Chronique fandomesque #2 : Free! et moi

💡Nous souhaitons informer nos aimables lecteurices que ce dossier relate une expérience strictement personnelle. Les opinions exprimées n’engagent que son autrice. 💡


Été 2023. Je suis en télétravail. L’événement Free! 10th Anniversary ~ Memories of Summer ~ en présence des seiyû pour fêter les dix ans de Free! s’achevait à Saitama. Pendant ce temps, je profitais de quelques rares courants d’air frais en région parisienne (je DÉTESTE la canicule). Et je tentais désespérément de contenir ma jalousie.

Bienvenue dans le deuxième épisode des chroniques “fandomesques” de la rédaction, le premier épisode ayant été écrit par l’ami Epsilon Delta sur Kase-san. J’ai la réputation d’avoir des goûts éclectiques mais aussi de pousser pour une complétude de Free! en France (je vais continuer jusqu’à ma mort). Alors, pour votre plaisir : voici une chronique, année par année, de la manière dont j’ai vécu avec Free!.


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Vous pouvez vous moquer, mais 1) je m’en fous et 2) vous avez déjà connu ça, non ? Dans le fond, il s’agit juste de fiction. Mais vous savez aussi que la fiction peut exercer sur nous une influence inattendue, et un lien émotionnel incassable peut se former sans que l’on puisse s’en rendre compte. En effet, demandez à une personne particulièrement passionnée par quelque chose – peu importe de quoi il s’agit – elle comprendra.

Pour des raisons pratiques, je ne mentionne que sporadiquement certains éléments comme les drama CDs, fanbooks, concerts symphoniques, événements de fans (seiyû events, projections spéciales, collaborations avec des restaurants, etc) et autres matériaux promotionnels. Sachez juste qu’il y en a plusieurs fois par an au Japon.

2011 – AVANT FREE!, IL Y AVAIT HIGH SPEED!

Si mon histoire avec Haru et compagnie commence en 2013, quelques éléments de contexte antérieurs sont à préciser. Nous sommes donc de retour en 2011.

Kyoto Animation a l’habitude d’organiser des concours permettant à des auteurices de soumettre leurs manuscrits de light novels. Ces derniers peuvent par la suite être édités par le label KA Esuma et aussi – mais pas toujours ! – adaptés en anime par le studio. Dans ce cadre, le manuscrit de High Speed!, écrit par Kôji Ôji remporte un prix aux Kyoto Animation Awards et fait l’objet d’un projet d’adaptation animée. Voici une traduction de son synopsis :

Haruka Nanase est en 6ᵉ année d’école primaire. Avec son ami d’enfance Makoto Tachibana et son cadet d’un an, Nagisa Hazuki, il passe son temps au club de natation. Leur quotidien bascule lorsqu’un nouvel élève, Rin Matsuoka, rejoint leur école. Rivalités et compétitions s’enchaînent, mais à travers la natation, ces jeunes enfants apprennent à tisser des liens forts et inoubliables.

Ce projet fut assigné à une jeune réalisatrice qui a eu l’occasion de travailler sur K-On!, Hyouka et Nichijô (pour ne citer qu’eux) : Hiroko Utsumi.

Il s’agit de la première série dont elle avait la charge dans le studio. C’est donc un grand pas en avant dans sa carrière. Jusqu’alors, elle avait réalisé quelques épisodes d’autres titres du studio sans en être la “showrunneuse” (je n’ai pas trouvé mieux pour traduire “series director”, qui ne veut pas dire la même chose que “episode director”).

Si l’on se fie à son entretien dans le Free! TV Animation Guide Book : après un temps de réflexion en interne, pour un ensemble de raisons techniques et thématiques, l’équipe du projet décida de vieillir les personnages et donc faire du projet une suite du light novel. Ainsi est né le projet Free!. Voici un des dessins préparatoires :

Le studio a également l’habitude de produire de petits courts-métrages de 30 secondes à 1 min soit pour annoncer un projet, soit pour montrer ce que le studio est capable de réaliser. Ainsi, en mars 2013, durant la diffusion de Tamako Market, une publicité de 30 secondes intitulée Suiei (“natation” en Japonais) est diffusée à la télévision japonaise. Et en Avril 2013, la série est officiellement annoncée. Elle commencera ensuite sa diffusion en juillet 2013, avec la sortie du light novel de Kôji Ôji. Ce dernier est accompagné d’illustrations de Futoshi Nishiya (Silent Voice, Hyouka, Liz et l’oiseau bleu), directeur de l’animation et chara-designer de la série dès ses débuts.


2013 : Sortie du light novel High Speed! puis de Free! Iwatobi Swim Club et ses OAVs Fr!Fr! Short Movies


2013 – FREE! STANNING BEGINS

Haruka n’a pas nagé en compétition depuis bien des années malgré son talent naturel. Son meilleur ami, Makoto, est déterminé à le faire revenir dans le bain lorsque leur ancien coéquipier, Nagisa, veut reformer un club de natation au lycée d’Iwatobi. Malheureusement, leur ancien ami et acolyte, Rin qui a bien changé depuis son retour d’un centre de formation en Australie, rejoint le club de natation rival de Samezuka et défie Haruka. Les garçons devront mettre les bouchées doubles pour se hisser au niveau.

Le contexte dans lequel on découvre une œuvre de fiction joue beaucoup dans notre perception. En limitant donc les éléments sur ma vie privée, disons simplement qu’à l’été 2013, je sortais d’une année scolaire éreintante sur tous les plans (la moi d’aujourd’hui dirait que je n’étais pas au bout de mes peines…). Au détour d’un feuilletage de magazine – en l’occurrence un numéro d’Animeland, une image de celui que je connaîtrai comme Haruka “Haru” Nanase, le protagoniste de Free!, m’interpelle.

Je me dis : “bon….il y a de la natation, des beaux garçons et ça énerve des hommes peu confiants dans leur masculinité sur internet. Et j’ai besoin de me détendre. Pourquoi pas ?”

J’ai immédiatement été séduite par l’atmosphère propre aux animes tranche de vie, ainsi que l’impressionnante animation de l’eau et la musique apaisante composée par Tatsuya Katô (Trigun Stampede, Dr. Stone, Idolish7). Ce qui a cependant réussi à garder mon attention jusqu’à la fin sont les personnages. Ce que peu de gens savent, cela dit, est que cela m’a quand même pris quelques épisodes pour voir au-delà de la “surface” dans Free!.

Je dirais que c’est à partir de l’épisode 5 de la saison 1, durant lequel l’équipe d’Iwatobi part s’entraîner sur une île, que je me suis surprise à me sentir impliquée émotionnellement dans le quotidien des personnages mis en scène. D’ailleurs, avec le recul, il est assez drôle de réaliser que si je me suis attachée à eux, c’est parce que je reconnaissais certaines parts de ma propre personnalité. La “réalité” de la douleur de Rin qui a fait face à des murs sur son parcours est une chose que je ne connais que trop bien. De plus, la dépression de Haru ou la tendance de Makoto à faire passer les autres avant lui-même me sont très familières. Je me suis peut-être involontairement (bon, c’est jamais volontaire) identifiée à certains personnages et ce, sur la durée.

Les petits OAVs qui accompagnent le Blu-ray de Free! Saison 1 ont ceci de spécial que cela m’a confirmé que j’ai un faible pour les tranches de vie : on n’est pas forcément là pour une intrigue complexe, on est là pour une ambiance et des personnages. Il y a des moments où on a besoin de ces “good vibes”. L’humour du quotidien fait partie intégrante de la licence, ce qui me faisait un bien fou. Free! Iwatobi Swim Club (ou Free! Saison 1 en VF) a contribué à soulager mon pauvre petit mental fragilisé par une année scolaire qui fût, pour ainsi dire, bien pourrie et sur le plan personnel vraiment tragique. Cela dit – effet du destin ? – cet anime est arrivé à point nommé au moment où j’entamais mon entrée en école d’ingénieurs. Un nouveau chapitre s’ouvrait.

Plus tard, je me rendrai assez vite compte que “Free! arrive toujours au bon moment pour remonter le moral” pour une raison que j’ignore, mais je ne vais pas me plaindre.

Ainsi, ce qui a commencé comme un divertissement comme un autre entre deux sorties à la piscine a progressivement évolué. Cela dit, ce qui a vraiment provoqué un effet domino dans ma vie, c’est plutôt la saison 2. Celle-ci est intitulée Free! Eternal Summer (en VO), avec Hiroko Utsumi de retour en showrunneuse.

Petite anecdote : la plupart des génériques sont chantés par OldCodex et Style Five (composé des seiyû de l’équipe d’Iwatobi + Rin). Ces deux groupes ont un point commun : Tatsuhisa Suzuki, la voix de Makoto Tachibana et le chanteur d’OldCodex. Etonnant, non ?


2014 : Sortie de Free! Eternal Summer ainsi que du light novel High Speed! 2


2014 – FREE! ETERNAL SUFFERING

26 Janvier 2014. Je me souviendrai toujours de cette date avec un fou rire comme la date du célèbre incident des cônes de signalisation. Alors, que s’est-il passé à cette date dont Tumblr et les personnes sur place se souviendront longtemps ?

Au vu de la saison 1 de Free!, qui est une histoire complète, rien ne laissait entrevoir qu’une suite était prévue. Encore aujourd’hui, je pense que ce n’était initialement pas au programme. Donc qu’elle ne fût pas ma surprise d’apprendre que lors d’un événement de fans – comme beaucoup d’autres au Japon – une saison 2 aux aventures de Haru et ses amis avait été annoncée. Cela dit, ce qui me reste en tête aujourd’hui a été le fait d’apprendre via Tumblr que des fans se seraient bagarrées à coup de cônes de signalisations pour des posters de Makoto au bord de la rupture de stock. Même si je soupçonne la véritable origine de la bagarre d’être un souci d’organisation, cela a au moins donné des memes comme celui-ci :

Bon. Revenons-en à Free! Eternal Summer, dont voici une traduction du synopsis :

Après leur dernier tournoi, Haruka, Makoto, Nagisa et Rei ont renforcé leur lien d’amitié. Dans le calme de leur quotidien, chacun commence à révéler des signes de maturité et de changement.”
De son côté, Rin tourne définitivement la page sur son passé et se lance à la poursuite de son rêve. Avec ses nouveaux coéquipiers, il est déterminé à construire l’équipe idéale. Entre Iwatobi et Samezuka, l’amitié, la natation… et leurs aspirations pour l’avenir. Chaque personnage fait face à ses propres défis, gardant leurs espoirs et leurs rêves bien ancrés en eux, alors qu’un nouvel été approche, porteur de promesses.

Cette saison trouve un bon équilibre entre humour et drame. Elle se concentre sur Haru, Makoto, Rin et nouveaux venus comme Sousuke alors qu’ils sont en terminale et réfléchissent à leur avenir. A ce jour, c’est ma saison préférée. Il n’y a vraiment que Kyoto Animation pour avoir l’intelligence émotionnelle qu’il faut pour traiter avec justesse des angoisses de jeunes adolescents vis-à-vis de l’avenir et de leurs amis. Le tout avec un Futoshi Nishiya – directeur de l’animation historique de Free!, avant son décès en 2019 – au sommet en terme de direction de l’animation et chara-design. J’étais tellement investie que tous les mercredis, sans faute, j’étais vissée devant mon compte Crunchyroll pour regarder un nouvel épisode. Le reste du monde pouvait attendre, c’était mon moment.

En parallèle, une suite au light novel High Speed! – simplement intitulée High Speed! 2 – sortait au Japon. Tout comme son prédécesseur, le ton est très mélancolique. De plus, certains moments peuvent rappeler des angoisses bien réelles (vous pouvez arrêter de malmener Makoto dans les romans s’il vous plaît ? Le pauvre). Heureusement, il y a aussi des moments de douceur et des touches d’humour pour équilibrer le tout.

Pendant sa diffusion, la saison 2 a fait l’exploit de :

  • me pousser à m’inscrire aux cours de japonais de l’école et le faire sérieusement, afin d’écouter les dramas CD, character songs et comprendre les éléments transmédias autour de la licence
  • commencer à commander des CDs et Blu-Ray en import pour ma collection personnelle
  • passer plus de temps à suivre le fabuleux univers des communautés d’âmes charitables qui traduisent du contenu pour les fans
  • définitivement me rendre fan du groupe OldCodex, Style Five et de l’ensemble du cast en fait
  • enclencher l’effet domino qui va m’amener à postuler à un semestre d’échange au Japon

Comme le dit la chanson : non, je ne regrette rien.

Petite anecdote [ATTENTION SPOILERS] : de petits malins dans le fandom ont deviné ce qui n’allait pas avec Sousuke avant que ce ne soit révélé dans la saison 2, car KyoAni a bien fait ses recherches pour représenter un personnage qui souffre de l’ “épaule du nageur”. Il s’agit d’une blessure malheureusement assez courante chez les spécialistes du papillon.


2015 : Sorties de Free! Eternal Summer – Episode 14 (OAV), de l’adaptation manga de High Speed! et du film High Speed ! – Free! Starting Days



2015 – UN OAV, UN FILM ET DES VOYAGES

Hiroko Utsumi a quitté Kyoto Animation en 2015, après nous avoir laissé ce qui – à mon sens – est le meilleur OAV de la franchise. Qui aurait cru que je dirais cela d’un épisode où huit personnages s’amusent à se tirer dessus avec des pistolets à eaux ? Pas moi, en tout cas. D’ailleurs, pour appuyer le statut “légendaire” de cet OAV, vous n’imaginez pas le nombre de titres de la licence qui y font référence par la suite. Legends only.

Son style hybride qui mêle dynamisme, “eye candy” et immersion me manquera. Son intention sur Free était de nous faire ressentir ce que les personnages ressentent dans l’eau (c’est une ancienne nageuse). Elle y arrivait avec brios. Je pouvais ne pas toujours être d’accord avec ses choix scénaristiques (exemple : j’ai changé d’avis depuis mais à l’époque, je n’étais pas partante pour que Haru passe professionnel), mais j’appréciais grandement le fait qu’elle ait sa propre vision artistique qu’elle soutient de bout en bout. Cela donne une véritable identité à une oeuvre.

On retrouvera cette patte qui mérite de l’attention quelques années après son départ lorsqu’elle sera showrunneuse de Banana Fish, Sk8! – the Infinity, Bucchigiri?! et peut-être d’autres titres dans les années à venir. En tout cas, je le lui souhaite, elle est très talentueuse. Sa mise en scène me manque encore aujourd’hui. De fait, je ne manque jamais de regarder (légalement!) les titres sur lesquels elle est showrunneuse. (à ce propos, personne pour sortir Banana Fish et Sk8 en Blu-Ray ? Anyone ?)

Avant de passer à High Speed! – Free! Starting Days, je souhaiterais mentionner rapidement qu’une adaptation manga du premier High Speed!, dessinée par Shiori Teshirogi, est également sortie en 2015. J’ai adoré l’avoir comme livre de chevet durant mon semestre d’échange pour m’entraîner à la lecture en japonais.


Et donc, passons à High Speed! – Free! Starting Days, dont voici une traduction du synopsis :

Haruka Nanase entretient un lien unique avec l’eau, qu’il perçoit et ressent d’une manière particulière. Lors de la dernière compétition de son école primaire, un relais 4 nages avec Makoto Tachibana, Nagisa Hazuki et Rin Matsuoka, il a découvert un paysage qu’il n’avait jamais imaginé. Puis arrive le printemps, sous les cerisiers en fleurs. Haruka et Makoto entrent ensemble au collège Iwatobi, prêts à commencer un nouveau chapitre de leur vie. Intégrant le club de natation, ils forment une équipe de relais 4 nages avec Asahi Shiina et Ikuya Kirishima. Cependant, les quatre jeunes garçons ont des façons de penser, des objectifs, et des préoccupations bien différentes. Malgré les entraînements répétés, ils n’arrivent pas à trouver leur rythme en tant qu’équipe. Qu’est-ce qui fait la force d’un “équipe” ?
Haruka, encore attaché au souvenir de son précédent relais, doit trouver un nouveau sens à son expérience dans ce nouvel environnement.

Je mentirais si je disais que ma candidature pour un semestre d’échange au Japon n’avait pas été en partie influencée par la coïncidence de la sortie de l’OAV de la saison 2 ainsi que l’annonce – durant un évènement très drôle avec les seiyû – de ce film. High Speed! – Free! Starting Days, réalisé par Yasuhiro Takemoto, un grand nom du studio (La Disparition de Haruhi Suzumiya, Lucky Star, Hyouka), a vraiment tout changé dans la franchise.

Takemoto, comme à peu près tous les employés de Kyoto Animation et Animation Do, avait déjà contribué à la licence. A l’instar de Naoko Yamada (K-On!, Silent Voice) (oui oui, elle-même), il avait réalisé au moins un épisode par saison. Cela inclut la saison 3, qui sera annoncée plus tard. Donc le voir aux commandes de Starting Days est peu surprenant, surtout lorsque l’on sait qu’il a du talent pour mettre en scène les états d’âme de jeunes garçons, comme il a pu le faire dans Hyouka.

Et qu’est-ce qu’il était brillant. Dans cette adaptation (très) libre de High Speed!2, il parvient à relier ce prequel aux saisons existantes tout en imposant sa patte ET en restant proche du ton du light novel d’origine. Par ailleurs, même si vous n’avez jamais vu Free!, ce prequel peut se regarder indépendamment du reste. Enfin, même si l’on a passé l’âge des personnages, les préoccupations et états d’âme de ces collégiens vous parleront forcément : qui n’a jamais fait de crise existentielle après avoir changé d’environnement ?

A l’époque, je ne pensais pas que je voyais le dernier long-métrage de la vie de Takemoto, décédé aussi en 2019, et probablement l’une de ses dernières collaborations avec Nishiya, lui aussi décédé en 2019. Revoir High Speed! – Free! Starting Days après Juillet 2019 me fait parfois très mal au coeur, ne serait-ce que parce que les leurs y étaient.

Ainsi, lorsque ce film sort au Japon, devinez qui est aussi au Japon ? C’est Bibi ! Armée de ma compréhension orale de niveau débutant, mon obstination et un rêve, me voilà au cinéma pour découvrir le premier film de la licence Free! . Je suis plutôt contente d’être parvenue à comprendre le film dans sa globalité (disons 80%).

J’ai revu ce film 5 fois en salles. Et ce n’est pas l’aventure la plus folle que j’ai vécue avec cette licence.

En effet, ma passion pour Free! m’a aussi amenée à visiter Iwami. Il s’agit d’une toute petite ville côtière qui a inspiré les décors de la ville fictive d’Iwatobi. Elle se trouve dans la préfecture de Tottori, loin des destinations japonaises les plus touristiques. Et j’y suis allée à la force de Google Maps, mes économies, mon niveau de Japonais N15 pour louer un vélo et (encore une fois) un rêve.

Je vous assure, vraiment, j’étais déjà comblée avec ce qui était sorti, j’avais les coffrets japonais chez moi, j’ai fait mon pèlerinage. Très franchement, je pensais que ça allait s’arrêter là.

J’avais tort.

Je ne saurais me rappeler quand (en 2016, j’imagine), mais Kyoto Animation annonçait non pas 1, ni 2 mais TROIS nouveaux films et un light novel se déroulant durant la saison 1 de la série. Le tout pour l’année 2017. Quel programme*.

*Au Japon, parce que bien sûr, ces titres ne sont pas sortis en France. Ils sont sortis cela dit aux Etats-Unis en 2018, quelques temps plus tard. En revanche, à l’exception des light novels, l’Allemagne a eu tous les titres de la licence dans des délais à peu près raisonnables. Je savais que j’aurais dû faire Allemand LV3.


2017 : Sorties de Free! Timeless Medley – the Bond, Free! Timeless Medley – the Promise, Free! Take Your Marks ainsi que du light novel Free! Novelize



2017 – FREE! TIMELESS SALVATION

Commençons l’année 2017 par le dyptique Free! Timeless Medley – the Bond / Free! Timeless Medley – the Promise. Ce sont de nouveaux montages de la saison 2 : l’un se concentre sur Haru, sa relation avec Makoto et l’équipe d’Iwatobi, l’autre sur Rin, sa relation avec son père, Sousuke et l’équipe de Samezuka.

De mon côté ? J’ai eu le temps de rentrer en France et entamer ma carrière dans la vraie vie. Ce n’était pas la joie tous les jours, mais l’année avait bien commencé…avant d’enchaîner sur l’un des moments les plus traumatisants de ma vie. Quand je vous dis le niveau : aujourd’hui (fin 2024), je garde encore des séquelles de cette période car j’ai été entretemps diagnostiquée comme étant atteinte de troubles anxieux, avec des TOC très envahissants.

Et comme le destin en a décidé, j’ai mis la main sur Free! Timeless Medley – the Bond, Free! Timeless Medley – the Promise et Free! Take Your Marks fin 2017 et début 2018, lorsqu’ils sont sortis en Blu-Ray au Japon. Oserais-je le dire ? Free! semblait s’imposer comme mon compagnon de vie, qui intervient quand le destin décide que c’est le moment. J’entretiens ma spiritualité, que voulez-vous.

Ainsi donc, voir ces trois films a été d’un incroyable réconfort. Je suis aussi tombée sous le charme du style d’Eisaku Kawanami (Munto, Sound!Euphonium) – ancien de Kyoto Animation également – qui a repris la licence après Yasuhiro Takemoto.

Via les films Timeless Medley, j’ai pu avoir un avant-goût de son style et de ce qui l’intéresse, en voyant la différence de montage avec Free! Eternal Summer ainsi que les ajouts proposés qui contribuent à solidifier la continuité avec Starting Days. Ces nouveaux montages mettent en avant le côté dramatique de la saison 2, dû au fait que les personnages grandissent et doivent se confronter au monde réel. Ce sont des films récapitulatifs de la saison 2 sur le papier, mais leurs ajouts apportent vraiment quelque chose de plus et je les recommande, surtout Free! Timeless Medley – the Promise et sa séquence d’ouverture centrée sur la relation de Rin avec son père. Préparez des mouchoirs si vous avez un cœur d’artichaut comme moi.

Passons maintenant à Free! Take Your Marks. Ce titre a été diffusé en tant que film mais il est en réalité une compilation de 4 épisodes spéciaux. Par commodité, je vais me référer à ce titre en tant que film.

Synopsis (proposition de traduction)

#1 Un choix décisif !
Les recherches d’appartement de Haruka à Tokyo.

#2 Une pause relaxante aux sources chaudes !
Aiichiro et Momotaro souhaitent offrir un cadeau spécial à Rin et Sousuke pour célébrer leur départ après l’obtention de leur diplôme.

#3 L’union en papillon !
Déterminés à recruter de nouveaux membres, Nagisa, Rei et Gou se lancent dans la production d’une vidéo de promotion. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…

#4 Le bleu éternel du départ !
Pour fêter le départ de Rin, qui s’apprête à partir pour l’Australie,
les membres du club de natation du lycée Iwatobi organisent une fête surprise.


Ah…le retour des vignettes du quotidien que j’aime tant.

Ce film peut être à la fois considéré comme un prologue à la saison 3 – annoncée dans la foulée de sa sortie si ma mémoire ne me fait pas défaut – et des bonus qui font juste plaisir. Profitant donc du passage à l’université de plusieurs personnages, Take Your Marks introduit les versions adultes des personnages de Starting Days que nous avons appris à aimer plus tôt. Ainsi que des nouveaux venus (coucou Hiyori !).

J’ai personnellement un faible pour la vignette #1, même si j’aime beaucoup revoir l’ensemble du film de temps en temps. Les recherches de Haru et Makoto, avec un Kisumi agent immobilier le temps des vacances (c’est l’agence de son oncle !) sont drôles et attendrissantes. Et Kisumi a payé l’addition au café, c’est un bon. Eisaku Kawanami nous montre cette fois un titre Free! qu’il a pu accompagner de bout en bout. Je trouve que son sens de l’humour et son talent de mise en scène des joies/peines du quotidien se confirment. Il s’adapte également très bien à l’âge des personnages. Cela promettait beaucoup pour la suite.

Chaque vignette a des clins d’oeils et liens avec d’autres titres de la franchise. C’est là que j’ai commencé à me dire que toute personne qui passe de la saison 2 à 3 sans les OAVs, ni les 4 premiers films, aura un peu de mal à s’accrocher. Certains personnages seront considérés comme inconnus au bataillon (d’exploratioooon !), des arcs narratifs n’auront pas la même saveur…etc. Free! – comme tout anime slice of life – ne fonctionne que si l’on a un attachement aux personnages, après tout.

Je vais finir cette partie avec quelques mots sur Free! Novelize.

Synopsis (proposition de traduction)

“‘Je te montrerai un paysage que tu n’as jamais vu.’ Le sourire éclatant qu’il avait en disant cela reste gravé dans ma mémoire. Parfois, je me surprends encore à y penser. Et si ce jour-là, pendant les vacances d’hiver de notre première année de collège…Si je n’avais pas croisé Rin à ce passage à niveau ? Peut-être que cette rencontre était inévitable, une sorte de destin qu’on ne pouvait fuir. Peu importe les détours que j’aurais pris, le temps que j’aurais passé à traîner ou même si j’étais resté chez moi, comme si une force invisible nous guidait, nous aurions fini par nous retrouver, à cet endroit ou ailleurs. Et aujourd’hui, Rin Matsuoka est de retour.” Voici une série d’histoires parallèles qui explorent la série animée Free! sous un nouvel angle. Une page méconnue de leur jeunesse racontée par Haruka, Makoto, Rin, Nagisa, Rei et d’autres visages familiers.

Ecrit par Masahiro Yokotani, qui officie souvent comme scénariste sur la saga, et illustré par Futoshi Nishiya, ce recueil de nouvelles offre une introspection très touchante des personnages principaux des saisons 1 et 2. On y découvre par exemple à quel point Makoto se sent coupable du choix de Haru d’arrêter de fréquenter des clubs de natation au collège. Oui, vous avez bien lu la phrase, ça n’a pas de sens, mais c’est un Saint.


2018 : Sorties de Free! Dive to the Future (saison 3) et Free! Dive to the Future – Episode 0



2018 – UN AUTRE OAV, UNE SAISON, ET L’INDUSTRIE

Synopsis de Free! Dive to the future (proposition de traduction)

Haruka et ses amis, liés par les souvenirs et les émotions partagés à travers la natation, partent chacun tracer leur propre chemin. À Tokyo, Haruka croise à nouveau Asahi, un ancien coéquipier de relais.
Cette rencontre fait ressurgir des souvenirs de leurs années au collège, et l’image de Ikuya, tel qu’il était à l’époque, refait surface dans son esprit. Pendant ce temps, Makoto, lui aussi à Tokyo, commence à poursuivre un nouveau rêve. De son côté, Rin, installé à Sydney, fait une rencontre qui bouleverse ses attentes dans ce nouvel environnement. Que leur réserve l’avenir ? De nouveaux défis à surmonter, ou l’obligation d’affronter un passé qu’ils pensaient avoir laissé derrière eux… ?

Au même titre que Free! Take Your Marks, l’OAV de Free! Dive to the Future, qui se présente simplement comme son “Episode 0”, est une sorte de prologue à la saison 3. Et il est très très drôle. Je vous laisse deviner le contexte de cette situation :

Bref, pour en revenir à Dive to the Future : c’est l’heure d’entrer à l’université ! On est très loin de se dire que les problèmes sont terminés. J’ai beaucoup apprécié d’observer le nouveau quotidien de ces personnages que je connais depuis leur enfance et certains arcs narratifs atteignent des niveaux très gratifiants. J’ai aussi eu quelques reproches : écoutez, j’aime beaucoup tous les personnages (à des degrés différents, je suis humaine quand même), mais essayer de donner son moment à autant de monde en 12 épisodes n’est pas l’idée la plus simple à mettre en place. De fait, je trouvais qu’il y avait un certain souci de rythme dans cette saison.

Vous vous souvenez plus haut quand je disais ceci : “c’est là que j’ai commencé à me dire que toute personne qui passe de la saison 2 à 3 sans les OAVs, ni les 4 premiers films, aura un peu de mal à s’accrocher. Certains personnages seront considérés comme inconnus au bataillon (d’exploratioooon !), des arcs narratifs n’auront pas la même saveur…etc. Free! – comme tout anime slice of life – ne fonctionne que si l’on a un attachement aux personnages, après tout” ? C’était toujours vrai et cela le restera par la suite. Je vous donne un exemple qui n’est cette fois pas lié à Starting Days : le petit Misaki, coaché par Makoto, est apparu pour la première dans Take Your Marks. Kyoto Animation a tout à fait le droit de mettre à profit tous les éléments de sa continuité narrative. Là il s’agit d’un reproche envers nos éditeurs locaux.

Ainsi, une autre facette de cette période de ma vie est que, au grés de mes rencontres, j’ai commencé à progressivement ouvrir les yeux sur la réalité de l’industrie en France. Certaines licences avaient droit à leurs OAVs/Films à l’étranger, d’autres non. Certaines licences avaient leurs droits éparpillés selon les éditeurs, d’autres non. Certains droits dépendaient du bon vouloir des américains, d’autres non. Et je ne percevais aucune volonté de la part de Crunchyroll France de compléter Free! sur leur plateforme. Encore aujourd’hui, je ne sais pas s’ils sont ouverts à cette idée alors qu’il leur est de plus en plus facile d’obtenir ces éléments quelle que soit la licence et qu’en plus, mon paragraphe précédent leur donne une bonne raison de le faire.

Enfin, est arrivée la réalisation qui m’a fait voir rouge : je m’intéresse aux mangas/animes depuis mon enfance et je ne voyais aucun réel progrès dans les efforts éditoriaux pour COMMUNIQUER et PROMOUVOIR leurs titres dès lors qu’il ne s’agit pas de grosses licences qui – soyons honnêtes – se vendent toutes seules. Mon forcing n’a jamais été à propos de Free! uniquement. C’était une colère que j’avais de plus en plus de mal à gérer sur un sujet bien réel. En effet, j’adore être “une édition spéciale”, mais je vivais mal le fait d’être aussi considérée comme marginale dans tous les aspects de mon quotidien, y compris dans ce qui est censé être mon havre de paix, c’est-à-dire mes passions. (Attention, je parle de moi en 2018, pas de 2024)

Bref, revenons en aux nageurs.

La saison s’achève sur un cliffhanger qui donnait rendez-vous aux fans en 2020. On parlait de “Road to 2020“. Ce qui a mené à une annonce pour trois films :
Free! Road to the World – the Dream : prévu pour 2019, il s’agit d’un mélange entre récapitulatif de la saison 3 et prolongement (on a l’équivalent d’une bonne demi-heure de nouveau contenu)
Free! the Final Stroke – the first Volume/the second Volume : à ce moment-là (en 2018), il était plutôt question d’un seul film prévu en 2020. Ce n’est que plus tard qu’il a été divisé en deux.

Pour des raisons évidentes, les Final Stroke ne sont pas sortis en 2020 au Japon.


5 Juillet 2019 : Sortie de Free! Road to the world – the Dream
18 Juillet 2019 : 36 personnes perdent la vie lors de l’attentat à l’encontre de Kyoto Animation


2019 – LA TRAGÉDIE FRAPPE

18 Juillet 2019. Je me réveille devant la tragédie. Mon monde bascule. Je ne me sens pas capable de parler en détail de cette journée. Je croyais pouvoir le faire en décidant d’écrire cette chronique, mais je ne peux pas. Veuillez m’en excuser.

Néanmoins, je peux vous partager ceci, en toute transparence : mon ressentiment pour l’industrie de l’animation japonaise en France était à son niveau le plus élevé. Je ne supportais pas de lire certains hommages, je me disais “vous malmenez les titres de ce studio depuis toujours et MAINTENANT vous avez du respect pour eux ???”. Je ne percevais de leur part qu’une hypocrisie mal dissimulée, sans forcément penser à la complexité du milieu.

Du côté des “fans influenceurs” ou même de la presse spécialisée, ce n’est pas beaucoup mieux : j’en avais vraiment marre des vidéos/textes de présentation de Kyoto Animation qui ne mentionnent que peu ou pas Free alors qu’il s’agit de LA licence avec la plus grande longévité du studio, et la première à bénéficier d’une 3e saison. Et lorsqu’ils citent Free, c’est juste pour lancer une balle perdue envers son public. Je vous signale que les mêmes personnes ayant travaillé sur les titres que vous estimez un peu plus ont aussi travaillé sur Free. Je ne suis pas sûre qu’ils apprécieraient ces balles perdues.

J’étais en colère. C’est l’étape 2 du deuil, me direz-vous.

Aujourd’hui, je suis plus posée sur le sujet, parce que 1) j’ai pris la peine de m’informer sur les rouages du milieu et même si je continue de penser que certains incompétents devraient démissionner, je suis un peu plus compréhensive, 2) on va dire que le temps fait son travail. J’ai relativisé. Cela ne veut pas pour autant dire que j’ai tout pardonné et que je vais rester en mode “meh, on y peut rien, ce sera toujours comme ça en France”. Ce n’est pas mon genre : ni dans la vraie vie, ni dans les hobbies.

Je ne me souviens plus de la source, mais une personne de l’industrie avançait que le premier film Violet Evergarden était le seul film “de prêt” lorsque la tragédie a frappé. Techniquement, c’est faux. Pourquoi ? Parce qu’un film Free était dans les salles japonaises à ce moment-là depuis moins de deux semaines. Cela dit, je n’avais pas particulièrement la tête à penser au traitement de la franchise en France le jour où j’ai entendu ces propos.

Revenons donc à Free! – Road to the world – the Dream.

Synopsis (proposition de traduction)

Leur “rêve”… Quand il était enfant, Haruka dessinait un poisson lorsqu’on lui demandait ce qu’il voulait devenir plus tard. “Parce que je veux nager librement”, répondait-il.
Haruka, Makoto, Nagisa et Rin, unis pour la première fois en équipe, ont forgé des liens innocents et sincères. Les années ont passé, et Haruka et Makoto sont désormais étudiants à l’université. Ils retrouvent Asahi et Ikuya, leurs anciens coéquipiers du collège. Mais les liens tissés à l’époque ont évolué, et pour Ikuya, ils sont devenus un poids oppressant. Haruka décide alors de lui tendre la main pour l’aider à se libérer.

Pendant ce temps, Makoto se rapproche de nombreux nageurs et découvre leurs luttes intérieures :
l’espoir qu’Hiyori nourrit pour Ikuya, une rencontre fortuite avec Sousuke, ou encore les leçons qu’il tire de son élève, Misaki. Face à ces expériences, les pensées de Haruka, confronté à la barrière imposante du monde de la compétition, éveillent une résolution nouvelle chez Makoto.
Les rêves qu’ils ont bâtis à travers leurs liens se renforcent, prêts à affronter les courants tumultueux qui les attendent. Ainsi, l’histoire de ces jeunes nageurs, portés par leur passion, prend son envol vers un nouveau chapitre…

J’ai eu un mal de chien à regarder le film d’une traite, ce que je n’aurais pas eu de mal à faire en temps normal. Comprenez bien que savoir que les personnes derrière ce titre sont, pour beaucoup, décédées dans d’atroces circonstances, n’aide pas beaucoup. Mais bon, je me devais de le faire. Pour eux.

Bien qu’ayant un montage plus que déroutant sur ses premières minutes, Free! Road to the world – the Dream est résolument tourné vers l’avenir et le thème des rêves d’enfant. Ce qui fait encore plus mal avec le recul. Comme d’habitude, j’ai beaucoup apprécié ce remontage ainsi que les ajouts réalisés, notamment ce qui concerne les interactions Sousuke/Makoto, Rin/Ikuya (je veux les revoir dans une salle d’arcade) et de manière générale l’exercice de se concentrer sur nos rêves d’enfance par rapport à nos aspirations de jeunes adultes. Si je devais choisir, je préfèrerais même revoir Road to the World plutôt que Dive to the Future.

2019 est aussi l’année où j’ai créé Iwatobi_FR (sur X/Twitter) – le forcing ne meurt JAMAIS – et rejoint Studio JM Production. Et non, je ne le regrette pas.


2021 : Sortie de Free! Final Stroke – Partie 1
2022 : Sortie de Free! Final Stroke – Partie 2


2022-2024 – L’ESPOIR RENAÎT… OU PAS ?

Synopsis fourni par All The Anime pour Free! Final Stroke – Partie 1 :
La nouvelle scène mondiale vers laquelle se dirige Haruka Nanase n’est autre que Sydney. Alors que Haruka prend une courte pause avant de partir, il tombe sur les nageurs qu’il avait rencontrés lors de son tournoi au Japon. Et chacun d’entre eux est motivé pour les Jeux de Sydney où le champion Albert Wahlander l’y attend. Que vont-ils ressentir en se frottant aux meilleurs nageurs mondiaux ? Pourquoi nagent-ils ? Leur bataille féroce contre l’eau débute !

Synopsis fourni par All The Anime pour Free! Final Stroke – Partie 2 :
Après sa première apparition sur la scène mondiale de la compétition, Haruka est pris au piège par la nage du champion incontesté, Albert, et a l’impression d’avoir perdu son chemin. A la dérive, la natation d’Haruka et ce que l’eau représente pour lui sont remis en question, et il commence à sombrer au fond d’une eau trouble alors qu’il tente de se débrouiller seul. Poussé par une volonté ardente, Haruka s’astreint à un entraînement rigoureux et intensif, se consacrant sans relâche à la pratique de la natation. Au fond de lui, Haruka sait qu’il dépasse ses limites physiques et mentales, tandis que ses amis ne peuvent que le surveiller et avoir une foi sans faille en lui. Les souvenirs de la nage froide et calculée d’Albert reviennent sans cesse dans son esprit. “Je dois devenir plus rapide, plus fort. Il faut que je me mesure à nouveau à Albert”. Haruka donne des mouvements de bras pour couper l’eau lourde et insensible. Ses amis se rapprochent pour l’observer. Que trouvera Haruka à la fin de cette lutte ?

Alors oui, avec Iwatobi_FR, nous avons créé une pétition pour la sortie des deux Final Stroke. Dire que je ne m’attendais pas à ce que All The Anime France sorte ces deux films est un euphémisme. C’est un éditeur que j’apprécie, ne vous méprenez pas – ils ont clairement envie d’éditer une variété de titres malgré leurs moyens limités, ce que je respecte grandement. Par ailleurs, petite note d’humour : je devrais même avoir droit à une carte de fidélité avec tous les coffrets édités par eux que je commande tous les ans.

Cependant, j’avais eu des échos de quelques informations qui ne me rendaient pas particulièrement optimiste pour un avenir de Free! en édition physique en France. D’ailleurs, c’est l’un des facteurs qui m’ont poussée à créer un compte fan comme Iwatobi_FR, ne serait-ce que pour aider un peu. Enfin, cela reste des échos, donc je ne sais strictement rien de ce qui se passe en coulisses. Alors imaginez ma tête lorsque, en pleine rechute de mes TOC, j’apprenais qu’il y allait même il y avoir des projections spéciales de Free! Final Stroke – Partie 1 dans quelques pays francophones. Etant donné le timing de l’annonce et l’accessibilité des cinémas concernés, je me doute que le résultat financier n’a pas dû être très satisfaisant. Cependant, j’en suis très reconnaissante, ne serait-ce que pour la très bonne soirée que j’ai passée ET pour les sorties physiques des parties 1 et 2.

Pour une fan comme moi qui a tout suivi – à peu près – en temps réel, cette conclusion en deux parties, malgré un montage encore un peu déroutant, fait chaud au coeur. Les boucles sont bouclées. Les arcs sont clôturés. Haru fait la paix avec son enfant intérieur. Rin réalise ses rêves. On voit même un cameo de la petite Aki (maintenant adulte), personnage de High Speed! qui n’apparaissait pas dans la série animée. En tout cas, je pense qu’il s’agit d’elle, son chara-design laisse peu de place au doute si l’on compare au manga High Speed!. Kyoto Animation s’est surpassé dans l’animation de l’eau, Tatsuya Katô est toujours aussi en forme dans la bande-son et OldCodex nous offre une dernière chanson (le groupe s’est séparé en 2022).

Et concernant les coffrets français donc ? Je regarde de temps en temps ce qui apparaît comme disponible. Pas parce que je suis cinglée (quoique…) mais parce que je surveille les offres des titres KyoAni disponibles en France pour les comptes fans KyoAni_FR et Iwatobi_FR. Concrètement, je vois soit peu d’exemplaires disponibles, soit des ruptures de stock sur les Final Stroke, alors qu’ils ne sont sortis en physique que depuis un peu plus d’un an.

Petit tirage ? Vraie bonne performance ? Est-ce de bon augure pour le reste ? Aucune idée. La Tata Strangie de 2024, dans sa grande sagesse (lol) dirait simplement qu’aujourd’hui, toute sortie physique d’un anime est un petit miracle à célébrer.

UN TRAITEMENT MÉDIATIQUE INJUSTE EN FRANCE

Je ne m’excuserai pas de vous avoir peut-être déçu ; ce n’était pas un papier au ton cynique. Car :

  • Avoir du recul par rapport à ce que l’on aime dans la fiction ne veut pas dire cracher gratuitement dessus à coup de “je sais que c’est pas parfait, mais”/”je sais que c’est nul, mais”. Assumez ce que vous aimez, c’est juste de la fiction.
  • Je ne souhaite pas contribuer à la stupide polémique qui a touché cette franchise dès ses débuts. Polémique qui existe parce que certain.e.s sont incapables de passer outre quelques plans et une certaine ambigüité (c’est “queercoded” les gens, ce n’est pas du “queerbait” au sens occidental du terme) quand il s’agit de personnages masculins mais n’ont certainement aucun problème à le faire dès qu’il s’agit de personnages féminins.

Je n’avais pas non plus l’intention de faire preuve de condescendance en citant à foison des termes comme “cryptoyaoi” (ou “cryptoBL”), “fujobait”, et j’en passe…que des virtuoses linguistiques utilisent souvent à tort. Je ne souhaite pas m’étendre là-dessus mais juste qu’on soit clair (sans mauvais jeux de mots) : ambigüité =/= queerbait. Sinon la relation Naruto/Sasuke serait le plus grand queerbait de l’Histoire.

Le thème principal de la saga – comme très clairement exprimé par Hiroko Utsumi depuis le début – concerne les liens entre ces garçons, liens renforcés par une passion commune : la natation. Est-ce que cette intention semble claire une fois que l’on a tout vu ? Selon moi, oui. La force de leurs liens, très émouvants, est LE point fort de la franchise et les sentiments des personnages sont suffisamment ambigües pour qu’on les interprète comme bon nous semble.

Et puis sérieusement…vous avez déjà vu un relai 4 nages ? Il n’y a rien de différent avec ce qui est montré dans Free.

JO de Paris 2024 – L’équipe de France célèbre sa médaille de bronze suite au 4×100 mètres 4 nages

Est-ce qu’on aurait pu avoir des personnages dans des relations ouvertement queers ? Oui, bien sûr. Cela ne signifie pas que l’on essaie de piéger le public et, si cela peut vous rassurer, à aucun moment l’anime ne semble enfermer un personnage particulier dans un placard ou perpétrer des idées homophobes. Par ailleurs, dans les quelques interventions du staff que j’ai pu lire grâce à la bonté de fans polyglottes, aucune personne impliquée ne tente d’enfermer les personnages dans un placard. Donc jusqu’à preuve du contraire, ce qui compte est notre interprétation personnelle. Cela n’empêche pas – au contraire – d’alimenter les conversations et d’enrichir notre stock de fanfictions et fanarts au sein de la communauté, ce qui assure la survie d’un fandom sur le long terme.

Le double-standard me rend dingue. Pour des personnages hétéros, il suffit qu’ils soient dans la même pièce pour qu’on accepte les couples officiels sans développement aucun et il n’y a également aucun souci à ce qu’ils ne soient pas dans une relation puisque tout le monde est considéré “hétéro jusqu’à preuve du contraire” (société homophobe va…). Lorsqu’il s’agit de personnages queers, il faut “absolument” un coming out dès les premières minutes, une relation dès le premier épisode (adieu le slow burn ou juste le fait d’exister sans être dans une relation amoureuse), des sentiments explicitement exprimés et même lorsque ces conditions sont remplies, une part du public va trouver le moyen de ne pas voir en quoi ils sont queers (coucou les fans de Kaworu et Shin, on est ensemble dans la souffrance) ou va taxer l’oeuvre concernée d’avoir une représentation forcée qui manque de sincérité.

Et si aucun argument ne vous va : Makoto dit directement à Haru qu’il l’aime dans Starting Days et il n’y a pas un seul moment “no homo”, ça vous va ?

Bref, passons.

#COMPLETEFREEINFRANCE QUAND ?

Je crois l’avoir suffisamment dit mais comme on ne sait jamais : la franchise est incomplète dans les pays francophones. Ce n’est pas la seule licence concernée. Je dois avouer que tout fan d’une licence incomplète dans son territoire vous dira que c’est, pour ainsi dire, chiant.

Chiant parce que se fatiguer à chercher des imports n’est pas de tout repos – si on maîtrise d’autres langues et qu’on peut financièrement se le permettre. Par ailleurs, je ne suis pas sûre qu’encourager indirectement les fans à se tourner vers le fansub soit une idée particulièrement intéressante pour les ayant-droits.

Chiant parce que certains sont des champions du gaslighting*. Ils vont VOUS reprocher de ne pas vous taire. Rappelez-vous : tant que vous restez polis, vous êtes en droit de vous exprimer. Vous êtes les clients des éditeurs. Ils vivent grâce à vous, pas l’inverse.

*Gaslighting : (Anglicisme) Action de tromper une personne de telle sorte qu’elle doute de sa propre mémoire, de sa perception de la réalité ou de sa santé mentale, généralement pour des raisons malveillantes. Peut se traduire par le terme “décervelage”.

Chiant parce que si l’on est fan, c’est en partie parce qu’un éditeur a tenté d’amener la licence sur le territoire. Mon bon sens dirait : vous avez acquis une licence, faut tout sortir. Sinon, ce serait comme sortir le tome 1 d’un manga, sans les tomes suivants. Malheureusement, le capitalisme fait des dégâts (“on ne vous traduira le reste que si ça marche et en même temps on ne mettra pas les moyens dans la promotion”). Il n’y a pas grand chose qu’une fan lambda puisse faire.

TitreSVOD en FranceEdition physique (Blu-Ray/DVD) en France
Free! Saison 1
FrFr! Short Movies (OAVs S1)
Free! Eternal Summer (S2)
Free! Eternal Summer – Special
High Speed! – Free! Starting Days
Free! Timeless Medley – the Bond
Free! Timeless Medley – the Promise
Free! Take Your Marks
Free! Dive to the Future – Episode 0
Free! Dive to the Future
Free! Road to the world – the Dream
Free! the Final Stroke – Partie 1
Free! the Final Stroke – Partie 2

(A noter que les titres ci-dessus ont tous été édités en Blu-Ray dans le monde anglophone et germanophone. Par ailleurs, sur Crunchyroll US, tous les titres – sauf les OAVS, exclusivités Blu-Ray – figurent dans leur catalogue SVOD. Qu’est-ce que Crunchyroll FR attend ? Le déluge ?)

A mon sens, il n’y a pas de vrai coupable – vous vous souvenez quand j’ai dit plus haut que j’ai appris à relativiser ? -, bien que dans mes moments les moins glorieux, j’ai bien pensé à quelques candidats. A mon avis, le problème de fond est un mélange de :

  • Mauvais choix de communication
  • Opportunités non saisies au moment où il fallait le faire
  • Une mentalité…de merde, disons le directement. A tous les niveaux. Pas seulement au niveau du traitement/perception des animes dits “joseimuke*”, mais également d’un défaitisme facile qui m’irrite.
  • Une répartition désastreuse des droits.

*josei = “femme”, muke = “à destination de”. Donc littéralement “à destination des femmes”.

Je ne me sens pas particulièrement prête à accepter cette situation, bien que j’y sois habituée, et pourquoi devrais-je ?

Je ne suis pas non plus du genre à envoyer les félicitations du jury parce que certains services diffusent aujourd’hui des séries joseimuke en simulcast et ce, sans forcément compléter les licences ni communiquer proprement dessus – nan mais sérieusement Crunchyroll, vous allez communiquer quand sur Idolish7 ? – ce qui est vraiment moins que le minimum syndical. J’observe le petit progrès, je regarde lesdites séries légalement, mais j’attends qu’il y ait un vrai travail sur les axes d’amélioration. Je le dis depuis au moins 6 ans et je le redis : les locomotives c’est bien, faire en sorte d’élargir son public pour anticiper la disparition des locomotives, c’est mieux.


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Alors, je peux être perçue comme une “forceuse” qui se berce d’illusions, qui devrait laisser tomber et avoir une vie. De un : j’ai une vie et je m’intéresse aussi à beaucoup d’autres choses, ne vous inquiétez pas. De deux : je suis une fan, je soutiens ce que j’aime. De plus, je ne vais pas me rabaisser en le faisant. Certes, aujourd’hui il s’agit de licences de niche dans nos contrées – pas au Japon, où elles rapportent beaucoup – mais enfin, réveillez-vous, même l’animation japonaise dans son entier était considérée “de niche” pendant un temps. Si on continue de laisser faire, rien ne changera.

Prenons un exemple avec les shôjo en France (coucou #libérezlesshôjo) :

A votre humble avis, quelle stratégie appliquée par nos éditeurs paie vraiment à long terme ?

  • Subir les erreurs de ses prédécesseurs. Et donc continuer à alimenter les préjugés sur les shôjo en évitant d’acquérir certaines licences parce que “ça marchera pas ici”, changer la cible éditoriale des shôjo effectivement acquis et faire preuve d’une absence de communication spectaculaire sur les titres shôjo publiés en tant que shôjo pour ensuite dire “ça marche pas”.

ou

  • Remettre les choses au clair haut et fort, garder les cibles éditoriales et soutenir ses titres shôjo jusqu’au bout parce que, surprise, si on acquiert une licence, il faut faire son maximum pour la rentabiliser.

Malgré tout, je sais reconnaître les efforts. Je tiens d’ailleurs à remercier All The Anime France d’avoir donné une seconde chance à la franchise en sortant Free! Final Stroke – Parties 1 & 2 en éditions physiques. J’insiste sur ce point, car personne ne vous enlèvera votre Blu-Ray. Alors qu’en streaming, vous dépendez du bon vouloir et de la bonne santé du service concerné.

J’ai envie d’espérer qu’ils ne vont pas s’arrêter là, et que les titres manquants suivront et ce, sans trop de soucis d’ordre juridique. Voire même qu’une plateforme décidera d’acquérir toute la franchise en SVOD. Seul le temps nous le dira…

LE MOT DE LA FIN

Tout a commencé par une illustration dans un magazine et mon affection pour les sorties à la piscine. Et cela a provoqué un effet domino sur le reste de ma vie. Cette chronique fût extrêmement longue et je n’ai pas donné tous les détails (ce sera pour mes mémoires…).

Est-ce que la franchise va continuer ? Bonne question. Kôhei Okamura, directeur de l’animation sur les films post-2019, qualifiait Free! Final Stroke – Partie 2 de “fin de l’histoire de Haru et ses amis”. En même temps, les concerts symphoniques de 2025 ont pour sous-titre “Starting point for a new journey“. Cela se traduirait par “point de départ pour un nouveau voyage”, ce qui est assez suspect, je le conçois. Cependant, je ne travaille pas chez Kyoto Animation, je ne peux pas connaître leurs plans.

Est-ce que le forcing continue ? Oui. Car c’est ma manière de contribuer à garder la franchise en vie et d’honorer les artistes qui ont travaillé dur pour nous apporter du réconfort, certains que je ne pourrai jamais remercier en face-à-face. De plus, comme dirait un ami : “qui ne tente rien…ne tente rien !”. Son détournement d’un proverbe bien connu fait comprendre qu’il vaut mieux tenter – ou continuer de tenter, dans le cas présent – plutôt que de ne rien faire.

Par ailleurs, de manière générale, je souhaite simplement apporter ma contribution au mouvement qui vise à légitimer les médias qui visent un public féminin ou, tout simplement, qui sortent du cadre classique du “issu d’un magazine shônen bien connu”.

Par contre, je n’ai ni la prétention, ni l’énergie, ni le charisme, ni l’influence, pour me positionner en “figure” de ces mouvements. Par conséquent, je préfère donner un coup de main dans mon coin en espérant que quelqu’un d’influent nous entende et décide de changer les choses. C’est peut-être mieux ainsi.

Pour conclure : du mieux que je peux, je continuerai de soutenir ces personnages et que j’ai vu grandir et qui m’ont vue grandir.

A Kyoto Animation, à Haru, Makoto, Rin et les autres :

Merci pour tout, à bientôt.

For the team. For the Future.

(et #libérezlesjoseimuke)

références

Konata Nekoyama aime

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