En 2075, une petite fille de 10 ans, Iris, voit un mystérieux garçon vêtu d’une combinaison arc-en-ciel tomber du ciel. C’est Arco. Il vient d’un futur lointain et idyllique où voyager dans le temps est possible. Iris le recueille et va l’aider par tous les moyens à rentrer chez lui.
Un rêve d’enfant dans le fracas du futur
Dès sa première image, Arco s’impose comme un mirage apaisant dans un paysage d’animation saturé de prouesses techniques. Ugo Bienvenu, auteur, illustrateur et cinéaste, signe ici un premier long-métrage d’une élégance rare, à mi-chemin entre conte futuriste et fable écologique.
En 2075, Iris recueille un mystérieux garçon tombé du ciel. Il porte une combinaison arc-en-ciel et cherche désespérément à rentrer chez lui. Ensemble, ils traversent un monde que la technologie a vidé de son humanité. C’est simple, limpide, presque naïf : une petite fille et un enfant venu d’ailleurs, à la recherche du bon endroit ou du bon temps.

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Un artisanat retrouvé
À une époque où la 3D et l’intelligence artificielle uniformisent les images, Ugo Bienvenu revient à la source : le dessin à la main. Tout, ou presque, est réalisé en animation 2D traditionnelle : chaque trait, chaque émotion, chaque flamme d’incendie redessinée par les animateurs du studio Remembers à Paris. Quelques bases 3D têtes ou architectures servent d’appui avant d’être repassées au crayon. Loin d’un simple effet rétro, c’est un acte de foi : Arco célèbre la vibration du trait imparfait, la trace humaine dans le flux numérique… Le résultat est bouleversant. Les textures respirent, les couleurs ondulent, les visages tremblent juste ce qu’il faut. On pense à Miyazaki, à Don Bluth, à cette idée que le dessin n’imite pas le réel : il le rêve.
Entre lumière et lucidité
Arco n’est pas un film d’évasion. Sous ses airs d’utopie chromatique, il abrite un récit profondément contemporain. Iris vit dans un monde où les parents holographiques remplacent la présence, où l’école enseigne le Big Bang à des enfants qui ne regardent plus le ciel. L’arc-en-ciel devient symbole : le lien entre les mondes, entre la matière et la mémoire, entre l’humain et ce qu’il perd. Ugo Bienvenu ne moralise jamais. Il observe doucement les dérives du progrès : les maisons sous cloche, la technologie comme béquille affective, le confort qui isole. Arco ne condamne pas la modernité ; il lui redonne une âme, une lumière, un battement de cœur.

Le souffle d’une enfance éternelle
À la manière d’un conte initiatique, le film questionne la transmission : ce que l’on garde, ce que l’on oublie. Les enfants y portent l’espoir, mais un espoir lucide : celui qui admet la perte pour mieux la dépasser.
Ugo Bienvenu, devenu père durant la production, infuse dans chaque plan une tendresse discrète, un rapport au dessin comme acte de filiation. Le monde d’Iris et celui d’Arco ne sont pas opposés : ils se répondent. Là où l’un s’effondre, l’autre recommence. C’est dans ce dialogue que le film trouve sa beauté : croire à nouveau en l’imperfection, à l’instar d’un dessin d’enfant qui vacille, mais qui existe.

Quelques ombres sous le spectre
Tout n’est pas aussi lumineux que ses couleurs. Arco trébuche parfois sur son rythme, et certaines scènes secondaires manquent d’ampleur. Mais là où d’autres œuvres s’effondreraient sous leur gravité, Ugo Bienvenu choisit d’aérer son récit à travers un trio aussi loufoque qu’attachant, rappelant les Totally Spies en version masculine. Leur présence apporte une respiration bienvenue, un humour tendre qui contraste sans rompre la poésie du film. Ces imperfections assumées, ces variations de ton, participent à ce qui fait la beauté d’Arco : un film qui respire, hésite, tâtonne, comme s’il se dessinait sous nos yeux.

Tel un éclat d’humanité sous la pluie, Arco s’impose comme une œuvre précieuse, sincère et lumineuse. Ugo Bienvenu signe un premier long-métrage à la fois tendre et lucide, où chaque trait semble respirer la foi en l’humain. Si le récit manque parfois d’amplitude et trébuche sur quelques transitions, il compense largement par sa beauté plastique et la douceur de son regard. On ressort d’Arco avec le sentiment d’avoir vu un film qui ne cherche pas à plaire, mais à partager un film qui croit encore aux dessins, aux enfants et aux couleurs capables de guérir le gris du monde. Une fable sincère, imparfaite et essentielle, comme un arc-en-ciel après l’orage. À voir en famille !
TITRE ORIGINAL : Arco
GENRE : Aventure et Science-Fiction
TECHNIQUE : Ordinateur 2D
DURÉE : 1h28
PAYS : France
DATE DE SORTIE FR : 22 octobre 2025
RÉALISATION : Ugo Bienvenu
SCÉNARIO : Ugo Bienvenu et Félix de Givry
AVEC : Swann Arlaud, Alma Jodorowsky, Margot Ringard Oldra, Oscar Tresanini, Vincent Macaigne, Louis Garrel, William Lebghil et Oxmo Puccino
PRODUCTION : Remembers, MountainA
DISTRIBUTEUR FR : Diaphana Distribution








