Eephus – Le Dernier tour de piste : Un tir anormalement lent

Alors qu’un projet de construction menace leur terrain de baseball adoré, deux équipes amatrices d’une petite ville de la Nouvelle-Angleterre s’affrontent pour la dernière fois. Face à cet avenir incertain, les tensions et les rires s’exacerbent, annonçant la fin d’une ère de camaraderie.

Avec Eephus, le cinéaste Carson Lund nous entraîne au cœur de la Nouvelle-Angleterre pour un match de baseball. Mais plus qu’un simple match, Eephus nous plonge dans le dernier tour de piste d’un groupe d’adultes passionnés, rattrapés par la vie, mais prêts à tout pour honorer et conclure dignement leur ère de camaraderie, avant de voir leur terrain de jeu détruit. Un film sincère et poétique à sa manière, qui parlera aux amateurs, mais qui risque de laisser les autres sur le banc de touche.

Eephus, ou un tir anormalement lent

Le saviez-vous ? Dans le langage du baseball, un Eephus (ou une balle Eephus), désigne un type de tir de balle particulièrement lent. Un art maîtrisé par quelques rares joueurs, caractérisé par sa longue courbe, ayant pour seul intérêt de provoquer l’effet de surprise chez le lanceur adverse. On ne peut trouver meilleure description pour présenter le long-métrage de Carson Lund. Surprenant, lent et poétique à sa manière… Eephus suit le dernier match d’un club de baseball, avec, sur le terrain, les Riverdogs contre les Adlers’Paint. Nous suivons ainsi le début d’une dernière journée marquée par la passion, entre les joueurs rattrapés par leurs responsabilités et les amateurs, spectateurs, entre la jeunesse abasourdie, mais intriguée, et les passionnées de longue date… Eephus est un long-métrage qui célèbre le baseball et tout ce qui en fait une tradition, voire une religion.

Hélas, bien que le film soit porté par un florilège de protagonistes (parfois à s’y perdre) attachants, Eephus est un film qui ne séduira que les amateurs dudit sport, et laissera les autres sur le banc de touche. Bien que porté par une certaine synergie partagée entre les joueurs et les divers spectateurs fugaces de ce match (le food-truck, les enfants curieux, femmes des joueurs, etc.), Eephus est un film dans lequel nous avons beaucoup de mal à entrer, malgré les émotions que nous arrivons à ressentir vis-à-vis de ces hommes vivant la fin de leur ère de camaraderie, et ce, jusqu’au-delà du dernier carat de la journée. Il n’en reste pas moins un film profond et mélancolique, porté par des personnages sincères et authentiques.

Eephus, un film de Carson Lund.
Eephus, un film de Carson Lund.

Une balle rattrapée par sa réalisation

À défaut de sa narration, la force d’Eephus se trouve davantage dans sa réalisation. Le film nous offre de très beaux plans dans son ensemble, en virevoltant entre les joueurs et les spectateurs de façon fluide. Les cadres de Greg Tango (directeur de la photographie) nous offrent des compositions très agréables et exploitent à merveille ce “huis clos” extérieur. Bien sûr, bien que le montage possède de nombreuses qualités, notamment à travers sa direction artistique, il ne réussit néanmoins pas à rendre le long-métrage plus accessible, comme s’il manquait ce petit quelque chose pour le rendre plus attrayant et dynamique.

Du côté de la musique, bien que très secondaire, on se laisse porter par les agréables morceaux de Carson Lund et Erik Lund. Madeleine de Proust pour certains, long moment d’ennui pour d’autres ; Eephus, bien que long-métrage très pointu, saura quand même trouver sa place dans le cœur des amateurs.

Avec Eephus, Carson Lund signe un long-métrage particulièrement pointu. Assez lent et trop technique dans son ensemble, le film ne réussit pas à nous toucher ou à nous plonger complètement dans son univers de passionné. Ode au baseball et à tout ce qu’il l’entoure, Eephus touchera les férus de la pratique… Mais, laissera, hélas, les moins familiers sur le banc de touche.

TITRE ORIGINAL : Eephus
GENRE : Drame
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h38
PAYS : États-Unis
DATE DE SORTIE FR : 1ᵉʳ janvier 2025
RÉALISATION : Carson Lund
SCÉNARIO : Carson Lund, Michael Basta et Nate Fisher
AVEC : Keith William Richards, Cliff Blake, Ray Hryb et Stephen Radochia
PRODUCTION : Omnes Films et Nord-Ouest Films
DISTRIBUTEUR FR : Capricci

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