Regretting You : Une adaptation qui manque de piquant

Morgan Grant a mis ses rêves entre parenthèses pour élever sa fille Clara. Si elles partagent un amour indéfectible, tout le reste les divise : leurs valeurs, leurs choix, leur manière d’aimer et de vivre. Morgan veut protéger Clara à tout prix, quitte à l’étouffer. Clara, elle, refuse de suivre le chemin tout tracé de sa mère et cherche à s’émanciper. Mais lorsqu’un drame brutal fait ressurgir une trahison inimaginable, le fragile équilibre qu’elles avaient construit vole en éclats. Dans ce chaos, Morgan trouve un soutien inattendu… auprès de la seule personne qu’elle tenait à distance depuis des années. De son côté, Clara se rapproche dangereusement du garçon qu’on lui a formellement interdit d’aimer. Deux chemins parallèles, deux cœurs en reconstruction, une vérité à affronter.

C’est décidément une nouvelle année en or pour les fans de Colleen Hoover ! Après Jamais Plus en 2024 chez Sony Pictures (avec Justin Baldoni à la réalisation), c’est au tour de Regretting You de voir son adaptation cinéma se concrétiser chez Paramount Pictures, avec cette fois Josh Boone à la réalisation (Les Nouveaux Mutants, Nos étoiles contraires…) et Susan McMartin au scénario (After).

Globalement intéressant dans son ensemble et porté par un casting convaincant, Regretting You, grâce à ses thématiques et ses personnages forts, saura toucher un public de curieux, mais séduira avant tout les aficionados de l’univers de Colleen Hoover.

Josh Boone mise tout dans le récit

Regretting You nous invite à suivre le récit de Morgan Grant (interprété par Allison Williams), une femme qui a mis ses rêves de côtés pour le bien de sa fille Clara, qu’elle a eu très jeune, avec son ami Chris. Se sentant étouffée avec sa mère, Clara porte un attachement sans limites pour Jenny Davidson, la sœur de sa mère, mariée à Jonah Sullivan qui est également le professeur de Clara. Alors que tout semble bien aller dans le meilleur des mondes, le monde s’arrête lorsque que Chris et Jenny se retrouvent victime d’un violent accident de la route, qui leur est fatal…

Dès lors, le ton de Regretting You change du tout au tout : nous passons des rires doux et niais familiaux au deuil et aux regrets… Mais ce n’est pas sans compter sur une vérité qui va considérablement bouleverser la donne : la découverte d’une liaison secrète entre nos deux défunts qui va tout changer et créer la discorde entre Morgan et sa fille (prix à payer pour la protéger de cette vérité entre deux êtres qu’elle aimait de tout son être).

De manière totalement objective, Regretting You est un film qui réussit à aborder ses nombreux sujets : faire face aux regrets du passé, accepter le deuil de nos êtres chers ou encore la gestion de nos premiers amours… Josh Boone et Susan McMartin (scénariste) arrivent ici à placer des problématiques et des thématiques fortes et puissantes tout en prenant le temps d’y répondre et de les résoudre pour ressortir du film sans regret ou sensation de manque ; le tout avec un naturel admirable à travers des protagonistes forts, indépendants et particulièrement humains, dans le pur respect du genre new romance.

Un récit propre, mais…

Regretting You est un long-métrage qui performe et qui mise tout dans son récit. Nous avons une narration fluide, bien que victime que quelques ventres mous au centre du film, mais qui globalement arrive à nous faire rentrer dans cet univers. Hélas, malgré la qualité d’écrire de ces derniers, nous avons un mal fou à nous attacher aux protagonistes. Nous ressentons et comprenons leur désarroi et leur mésaventure tout au long du métrage, pourtant, nous restons de marbre envers eux, malgré l’envergure du propos et la qualité non-négligeable du casting.

Et c’est malheureusement ce qui pèche le plus dans Regretting You : malgré des thématiques fortes et un récit qui à tout pour plaire, nous ne ressentons pas grand-chose. Non pas que le film ne dégage rien, nous passons un bon moment, mais rien n’y faire, rien ne sort… Et c’est sûrement ce qui nous a le plus peiné en sortant de la projection. Mais nul doute que Regretting You saura toucher, sans problème, un large public, bien qu’il résonnera d’autant plus chez les amateurs de l’univers de Colleen Hoover.

À lire aussi : Renoir : Un récit d’enfance touchant et bouleversant

Une réalisation qui manque d’audace

Outre la beauté de ses décors et la qualité de sa bande originale, Regretting You ne se démarque pas spécialement par sa réalisation, qui est, disons-le, plutôt neutre dans l’ensemble. On reste sur un long-métrage qui n’a ici pas vocation à saisir le spectateur à travers une cinématographie recherchée, pointue ou audacieuse. Heureusement, le film arrive quand même à nous offrir des plans visuellement réussis grâce à une colorimétrie à la fois lumineuse et solaire, bourrée de bonnes idées, retranscrivant de façon plus vivante les émotions de nos personnages à l’instant T.

Josh Boone se concentre ici plus sur l’aspect scénaristique que cinématographique, jouant parfois en sa défaveur à travers mise en scène au rendu bien trop lisse et standardisé (ne rendant hélas pas hommage à la new romance, dont le genre est pourtant porté par des protagonistes libérés et cassant les clichés…). Et c’est peut-être ici l’une de nos plus grandes déceptions, cette mise en scène bien trop légère qui désert les intérêts des sujets forts abordés par Colleen Hoover.

Néanmoins, on apprécie la qualité du casting, qui est convaincant et qui donne vie avec brio aux personnages imaginés par Colleen Hoover. On pense notamment à Allison Williams qui performe dans le rôle de Morgan Grant ou encore Mckenna Grace absolument éblouissante en Clara Grant. De leur côté, Dave Franco et Mason Thames se débrouillent respectivement plutôt pas mal dans les rôles Jonah Sullivan et Miller Adams. Un casting qui, à nos yeux, réussi à porter cette adaptation du creux de ses mains et à rendre vivant le récit de la célèbre écrivaine américaine.

Avec Regretting You, Josh Boone signe une adaptation du roman éponyme de Colleen Hoover assez intéressante, mais qui, hélas, manque de piquant et d’audace. Narrativement, le long-métrage réussi à exploiter l’ensemble des sujets abordés par l’écrivaine à travers un casting particulièrement convaincant, mais qui ne nous fait rien ressentir ; on reste de marbre tout du long, malgré les enjeux et les thématiques fortes abordés par le film. Néanmoins, on regrettera une réalisation et une mise en scène qui manquent cruellement d’audace, malgré une photographie particulièrement solaire et lumineuse.