2112 : de la SF courte mais efficace

2112. Le futur est enfin parfait. Les voitures volent, la robotique sert les hommes dans leur quotidien, la réalité virtuelle pourvoit à tous les désirs, le clonage permet des miracles… Et la sécurité est confiée à un consortium privé, Safeguard, Inc., qui forme de jeunes talents à la préservation de l’ordre et au maintien de l’utopie. Mais cette société radieuse a inéluctablement ses côtés sombres. Dans l’ignorance de citoyens dont l’existence est consacrée à leurs divertissements, des populations de mutants, fruits de manipulations génétiques ratées et rebuts laissés à l’écart de cette société parfaite, veulent aussi leur part de lumière.

Vivant dans la peur des forces de Safeguard, Inc. et de leur plus grand agent, le sulfureux Tannen, leurs ambitions et leurs espoirs prennent forme lorsqu’ils sont peu à peu rassemblés par un chef aux pouvoirs surpuissants, enfin capable de faire changer la peur de camp. Les autorités méprisantes face à la réalité de ce danger jusqu’ici contenu avec facilité, une poignée de cadets des forces de l’ordre de Safeguard, Inc. menées par Tannen, décident d’affronter cette situation et de faire leurs preuves. Mais c’est à une armée qu’ils devront faire face…

Un John Byrne en forme

Difficile de parler de 2112 sans évoquer son auteur. John Byrne est un nom incontournable du monde des comics. Connu pour sa formidable collaboration avec Chris Claremont sur les X-Men, nous lui devons des épisodes mythiques tels que Days of the Future Past. Il a également donné certaines lettres de noblesse aux Quatre Fantastiques, à She-Hulk ou encore Namor. Artiste incontournable, il décide de quitter Marvel et de s’affranchir de l’autorité de la Maison des Idées. Il rejoint l’éditeur Dark Horse où il a une plus grande liberté de création. Il a donc pour projet de créer sa propre vision des X-Men futuriste et plus mature.

Sur 2112, l’artiste nous livre des planches avec son style si reconnaissable. Pour autant, on y retrouve ce style si représentatif des années 90 qui apporte un cachet supplémentaire. Les personnages et les décors sont soignés, avec des imperfections. Le dessinateur s’amuse en proposant des compositions dynamiques aussi bien visuellement que narrativement. Dès la première planche, il se joue de nous avec une planche représentant des dinosaures (je n’en dis pas plus).

2112 © Delirium, 2019

Un futur qui donne envie (de le lire)

Dans ce futur, New York est devenu la plus grande ville du monde. L’Amazonie a été rasée pour mettre en place des champs. Des mutants sont apparus suite à une catastrophe. Une société privée est chargée de la sécurité. Un monde qui donne sacrément envie ! Et pourtant, c’est dans celui-ci que John Byrne fait évoluer son intrigue et son nouvel univers. Indubitablement, nous nous trouvons dans un futur que nous avons l’habitude de voir : pistolets laser, voitures volantes, etc.

Cependant, la force de ce récit n’est pas la présentation de l’univers, mais ces personnages. Effectivement, John Byrne nous propose quelques esquisses de décors urbains sans grands détails. Il y en a suffisamment pour installer l’ambiance, mais trop peu pour comprendre la totalité de ce que l’auteur a en tête. Les personnages sont le cœur du récit. Si Tannen semble à première vue caricaturale et être un mix entre Robocop et Judge Dredd, les jeunes cadets (Thomas Kirkland en tête) incarnent une nouvelle génération qui tente de comprendre ce monde qui s’indigne de son fonctionnement.

2112 © Delirium, 2019

En une soixantaine de pages, seulement, Byrne réussit à écrire une histoire qui se tient, même si au final, il se passe très peu de choses lorsqu’on y pense. Encore une fois, il ne faut pas négliger l’aspect prélude de cette histoire. Les scènes d’actions dynamiques fonctionnent très bien et permettent de mettre de côté cet aspect expéditif de la narration.

2112 est un ouvrage fort sympathique qui vous fait passer un bon moment. Si les Mutants et le futur vous intéressent, cet album semble incontournable dans le but de se lancer sur la série Next Men.

2112, John Byrne © Delirium, 2019. 15€