Reflet dans un diamant mort : Trip sous acide (très) spécial

Suite à la disparition soudaine de sa voisine de chambre, un ancien agent secret, reclus dans un palace de la Côte d’Azur, s’imagine que ses ennemis jurés refont surface. Surtout la redoutable Serpentik, qu’il n’a jamais réussi à démasquer. Oscillant entre présent et passé, il remonte le film de sa vie, au risque de découvrir qu’il n’y tenait pas forcément le meilleur rôle. Et que les diamants sont loin d’être éternels…

Après leurs précédents longs-métrages Amer (2009) ou encore Laissez bronzer les cadavres (2016), le duo belge Hélène Cattet et Bruno Forzani nous revient avec leur nouveau trip psychédélique, du nom de Reflet dans un diamant mort. Les cinéastes nous invitent au cœur de la Côte d’Azur avec un Fabio Testi puissant et tourmenté, dans la peau d’un agent secret (presque) à la retraite.

Entre les James Bond de Sean Connery et l’esthétique narrative d’un regretté Satoshi Kon, focus sur un long-métrage, qui, dans la lignée des œuvres d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, nous invite à nous maintenir dans notre fauteuil et à nous laisser porter dans cet OVNI cinématographique tripant, où s’entremêlent passé et présent.


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Quand le concept même de « récit » est remis en question

Serpentik en action (Reflet dans un diamant mort).
Serpentik en action (Reflet dans un diamant mort).

Disons-le tout de suite, ne vous attendez pas à un récit linéaire… Ni même à une histoire à proprement parler. Jonglant entre passé et présent, fantasme et réalité… Reflet dans un diamant mort nous emporte dans une expérience cinématographique quasiment hallucinatoire, où nous sommes plongés au cœur d’un film d’espionnage des années 60, qui part en roue libre. Nous suivons ainsi un ex-agent reclus, du nom de John D. Véritable parodie vivante d’un Sean Connery, notre protagoniste se retrouve plongé dans une spirale infernale aux allures de mission où les anciens ennemis de notre agent refont surface (ou non ?), notamment la redoutable Serpentik, qu’il n’a jamais réussi à démasquer.

Mais qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Est-ce que tout ceci est bien réel ou alors n’est-ce qu’une illusion (dans une illusion-même ?). Tant de questions que le spectateur sera amené à se poser tout le long de cette expérience cinématographique, où le concept même de « récit » est remis en question, entre parodie et pastiche volontairement kitsch à l’eurospy, et mise en abyme absurde et expérimentale. Point fort comme un point faible (par certains moments), Reflet dans un diamant mort n’a pas vocation à une finalité propre. Le film plaira sans aucun doute au plus cinéphiles et amateurs du genre, mais ne sera clairement pas la tasse de thé de Monsieur et Madame Tout-le-monde. Mais pour peu qu’on souhaite se plonger dans une nouvelle dimension d’expérience cinématographique, Hélène Cattet et Bruno Forzani sauront vous accueillir ici, à bras ouverts.

Diamants ALL AT ONCE

Gardez toujours un oeil sur le diamant (Reflet dans un diamant mort).
Gardez toujours un œil sur le diamant (Reflet dans un diamant mort).

Oui, vous ne comprendrez rien, mais vous allez quand même kiffer. Bienvenue dans l’op art ; l’art de l’illusion et de l’abstrait. Vous aimez l’op art, alors vous allez aimer ce film. La force de Reflet dans un diamant mort réside inexorablement dans son esthétique visuelle et sensorielle, dans laquelle notre protagoniste comme le spectateur sont plongés dans une perte de repères aussi violente qu’époustouflante. Tel un trip sous acide, où s’entrechoquent les genres et les effets de style.

Outre les magnifiques décors de la Côte d’Azur, le film vous frappe par son côté kaléidoscopique, où se mélangent avec un dynamisme frénétique les diamants éternels (élément central du film), qui s’amusent à refléter simultanément, et dans différentes directions, les multiples lectures de cette œuvre. Nous ne sommes pas dans un multivers, certes, mais les amateurs d’Everything Everywhere All at Once, de Satoshi Kon ou encore de Mœbius sauront y trouver leur compte d’une manière ou d’une autre. Bien sûr, il est toujours intéressant de voir et de revoir ce film, pour en saisir toutes les subtilités et les détails cachés ; aussi bien dans la lecture du récit que dans la beauté de ses plans.

UNE Mise en scène riche et Créative

On va faire la barage (Reflet dans un diamant mort).
On va faire la bagarre (Reflet dans un diamant mort).

Du côté de la réalisation, Reflet dans un diamant mort n’est pas en reste. Comme évoqué plus haut, le film est une véritable bombe visuelle. À l’image du scénario, la mise en scène est elle-même bourrée de bonnes idées et de références qui marchent. Partisans des effets pratiques, Hélène Cattet et Bruno Forzani nous livrent des séquences authentiques où le fait main des effets et l’utilisation des décors, au service de la narration et de la caractérisation des personnages, contribuent au kitsch et à la sincérité du film. On pense également aux scènes de combats (notamment de Serpentik), qui nous rappellent l’excentricité d’un Kingsman ou encore d’un Kill Bill.

Outre les effets visuels et de mise en scène, les accessoires sont tout aussi charismatiques. On pense particulièrement à la robe miroir (iconique de l’op art) d’Amanda, la partenaire de notre John D. Une robe signée Paco Rabanne, qui se révèle être un gadget mortel, particulièrement badass. Côté gadget, nous pensons aussi aux accessoires de John D. aussi badass qu’excentriques. Le tout, dans le pur respect des films d’espionnage des années 60/70. Un régal !

Pour rester sur le visuel du film, impossible de ne pas évoquer sa patte visuelle. Hélène Cattet et Bruno Forzani s’imprègnent avec brio de l’esthétique des films d’espionnage d’époque. De la colorimétrique à l’ambiance authentique de l’europsy, Reflet dans un diamant mort redonne vie à ce genre de cinéma en l’espace d’une heure et demie. L’aspect du grain de pellicule, en supplément.

Un casting qui frappe fort

Côté casting, le film est porté par l’excellent Fabio Testi dans le rôle de John D. (vieux) et Yannick Renier, dans le rôle de John D. (jeune). Les deux comédiens arrivent parfaitement à créer une cohésion et à rendre crédible John D. à travers ces deux époques (presque) éloignées. On adore également le côté piquant de Céline Camara, dans le rôle d’Amanda. Et bien sûr… Impossible de résister à la puissance de l’inarrêtable et mystérieuse Serpentik, aux nombreux visages (Thi Mai Nguyen, Barbara Hellemans…). Une œuvre étrange, mais à découvrir !

La robe fatale d'Amanda (Reflet dans un diamant mort).
La robe fatale d’Amanda (Reflet dans un diamant mort).

Particulièrement étrange et porté par un style bien à lui, Reflet dans un diamant mort est un pur trip sous acide (de cinéma). Avec un effet kaléidoscopique, Hélène Cattet et Bruno Forzani s’amusent à jongler entre fantasme et réalité, passé et présent, dans cette expérience de cinéma aussi étrange que jubilatoire. D’une folie visuelle, narrative et sensorielle, ce long-métrage dans lequel la finalité n’est qu’un prétexte pour nous offrir un récit aux multiples reflets (de diamant). Pur objet d’op art, vous n’allez rien comprendre, mais vous allez en redemander !

TITRE ORIGINAL : Reflet dans un diamant mort
GENRE : Action et thriller
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h27
PAYS : Belgique, Luxembourg, Italie et France
DATE DE SORTIE FR : 25 juin 2025
RÉALISATION : Hélène Cattet et Bruno Forzani
SCÉNARIO : Hélène Cattet et Bruno Forzani
AVEC : Fabio Testi, Yannick Renier, Koen De Bouw, Maria de Medeiros et Thi Mai Nguyen
PRODUCTION : Kozak Films
DISTRIBUTEUR FR : UFO Distribution

Article coécrit par Jojo Tout Cour et Yohan Ledoré.

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