5 septembre nous replonge dans l’événement qui a changé le monde des médias à jamais et qui continue de résonner à l’heure où l’information, le direct et la maîtrise de l’antenne reste l’objet de nombreux débats. Le film se déroule lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l’époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier. Au cœur de l’histoire, l’ambitieux jeune producteur Geoff veut faire ses preuves auprès de Roone Arledge, son patron et légendaire directeur de télévision. Avec sa collègue et interprète allemande Marianne, son mentor Marvin Bader, Geoff va se retrouver confronté aux dilemmes de l’information en continu et de la moralité.
Après Hell en 2011 ou encore Tides en 2021, le cinéaste suisse Tim Fehlbaum signe un long-métrage aussi puissant que marquant avec 5 septembre. Retraçant la prise d’otage la plus suivie de l’histoire de la télévision, le réalisateur revient sur cette tragédie qui a marqué l’histoire des Jeux Olympiques et du conflit israélo-arabe. Mais surtout, sur comment les équipes de la chaîne ABC ont suivi cette attaque en direct, repoussant jusqu’aux limites de la morale et de l’exercice journalistique. Focus sur ce thriller à couper le souffle, nommé aux Oscars pour le Meilleur Scénario Original, qui plaira aussi bien aux adorateurs qu’aux détracteurs du Munich de Steven Spielberg.
Jusqu’aux limites de l’éthique journalistique

Dès ses premières minutes, 5 septembre nous plonge au cœur des Jeux Olympiques de Munich, et son ambiance d’une Allemagne renaissante, orientée vers l’avenir et souhaitant effacer l’image des Jeux controversés et politique de l’Allemagne Nazi de 1936. Mais derrière les images émouvantes et enthousiasmantes des sportifs se surpassant, un côté politique reste toujours, malgré tout, omniprésent. Nous sommes ainsi plongés dans la régie temporaire de la chaîne américaine ABC, la première chaîne au monde qui couvre les célébrations en direct, dans le monde entier ; une première technologique accompagnée d’un dispositif encore inédit à l’époque.
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Presque à la manière d’un documentaire immersif, nous suivons le jeune producteur Geoffrey Mason (John Magaro), se retrouvant, malgré-lui, à la tête de la couverture médiatique de la prise d’otage de la délégation israélienne par le commando palestinien, Septembre noir, qui fera entrer ABC dans l’histoire. Entre improvisation technique, guerre de fréquence et investigation à haut risque en direct, 5 septembre nous entraîne avec brio dans les coulisses à haute tension d’une équipe de journalistes sportifs, sous pression, coincés entre leur morale et les limites de l’éthique journalistique… Entre montrer aux spectateurs l’histoire de ces otages ou raconter et montrer, jusqu’aux limites du voyeurisme, l’horreur qui se déroule à quelques centaines de mètres d’eux, au risque de devenir eux-mêmes l’histoire.
Tim Fehlbaum signe le thriller de l’année

À la fois, fiction aux allures de documentaire et hommage aux victimes, le film de Tim Fehlbaum nous tient en haleine tout du long. Le cinéaste arrive à faire tenir une histoire aussi dense en l’espace d’une heure et demie à travers une structure narrative qui tient la route et une mise en scène claire et extrêmement soignée. Le tout, en mélangeant ingénieusement des images d’archives authentiques et reconstitutions d’époque. 5 septembre est ainsi un thriller choc, en nous décrivant l’horreur de cette affaire, sans pour autant jamais nous la montrer directement. Un savoir-faire technique et narratif qui fait toute la puissance du long-métrage.
Avec 5 septembre, Tim Fehlbaum signe définitivement l’un des meilleurs thrillers à huis clos de l’année. À travers une réalisation dynamique et nerveuse, le film ne nous laisse pas une seconde de répit. Le casting est également très convaincant, notamment John Magaro, interprétant avec brio le jeune Geoffrey Mason. Ou encore Leonie Benesch dans le rôle de Marianne Gebhardt, une jeune interprète anglo-allemande, habitée d’un sang-froid à toute épreuve… À l’heure d’aujourd’hui, où l’information se propage à toute vitesse d’un peu partout, nul doute que 5 septembre a le mérite de nous rappeler la puissance médiatique du terrorisme de cette époque à nos jours ; et le traitement initial de l’information à grande échelle, à savoir, le défi que cela a engendré à une époque où les moyens techniques (caméras, régie…) n’étaient pas aussi flexibles qu’aujourd’hui, où nous pouvons capturer l’actualité à l’aide d’un simple smartphone et un tweet.

Avec 5 septembre, le cinéaste Tim Fehlbaum signe un thriller choc qui nous ouvre les coulisses de la couverture médiatique de la prise d’otage qui a marqué les Jeux Olympiques de Munich de 1972. Dynamique, nerveux et porté par une réalisation qui nous prend en haleine tout du long, 5 septembre nous démontre avec brio, comment les équipes d’ABC, sous pression, ont repoussé les limites de la morale, du voyeurisme et surtout de l’éthique journalistique, pour ainsi raconter et suivre en direct, l’histoire qui les fera rentrer dans l’histoire de la télévision.
TITRE ORIGINAL : September 5
GENRE : Drame
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h35
PAYS : Allemagne et États-Unis
DATE DE SORTIE FR : 5 février 2025
RÉALISATION : Tim Fehlbaum
SCÉNARIO : Moritz Binder et Tim Fehlbaum
AVEC : Peter Sarsgaard, John Magaro et Ben Chaplin
PRODUCTION : BerghausWöbke Filmproduktion, Projected Picture Works, Constantin Film et ERF Filmproduktions
DISTRIBUTEUR FR : Paramount Pictures
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