’un intervienne. Superman a été inscrit dans le récit pour remplir cette fonction.

Conclusion

Né de l’imagination débordante de deux adolescents fils d’immigrants juifs, Superman est devenu l’incarnation même du rêve américain. La Grande Dépression a creusé un fossé profond entre riches et pauvres, et les politiques du New Deal ont tenté de combler ce fossé. De même, les bandes dessinées de Superman reflétaient les difficultés de la Grande Dépression et les aspirations du New Deal. Malgré ses origines lointaines, Superman a mené ses combats dans le monde réel, aidant les Américains à comprendre que l’injustice était possible. Parallèlement, son alter ego Clark Kent, journaliste à l’esprit doux travaillant pour un grand journal métropolitain, menait un combat sans fin pour la vérité et la justice.

TITRE ORIGINAL : DC Finest Superman : The First Super-Hero
GENRE : Super-héros
PAYS : Etats-Unis
ÉDITEUR ORIGINAL : DC Comics
AUTEUR : Jerry Siegel
ILLUSTRATEUR : Joe Shuster
ÉDITEUR FRANÇAIS : Aucun
PRIX : Entre 36 et 40€
© DC Comics, 2024

Konata Nekoyama aime

La nouvelle série de Kyoto Animation
En streaming chaque dimanche sur Prime Video

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Suivez-nous
Konata Nekoyama aime

La nouvelle série de Kyoto Animation
En streaming chaque dimanche sur Prime Video

La nouvelle série de Kyoto Animation
En streaming chaque dimanche sur Prime Video