Sur un fil : Rire pour vivre

Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de “Nez Pour Rire”. Vite – peut-être trop vite – entrée dans l’association, elle se retrouve à l’hôpital au contact des enfants, des malades, des soignants et des familles, à qui ces clowns tentent inlassablement d’apporter de la joie et du réconfort.

Reda Kateb n’en est pas à son premier coup d’essai en réalisation puisqu’il est derrière le court-métrage Pitchoune, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2015. Cette année, il se lance dans son premier long-métrage Sur un fil, librement inspiré du journal de bord de Caroline Simonds, fondatrice du Rire médecin, intitulé Le rire médecin : Journal du Docteur Girafe et qui décrit le quotidien des clowns hospitaliers.

LE RING DE LA VIE

Tout d’abord, les choix de cadrage et montage dans les deux “vies” de Jo établissent un parallèle qui appuie la thèse du film dès le début. En effet, que Jo soit en pleine préparation pour un spectacle d’acrobatie ou pour jouer le clown “Zouzou”, elle est filmée comme une boxeuse sur le point de faire son entrée sur un ring.

En effet, dans les deux cas, il s’agit d’activité vitale pour nous en tant qu’humains :
— Les acrobates du cirque nous apportent une échappatoire au quotidien tout en prenant des risques pour leur propre sécurité. La preuve avec Jo, acrobate accomplie, victime d’un accident en plein spectacle.
— Les clowns d’hôpitaux remontent le moral des patient.e.s et du personnel hospitalier dans un environnement dans lequel ils ne sont pas vraiment disposés à rire.

Enfin, ajoutons à cela les performances tout en justesse des acteurs – eux-mêmes clowns professionnels dans la vraie vie pour certain.e.s, le décor délibérément chaleureux de l’hôpital (dessins, guirlandes…etc) et nous obtenons un environnement qui place l’enfant au centre de tout.

TOUT POUR LES ENFANTS

Si, effectivement, le film suit en partie Jo dans son récit initiatique, il est clair que le propos “tout pour les enfants” tient tout son sens via son développement et notamment via le temps passé avec le personnage de Yacine, avec lequel Jo/Zouzou se lie d’amitié, contribuant à lui sauver la vie.

Nous souhaitons d’ailleurs donner une mention spéciale à Massil Imine, véritable révélation dans son rôle de Yacine, enfant atteint de leucémie qui arrive malgré les difficultés à garder une certaine joie de vivre grâce au soutien de l’équipe formée par son père, Jo et le personnel hospitalier. Car il s’agit d’un travail d’équipe.

En effet, chaque profession, chaque détail constitue un tout, une équipe pour accompagner l’enfant dans son traitement. Par exemple : retirez les clowns et le moral des enfants baisse. De fait, le corps s’affaiblit puisque la santé physique va de pair avec la santé mentale.

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LE RIRE MÉDECIN

L’association fictive Nez pour Rire du film est inspirée de la véritable association Le rire médecin, dont Reda Kateb est membre depuis plusieurs années. Celle-ci, fondée en 1991 en France par l’artiste américaine Caroline Simonds, “a pour mission d’apporter du rire et de la joie aux enfants hospitalisés à travers des interventions de clowns professionnels”.

Chaque année, 150 clowns professionnels effectuent environ 100 000 visites aux enfants hospitalisés au sein de 76 services pédiatriques de 19 hôpitaux. En collaboration avec les équipes soignantes et en suivant rigoureusement le code de déontologie des clowns, ils réalisent chaque semaine des spectacles improvisés et personnalisés pour chaque enfant et leur famille. Par ailleurs, comme le veut la tradition clownesque, ces prestations sont réalisées en duo.

À travers Sur un fil, le réalisateur Reda Kateb nous démontre de bout en bout que dans un environnement où la vie ne tient effectivement qu’à un fil, chaque contribution compte. Ce vibrant hommage aux héros du quotidien est à voir et à revoir.