Le Seigneur des Anneaux – La Guerre des Rohirrim : L’épopée animée de Helm Poing-de-Marteau

Toute la Terre du Milieu connaît la légende de la Guerre de l’Anneau, mais près de 200 ans plus tôt, une autre histoire, plus ancienne, a eu lieu… Situé 183 ans avant les événements de la trilogie de Peter Jackson, ce nouveau chapitre s’attache à la Maison de Helm Poing-de-Marteau, roi légendaire de Rohan. Lorsque Wulf, seigneur intelligent et cruel, s’en prend soudainement à Rohan pour se venger de la mort de son père, Helm et son peuple se réfugient dans l’ancien bastion des Hornburg – puissante forteresse rebaptisée par la suite Gouffre de Helm – pour opposer une farouche résistance à l’assaillant. Acculée, Héra, fille de Helm, doit trouver en elle la volonté de mener la résistance face à un ennemi redoutable, déterminé à anéantir son peuple.

En l’an de grâce 2024, Warner Bros. Pictures offre aux fans du Seigneur des Anneaux un nouveau long-métrage qui leur réouvre les portes de la Terre du Milieu. Mais ici, pas de Bilbo et d’Anneaux (du moins, pas encore). En effet, ce nouveau récit signé Jeffrey Addis, Will Matthews et Philippa Boyens nous entraîne 200 ans plus tôt, et nous conte l’histoire de la Maison de Helm Poing-de-Marteau et de sa terrible guerre contre le seigneur Wulf, dans ce nouveau chapitre sobrement appelé… La Guerre des Rohirrim.

Contrairement aux autres adaptations de l’univers de J.R.R Tolkien en prises de vues réelles – et en film d’animation “à l’américaine” en 1978 -, La Guerre des Rohirrim fait l’audacieux pari de l’animation japonaise. Avec Kenji Kamiyama aux commandes en tant que réalisateur (Hirune Hime, Ghost in the Shell: Stand Alone Complex) et animé par le studio Sola Entertainment, ce long-métrage, certes non inoubliable, nous offre néanmoins un agréable moment de cinéma. Bien que bel hommage à l’œuvre de Tolkien, nous pensons cependant qu’il divisera radicalement les fans de la saga éponyme.

L’histoire d’un récit oublié

Comme raconté par la narratrice de cette histoire, Miranda Otto (oui, oui, Eowyn, donc !), La Guerre des Rohirrim prend ici place 200 ans avant les événements du Hobbit. C’est un avantage conséquent ici, car, à l’exception de quelques références et éléments de continuité très simples, les néophytes arriveront donc à trouver leur compte et à prendre plaisir à suivre cette histoire qui se souhaite indépendante. Néanmoins, le film souffre de quelques longueurs. En effet, il faut savoir remplir les 2h15 de film… La Guerre des Rohirrim arrive quand même à remplir sa mission, même si on sent ses quelques longueurs et éléments superflus au sein du récit.

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La narration arrive à rester prenante et à nous accrocher, notamment grâce à la force de ses personnages. On pense spécialement à la relation Héra et Wulf et son désir de vengeance, bien qu’on regrette que leur backstory ne soit pas plus exploitée, nous permettant ainsi de mieux saisir les enjeux sentimentaux de l’antagoniste. On pense également à encore l’ego de Freca (le père de Wulf) et Helm Poing-de-Marteau, déclencheur de cette guerre, qui va inévitablement entraîner la fin du règne de Helm. De cette façon, le récit nous offre un point de vue intéressant sur la notion de karma, puisque la perte de certains personnages est précisément entraînée par ces personnages eux-mêmes.

Un film qui aurait gagné à être plus audacieux

Du côté de la réalisation, Kenji Kamiyama nous livre un film très agréable. Son travail est globalement audacieux à travers sa mise en scène assez soignée, surtout avec ses plans et mouvements de caméra très mouvants (notamment alors des séquences d’action) et grandiloquents. Cela dit, La Guerre des Rohirrim ne se démarque, malgré tout, pas forcément par sa qualité visuelle. En effet, le film souffre d’un planning de production serré (préproduction lancée en 2021), ayant pour cause une animation générale assez classique et une 3D particulièrement visible sur certaines scènes. Chose assez triste pour un film Seigneur des Anneaux, qui aurait gagné à prendre plus de temps pour soigner certains passages. En ce qui concerne ces derniers, les rendus semblent parfois rushés.

Néanmoins, le film de Kenji Kamiyama nous fait sourire par la qualité d’un chara-design soigné et passionné au service de personnages forts et attachants, ainsi que par la qualité d’une bande originale merveilleuse signée Stephen Gallagher. Celle-ci est accompagnée des morceaux originaux et mythiques d’Howard Shore, qu’on prend un réel plaisir à retrouver. À l’image de Rick and Morty: The Anime, paru en août dernier sur Adult Swim, nul doute que cette tentative d’adaptation animée dans l’univers du Seigneur des Anneaux démontre d’une envie de Warner Bros. de continuer à adapter ses franchises cultes à la sauce animation japonaise pour le mieux.

Avec La Guerre des Rohirrim, Kenji Kamiyama nous offre un long-métrage agréable, mais pas inoubliable non plus. En effet, un film d’animation Seigneur des Anneaux aurait gagné à être plus ambitieux, notamment sur son aspect visuel et narratif. Néamoins, la force de La Guerre des Rohirrim siège dans la grandeur de ses personnages, découpage épique porté par Kamiyama, la qualité de sa bande-originale et surtout, le fait que même les néophytes inconnus de la saga d’origine puissent y trouver leur compte.