Je connais la taille de ses caleçons, ses plats préférés, ses manies quand il est agacé, les actrices qui lui plaisent… Je ne lui ai pas dit que j’avais pris du poids. Je me demande s’il l’a remarqué. Est-ce qu’il me comprend ? Que sait-il de moi, sinon que je suis sa femme ?
Shinkirari — Derrière le rideau, la liberté est un roman graphique paru en 1981 dans le magazine Garo au Japon. L’autrice, Murasaki Yamada, y aborde avec transparence les thèmes de son style de vie, féministe. Focus sur ce récit disponible depuis le 30 août chez Kana, à la fois sincère, intimiste et sinisant, dans un Japon du 18ᵉ siècle.
Un récit sur LES FEMMES AU JAPON
La première impératrice régnante connue est Suiko (593-628). Les impératrices furent plusieurs à se succéder jusqu’au 18ᵉ siècle avec Go-Sakuramachi. Au douzième siècle, les femmes pouvaient hériter et gérer leurs biens elles-mêmes. À l’époque Kamakura (1185-1533), beaucoup ont occupé des postes importants et avaient le choix de se marier et de divorcer librement, puis les femmes acquirent le droit de pratiquer des avortements et d’avoir des rapports sexuels consentis.
L’Ère Edo (1600-1868) fit reculer le statut des femmes avec l’introduction du confucianisme par le shogun Tokugawa. Le pouvoir impérial reprit les pensées et idées de Confucius (551-479 av. J.-C.), né en Chine dans une famille pauvre, pour en faire la doctrine politique officielle. Ainsi, d’après lui, le devoir principal de la femme était de servir son mari et ses beaux-parents, de s’occuper des tâches ménagères et de porter les enfants. Il classait les femmes au même rang que les esclaves.
À l’ère Meiji, qui correspond à l’industrialisation et l’urbanisation du Japon, pour lutter contre la montée du féminisme, une loi fut votée en 1890 pour interdire les rassemblements politiques. Il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que le droit des femmes change. Les autorités d’Occupation du Japon inclurent la clause de droits égaux dans la Constitution de 1947 du Japon. Les femmes japonaises ont le droit de voter depuis 1947. L’égalité homme-femme existe officiellement depuis 1986.
© Shinkirari Derrière le rideau , la liberté : La Femme aux Japon 2009 by Yamada Murasaki
DERRIÈRE LE RIDEAU, LA LIBERTÉ
Tout au long de l’ouvrage, plusieurs histoires courtes montrent le quotidien d’une femme au foyer qui doit s’occuper de sa famille. Inspirée par sa propre vie, Murasaki Yamada dépeint son quotidien et sa vie dans les années 80 au Japon. Elle est l’une des premières autrices dans le magazine Garo. Son titre se voit nommé aux Eisner Awards en 2023. Les différents sujets abordés sont la condition de la femme. Ensuite, cette mère au foyer veut devenir plus indépendante et s’accomplir (par le travail ainsi que moralement). Le dessin est simple et minimaliste, mais ça renforce le récit et les sentiments que l’auteur veut que ses personnages ressentent.
Puis à la fin, une biographie intitulée La vie et l’art de Murasaki Yamada par Ryan Holmberg qui revient sur sa vie, le début du manga pour les femmes, l’avancée de leurs droits… Une partie très intéressante qui permet d’en apprendre plus sur le Japon et la première mangaka qui se bat pour leurs droits. La traduction du manga est faite par Sara Correia et la postface par Jérôme Wicky.
Une belle œuvre dans laquelle l’histoire de la femme au Japon est passée au crible. Des textes poignants qui montrent le quotidien d’une mère japonaise dans les années 80, c’est aussi ce qu’a vécu la mangaka. L’évolution tout au long du récit est empreinte de tristesse et d’espoir. De magnifiques dessins accompagnent le texte.
© Shinkirari Derrière le rideau, la liberté : La Femme au Japon 2009 by Yamada Murasaki
TITRE ORIGINAL : Shinkilali
GENRE : Drame / Romance
TYPE : Seinen
PAYS : Japon
AUTEUR : Murasaki Yamada
ILLUSTRATEUR : Murasaki Yamada
ÉDITEUR ORIGINAL : Seirindo
ÉDITEUR FRANÇAIS : Kana
© Shinkirari Derrière le rideau, la liberté : La Femme aux Japon 2009 by Yamada Murasa