Avril, avocate abonnée aux causes perdues, s’est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d’Avril reprennent le dessus. Commence alors un procès aussi inattendu qu’agité : le procès du chien.
Pour son premier long-métrage, Lætitia Dosch nous ouvre les portes d’un procès aussi déroutant que bouleversant avec Le Procès du Chien. Porté par un humour quasi-burlesque et une réflexion pertinente sur la condition animale, Lætitia Dosch signe un long-métrage qui a du chien !
Le procès… du chien ?
Avec Le Procès du Chien, Lætitia Dosch endosse la double casquette d’actrice-réalisatrice, plongeant dans la peau d’Avril, d’une avocate abonnée aux causes perdues. Le personnage rêve de porter les plus grandes causes et surtout de remporter sa prochaine affaire. Rêve quasi fugace jusqu’au jour où le destin la met sur le chemin de Cosmos (Kodi) et son maître Dariuch (François Damiens). Leur demande ? Défendre et sauver le pauvre toutou d’une euthanasie certaine, après avoir attaqué Loraine (Anabela Moreira), l’ex-compagne de son maître.
Alors que cela devait être une bête affaire d’un maître qui doit payer les pots cassés de son animal domestique (une histoire vite réglée), notre habituée des causes perdues va, sans le savoir, entrer dans l’Histoire. En effet, le personnage d’Avril va pointer du doigt que bien qu’un chien soit un être vivant, il est reconnu comme aux yeux de la loi comme “une chose” n’ayant pas les moyens de se défendre. Véritable casse-tête juridique, le personnage de Lætitia Dosch crée le premier procès contre un animal domestique, qui va chambouler toute la Suisse : Le Procès d’un Chien.
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Focus jusqu’aux origines de la méfiance canine
Aussi perché que fascinant, le film s’attaque aux origines de l’agressivité canine, ancrée dans l’esprit de l’adorable toutou. On s’interroge, en passant de la zone de confort du chien jusqu’à la misogynie de la race canine. Le chien est-il agressif car il s’est senti attaqué ? N’aime-t-il pas les femmes ? Un animal peut-il arbitrer lui-même sa propre défense au tribunal ? Autant de questions auxquelles Avril tente de répondre avec l’aide de Marc (Jean-Pascal Zadi), un maître-chien spécialiste du bien-être animal.
La force du film se place avant tout dans l’amitié naissante entre Avril et Cosmos. Dans un premier temps, abasourdie par cette affaire, la jeune avocate va, au fil de ses recherches, s’attacher à l’adorable toutou. Mais c’est sans compter sur la réalité de l’affaire qui divise radicalement le pays : une partie militant pour l’euthanasie de Cosmos, et l’autre, en faveur des droits de ce dernier.
Le Procès du Chien se distingue également par les séquences de procès. On navigue entre le sérieux de l’affaire et le questionnement des droits animaux. Et de l’autre, on retrouve le ton “léger” du film offert par les tentatives diverses et surtout, infructueuses pour comprendre les dires d’un animal. Il en sort des séquences folles, dignes d’un sketch de Groland. On y retrouve par exemple une table ronde entourée d’un prêtre catholique, un rabbin, d’un imam, d’un moine bouddhiste et d’un vétérinaire tentant, avec leur religion et la science, de comprendre Cosmos. Évidemment en vain !
Un film qui reste sur la terre ferme
Il serait mauvais procès de juger Le Procès du Chien comme une simple comédie loufoque. Le scénario et les situations restent cependant réalistes tout en rendant parfois aussi floue que possible la barrière avec la comédie. Le film adopte une narration et un rythme soutenu, qui ne s’éloignent jamais de l’intrigue principale. En effet, le film traite également, par l’intermédiaire de Joachim, le jeune voisin punk d’Avril, de la violence conjugale. Il ne va pourtant pas, hélas, au bout de cette intrigue secondaire.
Du côté de la réalisation, le film jouit d’une mise en scène dynamique et comique. Lætitia Dosch réussit avec efficacité son cocktail réaliste/absurde pour donner vie à cette histoire vraie. On apprécie le travail sur la lumière, notamment les couleurs chaudes utilisées pour le tribunal, mettant en avant le côté lunaire du procès, faisant ainsi contraste à merveille avec la teinte terne de l’extérieur (la réalité). Du côté des cadres, on reste sur des compositions assez classiques, même si on apprécie quelques beaux plans, comme le Je suis Cosmos ou encore la séquence dans la forêt où Avril tente de rééduquer Cosmos.
En bref, Le Procès du Chien se démarque principalement par la qualité de son récit et surtout par le message porté par ce dernier. On se laisse porter par la qualité de la mise en scène simple et efficace et bien sûr, par son casting attachant !
Avec Le Procès du Chien, Lætitia Dosch signe un premier long-métrage pertinent. Un film porté par la qualité de son récit et de son message fort. Jonglant entre la réalité d’un procès et l’absurdité de laisser un animal domestique porter sa propre défense, la cinéaste nous laisse repartir de la salle avec la question suivante : avons-nous vraiment droit de vie ou de mort sur un être vivant qui n’a pas les moyens de se défendre ? Également porté par un casting mordant, Lætitia Dosch nous offre un film qui a du chien !
TITRE ORIGINAL : Le Procès du Chien
GENRE : Comédie
TECHNIQUE : Prise de vues réelles
DURÉE : 1h25
PAYS : Suisse et France
DATE DE SORTIE FR : 11 septembre 2024
RÉALISATION : Lætitia Dosch
AVEC : Lætitia Dosch, François Damiens, Jean-Pascal Zadi, Anne Dorval et Kodi
PRODUCTION : Bande à Part Films et L’Atelier de Production
DISTRIBUTEUR FR : The Jokers Films